Les zones industrielles ont une grande part de responsabilité dans la dégradation de l’environnement, avec une part de 60% des émissions de GES. L’absence d’un cadre législatif freine les ambitions environnementales des gestionnaires de zones.
Responsables de l’émission de 60% des gaz à effet de serre au Maroc, les zones industrielles ont une grande part de responsabilité dans la pollution atmosphérique et, par conséquent, dans l’accélération du changement climatique. Plus le pays s’industrialise, plus cette part augmente. Pour allier développement industriel et protection de l’environnement, le Maroc doit revoir sa politique de gestion des zones industrielles en intégrant la composante environnementale. C’est le message qu’a véhiculé Hakima El Haïté, ministre déléguée chargée de l’Environnement, en marge de la 6ème édition de la Conférence internationale sur les zones industrielles durables. Et d’ajouter que la tenue de cette édition au Maroc n’est que la confirmation des engagements environnementaux pris par le Royaume à travers sa stratégie nationale de développement durable, l’organisation de la COP22, les efforts déployés à l’échelle internationale en matière de lutte contre le changement climatique… Lors de cette rencontre organisée par le ministère de tutelle en collaboration avec le Collectif des zones industrielles pour l’environnement (Cozine) et l’Agence MCAMorocco, sous le thème «Zones industrielles durables : prenons part à la solution climatique», les experts, venus des quatre coins de la planète, ont insisté sur la nécessité de concevoir des zones industrielles durables qui constituent l’une des solutions au changement climatique et à la transition vers une économie verte. En effet, les expériences des pays les plus avancés dans ce domaine prouvent que la gestion durable de ces plateformes n’est plus un choix mais une nécessité compte tenu des défis environnementaux et économiques que le monde devra relever. «Le Cozine milite depuis 5 ans pour la durabilité au sein des zones industrielles qui émettent 60% des GES. Ce qui fait que le moindre effort sur les aspects environnementaux, sociaux, économiques ou organisationnels peut réduire les émissions et aura également un impact très favorable sur nos sociétés. Il permettra également la croissance soutenue et responsable que nous recherchons», a confié Mounir Benyahya, coordinateur du Collectif des zones industrielles pour l’environnement.
40 Z.I. concernées En effet, il y a quelques années les aspects organisationnel, social, économique et environnemental n’étaient pas suffisamment pris en compte dans l’élaboration des zones. Pour remédier à cette situation, 3 gestionnaires de zones industrielles ont créé en 2011 le Cozine dans le but d’apporter des réponses concrètes à ces problèmes, dont les impacts sur l’environnement et sur l’économie sont importants. Cette prise de conscience s’est élargie puisque en 5 ans, le nombre d’adhérents est passé de 3 à 40 zones. Ce qui témoigne de la forte volonté des industriels à s’inscrire dans un développement industriel durable. Cette rencontre a donc permis au Maroc de faire un benchmark et de s’inspirer des expériences internationales en la matière pour élaborer une stratégie de développement de zones industrielles durables. «Le Maroc a déjà quelques opérations pilotes menées aussi bien par des aménageurs privés que par les autorités publiques en réhabilitant des zones industrielles existantes. Depuis la COP22, cette approche a été accélérée suite à la signature d’une convention entre les opérateurs gestionnaires de zones et les ministères de l’Industrie, de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire ainsi que deux bailleurs de fonds, la GIZ et le MCC», explique Mounir Benyahya. Plusieurs projets sont dans le pipe, notamment dans le recyclage des déchets, le traitement de l’eau, l’efficacité énergétique, etc. Toutefois, malgré toutes les bonnes volontés, force est de constater que l’absence d’un cadre législatif freine les ambitions des gestionnaires de zones durables. A noter que plusieurs zones sont gérées dans le cadre de la loi sur les associations et, par conséquent, elles n’ont pas suffisamment de ressources financières pour relever les défis.
Par L. Boumahrou