Depuis plusieurs jours, le Moyen-Orient est plongé dans une spirale de tensions croissantes, alimentées par les menaces réciproques entre l'Iran et Israël. Ces dernières ont atteint un niveau critique suite à une frappe meurtrière contre le consulat iranien à Damas en Syrie, imputée à Israël, qui a fait seize morts, dont des membres des Gardiens de la Révolution. La rhétorique agressive du Guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, qui avait promis des représailles, a été suivie d’actes concrets.
Dans la nuit de samedi à dimanche, l’Iran a initié une attaque massive au cours de laquelle il a lancé «plus de 300 drones et missiles» vers Israël. «Menée sur la base de l'article 51 de la Charte des Nations unies relatif à la légitime défense, l'action militaire de l'Iran est une réponse à l'agression du régime sioniste contre nos locaux diplomatiques à Damas», explique la mission iranienne à l'ONU dans un message posté sur X, ajoutant que «l'affaire peut être considérée comme close. Toutefois, si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l'Iran serait considérablement plus sévère».
«L'opération Promesse honnête a été menée avec succès entre hier soir et ce matin, et a atteint tous ses objectifs», a pour sa part affirmé, ce dimanche, le chef des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri.
«La punition de l'agresseur s'est réalisée», a renchéri le président iranien Ebrahim Raïssi, ajoutant que «si le régime sioniste ou ses partisans» faisaient «preuve d'un comportement imprudent, ils recevraient une réponse décisive et bien plus forte».
De son côté, Israël se félicite d’avoir fait échouer l’attaque iranienne. «L'attaque iranienne a été déjouée. Nous avons intercepté 99% des tirs vers Israël», a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari dans une allocution télévisée.
Quelle suite ?
Dans ce climat de crispation, quelle tournure vont prendre les évènements ? Si l’Iran considère l’affaire comme «close», qu’en est-il pour Israël ? Comment l’Etat hébreu va-t-il réagir ? Surtout, quelle sera la nature et l’ampleur de sa riposte ?
Il faut savoir que les tensions entre l'Iran et Israël sont profondément enracinées dans des facteurs historiques, idéologiques et géopolitiques. Depuis la révolution islamique de 1979 en Iran, les relations entre les deux pays se sont détériorées, principalement en raison de la politique étrangère de l'Iran, son soutien à des groupes militants anti-israéliens comme le Hezbollah au Liban et le Hamas dans la bande de Gaza, ainsi que ses ambitions nucléaires contestées par Israël et la communauté internationale.
Israël, de son côté, considère l'Iran comme sa principale menace régionale en raison de ses efforts pour étendre son influence dans la région, notamment en Syrie et en Irak, et pour soutenir des groupes armés hostiles à Israël. De plus, le discours anti-israélien et antisémite émanant de certains responsables iraniens, y compris le guide suprême Ali Khamenei, alimente les tensions et renforce la méfiance entre les deux pays.
Aujourd’hui, la confrontation entre ces deux puissances régionales prend une nouvelle dimension. Et l’on craint forcément un embrasement régional. C’est pourquoi même si plusieurs pays ont condamné cette attaque de l’Iran, d'autres ont appelé à la désescalade pour éviter une spirale de violence incontrôlable.
Les dirigeants des pays du G7 ont assuré dimanche Israël de leur "plein soutien" après l'attaque de l'Iran, se disant "prêts à prendre des mesures" contre Téhéran "en réponse à de nouvelles initiatives de déstabilisation
Cette crise met de toute évidence en lumière les enjeux géopolitiques complexes qui sous-tendent les relations entre l'Iran et Israël, ainsi que les ramifications de cette confrontation pour la stabilité régionale et mondiale.
A Gaza, les tueries continuent
Pendant ce temps, Tsahal poursuit sa cavale sanglante à Gaza, qui a fait plus de 33.500 morts, alors que les pourparlers pour une trêve entre Israël et le Hamas piétinent. Malgré une offre de médiation comprenant une trêve de six semaines et des échanges de prisonniers, les deux parties campent sur leurs positions. Le Hamas exige un cessez-le-feu définitif, une augmentation de l'aide humanitaire, le retrait israélien de Gaza…, tandis qu'Israël réclame, entre autres, des garanties de sécurité.
Dans ce contexte explosif, la communauté internationale appelle à la retenue, craignant une escalade majeure aux conséquences dévastatrices pour le Moyen-Orient. Sauf que dans cette région du monde déjà marquée par des décennies de conflits, les enjeux géopolitiques sont tellement complexes et nombreux qu’il est difficile de contenir et de contrôler les actions et réactions des uns et des autres.
Mais une chose est sûre : tout affrontement direct entre l’Iran et Israël, un allié crucial des États-Unis, aura des implications géopolitiques majeures et pourrait déstabiliser davantage cette région déjà fragilisée.
L'escalade des tensions entre l'Iran et Israël, combinée à l'impasse des pourparlers pour une trêve à Gaza, crée ainsi un cocktail explosif qui menace la paix et la stabilité au Moyen-Orient. Une région devenue une véritable poudrière.
F.Z Ouriaghli