Le Salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM) vient de fermer ses portes. Il a, encore une fois, donné un aperçu concret de la vision stratégique du Royaume qui fait de l’agriculture la locomotive de l’économie nationale. Vision portée successivement par le Plan Maroc Vert et Génération Green et que le gouvernement se donne les moyens de réaliser.
Petit exemple qui en dit long sur le rôle central de l’agriculture dans le développement économique du Maroc : 19 contrats-programmes de nouvelle génération pour le développement et la modernisation des filières de production agricole ont été signés entre l’État et la profession, pour un montant total de 110,7 Mds de DH. Qu’il pleuve ou qu’il vente, qu’il neige ou qu’il gèle, l’agriculture reste donc le pilier sur lequel repose l’économie nationale. Bien qu’on ait essayé de faire autrement.
De trouver d’autres leviers de croissance, comme notamment les métiers mondiaux du Maroc – MMM- (offshoring, automobile, aéronautique, électronique, textile et cuir et agroalimentaire). Lesquels, avec le recul, sont d’ailleurs une belle réussite. En 2022, les exportations automobiles, par exemple, ont ainsi atteint un chiffre record de 111,3 Mds de DH, en progression de 33% par rapport à 2021. Ces secteurs connaissent une bonne dynamique et restent attractifs en ce qui concerne les investissements.
Un choix gagnant pour le Maroc certes, mais il en faudra davantage pour tirer encore plus le PIB non agricole. Car l’enjeu pour le Maroc se trouve à ce niveau : avoir un PIB non agricole suffisamment robuste, susceptible de soutenir la croissance quand le secteur agricole est défaillant, notamment en cas de sécheresse. Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Raison pour laquelle, comme souligné d’ailleurs par le haut-commissariat au Plan, le Maroc est confiné dans une trappe de croissance faible, avec 4% durant les bonnes années agricoles, et sous le seuil de 3% dans le cas contraire. Ce qui reste très insuffisant pour résorber le taux de chômage, qui se trouve à un niveau historiquement élevé de 12,9% au premier trimestre 2023.
C’est cette limite du modèle économique actuel qui a justement sous-tendu l’élaboration du nouveau modèle de développement, au contenu très ambitieux : un palier de croissance beaucoup plus important, à savoir un rythme moyen annuel supérieur à 6% qui permettra de doubler le PIB par habitant à l’horizon 2035. Un palier qui parait bien chimérique, quand on sait que la croissance devrait se situer entre 2,5 et 3% en 2023, aux alentours de 3,5% en 2024, après 1,1% en 2022.
Par F.Z Ouriaghli