Les Marocains vont devoir continuer à composer avec l’inflation pendant quelques mois encore. Les tensions sur les prix des produits alimentaires en particulier se sont certes atténuées, mais les niveaux des prix restent assez élevés. Entre janvier et février, l’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré une hausse de 1,7%, résultant de la hausse de 3,9% de l’indice des produits alimentaires et de la stagnation de l’indice des produits non alimentaires.
Selon les chiffres du haut-commissariat au Plan rendus publics mardi, le taux d’inflation se situe à 10,1% en février sur un an, conséquence de la hausse de l’indice des produits alimentaires de 20,1% et de celui des produits non alimentaires de 3,6%. Face à cette situation, Bank Al-Maghrib vient d’opérer sa troisième hausse du taux directeur, l’augmentant de 50 points de base à 3%.
Objectif de la Banque centrale : «prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix». En effet, le pouvoir d’achat des citoyens est toujours laminé par le niveau des prix des produits alimentaires, encore davantage en cette période de Ramadan où la spirale inflationniste s’amplifie. C’est ça la réalité du terrain.
Une réalité que le gouvernement ne veut visiblement pas voir. D’autant que les autorités continuent toujours de tenir des discours rassurants, insistant entre autres sur le renforcement des mesures de contrôle des prix et la traque des courtiers et autres spéculateurs indélicats. Pas plus tard que mardi, la ministre de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a fait une sortie médiatique pour affirmer que les prix des produits d’alimentation de base devraient se stabiliser dans les prochains jours. En vérité, il faut plutôt que ces prix baissent au lieu de se stabiliser… à des niveaux aussi élevés. Quand, par exemple, le kilo d’oignon se vend à 15 DH, il y a évidemment de quoi s’interroger sur la capacité des ménages marocains les plus démunis à subvenir à leurs besoins alimentaires, surtout en ce mois béni. Rappelons juste les conclusions du dernier rapport de la Banque mondiale «Le Maroc face aux chocs d’offres», rendu public mardi 14 février dernier.
«L’inflation annuelle a été pratiquement 30% plus élevée pour les 10% les plus pauvres de la population, par rapport aux 10% les plus riches, principalement en raison de l’impact de la hausse des prix alimentaires qui représentent une part plus importante de dépenses chez les ménages les plus pauvres», note la BM. C’est dire que face aux chocs de l’offre, le gouvernement doit prendre des mesures chocs. Au lieu d’être dans un déni permanent.
F.Z Ouriaghli