Véhicules d’occasion : le marché impacté par la mauvaise conjoncture

Véhicules d’occasion : le marché impacté par la mauvaise conjoncture

 

Les professionnels trouvent des difficultés à écouler rapidement leurs stocks.

A fin septembre 2018, près de 410.000 unités ont été vendues, soit une baisse de 2,4%.

 

Le marché des véhicules d’occasion (VO) occupe une place particulière dans le marché automobile au Maroc, notamment par sa taille, puisqu’en volume, il représente quasiment trois fois les ventes de véhicules neufs.

Le marché du VO a connu une forte croissance ces dernières années, avant d’être rattrapé par une conjoncture en berne. En 2016, il a culminé à 547. 000 mutations de cartes grises, enregistrant son record historique, avant de fléchir à 530.000 en 2017.

En 2018, ce trend baissier devrait se poursuivre. A fin septembre 2018, près de 410.000 unités ont été écoulées, soit une baisse de 2,4%. Cette tendance est confirmée par les acteurs opérant dans l’activité.

«Nous mettons de plus en plus de temps pour écouler notre stock de VO. Nous sommes parfois contraints de revoir à la baisse notre tarification pour liquider les voitures. La conjoncture morose explique en grande partie la méforme du marché», souligne Younes Senhaji, président de l’Association nationale des loueurs de véhicules à longue durée (Analog).

Ce déclin est ressenti chez les autres professionnels du secteur qui, malgré le développement de nouveaux canaux de communication et de commercialisation, notamment via le digital, n’arrivent pas à faire face à ce retournement de tendance. «Auparavant, je pouvais écouler facilement en moyenne 8 à 10 voitures par mois. Actuellement, je dépasse difficilement deux véhicules par mois. C’est encore plus difficile pour les voitures ayant une puissance élevée. Internet permet de communiquer avec un large public, il draine beaucoup de visiteurs, mais il y a peu d’opérations concrétisées. Notre activité passe par des moments difficiles et pour assurer l’équilibre de mon business, je suis contraint de réduire les marges», résume Adil Berrada, garagiste à Casablanca.

En dépit des efforts de l’Etat pour orienter le marché du VO vers un circuit organisé, qui a pu inciter concessionnaires et importateurs à se lancer dans cette activité, plus de 90% des mutations de cartes grises passent toujours par l’informel.

Ce marché non organisé, où se retrouvent intermédiaires, petits marchands de véhicules et particuliers, affiche lui aussi des signes d’essoufflement. «L’offre sur le marché dépasse largement la demande. Certains segments et versions sont boudés par les acheteurs comme les véhicules essence ou ceux ayant une puissance fiscale supérieure à 10 chevaux. Il n’y a que les citadines, les compactes et les SUV à faibles cylindrées qui sont toujours demandés», nous confie Driss Aït Mogare, marchand de voitures à Casablanca.

«Le marasme a commencé à s’installer depuis l’année dernière. Il ne faut pas croire les chiffres officiels sur les immatriculations de l’occasion. Certaines voitures sont enregistrées deux, voire trois fois, pour la même vente. Elles sont cédées par procuration et l’acquisition finale n’aboutit qu’à partir de plusieurs opérations», ajoute-t-il.

L'année dernière, une enquête de Wafasalaf sur le VO a fait ressortir que le prix est le facteur déterminant dans ce marché. La marque, l’état du véhicule, la motorisation et les équipements viennent en seconde position.

La même enquête précise que le prix moyen des transactions avoisine les 65.000 DH et reste intimement lié au pouvoir d’achat et à la conjoncture. L’étude a révélé également que les intentions d’achat pour 2017 sont en baisse par rapport à 2016. Cela explique que le recul du marché ne date pas d’aujourd’hui et qu’il n’est que le prolongement d’un environnement socioéconomique en berne. Les personnes interrogées lors de ce sondage ont expliqué qu’elles ne peuvent pas acheter de véhicules ou préfèrent différer l’opération faute de budget ou à cause d’autres préoccupations plus importantes.

Cette morosité a impacté également le marché du neuf. Malgré l’organisation d’Auto Expo, 2018 est partie pour être l’une des rares années «Salon» à finir en stagnation, voire en baisse, par rapport aux ventes de l’année précédente. ■

 


Le VO importé s’essouffle aussi

Le nombre des véhicules d’occasion importés s’inscrit depuis quelques années dans un trend baissier significatif. Fini le temps où ce marché réalisait un volume de plus de 60.000 unités par an. De 14.846 immatriculations en 2016, il a régressé à 13.321 en 2017. A fin septembre 2018, les ventes n’ont pas dépassé 9.763 voitures contre 10.667 unités au cours de la même période de l’année dernière, soit un recul de 8,47%. Sur ce segment de marché, les marques germaniques s’adjugent la part du lion. Volkswagen a cédé 3.884 VO importés, soit près de 40% de parts de marché (PDM). Elle est suivie par Mercedes avec 1.521 unités, et 15,58% de PDM. Audi est à 628 unités, 611 pour Peugeot, 542 pour Renault et 493 pour Citroën.


 

C.J

 

 

 

 

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