Décidément, les stratèges d'Alger ont le chic pour se mettre à dos leurs alliés. Après la France, c'est au tour de la Turquie et de la Syrie de figurer dans la longue liste des relations diplomatiques écornées par l'Algérie. En accueillant à Tindouf des militants du PKK, organisation classée terroriste par Ankara, le régime algérien a posé un nouvel acte diplomatique irréfléchi : provoquer la Turquie, tout en soutenant des séparatistes kurdes contre le régime syrien post-Assad.
Le drapeau du Rojava kurde hissé aux côtés de celui des séparatistes du polisario à Tindouf, voilà un symbole qui n'a pas manqué de faire réagir Ankara, qui y voit une menace directe à sa sécurité nationale. Pris la main dans le sac, le régime a tenté maladroitement de se dédouaner par la voix de son ambassadeur à Ankara, Amar Belani : l'Algérie n'aurait pas invité ces militants et ne soutiendrait pas le terrorisme. Pourtant, l'événement a bien eu lieu sur le sol algérien. Et les images parlent d'elles-mêmes.
Ce nouvel affront diplomatique est pourtant révélateur d'une obsession maladive du pouvoir algérien : jouer la carte du séparatisme pour déstabiliser autrui, sans jamais en mesurer les conséquences. Car ce n'est pas la première fois que le régime algérien s'embourbe dans sa propre duplicité.
Du Mali, où il est accusé de soutenir des groupes touaregs séparatistes, au Sahara marocain avec le polisario, la doctrine reste la même : semer la zizanie pour exister sur l'échiquier régional. Le paradoxe ultime ? Pendant qu'Alger joue les mécènes du séparatisme à l'international, elle réprime dans le même temps, avec une brutalité inouïe, les velléités d'autonomie kabyle sur son propre territoire, avec des militants du MAK qualifiés de «terroristes» et emprisonnés sans autre forme de procès. Deux poids, deux mesures donc.
Une stratégie révélatrice d’une gymnastique diplomatique à la fois cynique et absurde, mais surtout d’une incohérence politique crasse. On pourrait cependant croire à une série de maladresses diplomatiques. Mais derrière ces choix mal avisés se cache une arithmétique politicienne vicieuse : détourner l'attention des crises internes et jouer sur le nationalisme et la peur de l'ennemi extérieur pour maintenir un régime à bout de souffle. Et ce, quitte à se poser en parrain des causes perdues.
Seulement voilà : dans le grand jeu des relations internationales, la crédibilité ne se gagne ni par la provocation, ni par la manipulation. Encore faudrait-il qu'il reste quelqu'un, là-haut, capable de comprendre cette évidence. Et c’est là tout le problème.
Par F.Z Ouriaghli