Ce vent frais qui circule entre Rabat et Berlin !

Ce vent frais qui circule entre Rabat et Berlin !

Par: Fatima Zahra Ouriaghli, Directeur de Publication

 

Le Maroc a suspendu tout contact avec l'Ambassade d’Allemagne dans le Royaume. La nouvelle est tombée, lundi 1er mars, comme un couperet. Les raisons de cette décision subite, qui a pris de court le monde politique, les milieux d’affaires et les observateurs avertis : les «malentendus profonds avec la République Fédérale d'Allemagne au sujet des questions fondamentales du Royaume du Maroc», explique un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. On croyait pourtant que le Maroc et l’Allemagne filaient le parfait amour.

En tout cas, sur le plan économique, on ne peut soutenir le contraire. Rien qu’en décembre dernier, plusieurs actes ont été posés par les deux pays, témoignant, si besoin est, de la solidité et de la profondeur de leurs relations économiques. Le Maroc a ainsi bénéficié d’une enveloppe de 1,387 milliard d’euros, dont 202,6 millions d’euros sous forme de dons, dans le cadre de la coopération au développement maroco-allemande.

L’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et l’institution allemande KFW ont, de leur côté, signé un contrat de 70 millions d’euros sous forme de prêt bonifié, alors que l’institution allemande Kreditanstalt für Wiederaufbau (KFW) a débloqué 80 MDH pour appuyer l’écosystème des start-up au Maroc.

Forcément, cette brouille diplomatique jette le voile sur cette coopération multiforme. Si le ministère des Affaires étrangères est resté assez évasif sur les motifs de la discorde, on ne peut cependant que déduire que «les questions fondamentales du Royaume» font référence, entre autres, au dossier du Sahara et à la souveraineté du Royaume sur ses provinces du Sud. Un sujet à propos duquel le Maroc ne transige pas, alors que l’Allemagne y adopte une posture pour le moins ambiguë.

Berlin s’empressant notamment d’annoncer, au lendemain de la reconnaissance de l’administration Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara, que «la position du gouvernement allemand sur le conflit du Sahara occidental n’a pas changé».

«Nous sommes déterminés à parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable sous la médiation des Nations unies», a ajouté la chancellerie allemande, dans une formule diplomatique au parfum nauséabond de duplicité.

Autre sujet de friction : l’éviction du Maroc de la conférence internationale sur la Libye, tenue en janvier 2020, et ce bien que le Royaume reste un acteur central dans la résolution de la crise libyenne. Bref, le jeu politique de l’Allemagne est loin d’être clair.

Le vent frais qui circule entre Rabat et Berlin se transformera-t-il alors en tempête diplomatique ? Difficile de le savoir pour l’instant. Ce qui est sûr, le Maroc et l’Allemagne ne peuvent être «amis»… en économie et être en désaccord à propos de l’intégrité territoriale du Royaume.

 

 

 

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