Le Maroc accuse du retard en matière de valorisation des déchets, avec un taux de recyclage actuel des déchets ménagers de l’ordre de 7% pour une production de 7 millions de tonnes par an.
L’urgence est de mise compte tenu de la cadence de production des déchets qui s'élève à un rythme de 3,5% par an, soit un taux plus élevé que le PIB.
L’affaire des déchets ou plutôt des RDF importés d’Italie, avait remis sur la table la question de la valorisation des déchets au Maroc. Un secteur qui enregistre un retard important non sans conséquence sur l’environnement, la compétitivité des entreprises ainsi que sur l’économie nationale. La sonnette d’alarme a été tirée lors du Sommet international pour la valorisation des déchets et le climat (Waste and Climate International Summit) organisé en début de semaine à Skhirat par la CGEM, en partenariat avec la Coalition pour la valorisation des déchets (COVAD). Et pour cause, le Maroc accuse du retard avec un taux de recyclage actuel des déchets ménagers de l’ordre de 7%, ce qui est très faible comparativement au volume des déchets produits qui s’élève à 7 millions de tonnes par an, générant 7,5% d'émissions de gaz à effet de serre (GES) du pays.
Partant de ce constat, la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah Chaqroun, a rappelé l’urgence pour agir aujourd’hui, car demain ce sera trop difficile et trop coûteux. Une urgence dont sont conscients les pouvoirs publics, étant donné que le rythme de production des déchets, qui est de 3,5% par an, est plus élevé que le taux de la croissance économique. Le gouvernement s’est donc fixé comme objectif un taux de recyclage de 20% (contre 7% actuellment) à l’horizon 2020.
«Il est utopique de penser à supprimer définitivement les déchets, mais il n’en demeure pas moins qu’il est de notre rôle de chercher à atténuer leurs effets. Une action tardive sera plus compliquée, avec une augmentation de la cadence de production des déchets à un rythme de 3,5% par an, exacerbée par la croissance démographique et les changements des modes de consommation», a-t-elle souligné.
Le secteur privé a donc un rôle important à jouer pour rattraper le retard. C’est d’ailleurs ce qu’a déclaré la ministre déléguée chargée de l’Environnement, Hakima El Haïté, en appelant au renforcement du partenariat publicprivé dans ce secteur.
Les investisseurs devraient s’intéresser davantage à ce secteur, qui offre de belles opportunités d’investissement. Mais pour encourager les investisseurs, le gouvernement doit instaurer un cadre juridique, légal et institutionnel et mettre en place la police environnementale. Mériem Bensalah l’a d’ailleurs précisé dans son intervention en rappelant l’importance d’une gouvernance partagée entre le secteur public et privé, d’une concertation permanente avec toutes les filières produisant des déchets et d’une taxation équitable, englobant tous les déchets, répondant au principe du pollueur-payeur et applicable aussi bien aux importations qu’aux produits locaux.
La mise à niveau de ce secteur aura non seulement un impact sur l’environnement mais également sur le chômage, puisque les filières de recyclage et de valorisation pourraient générer près de 70.000 emplois sur une période de cinq ans. Aussi, la valorisation des déchets permettra au Maroc de réduire sa consommation d’énergie, d’importer moins de RDF, de rationaliser l’utilisation des ressources naturelles, de moins polluer et in fine préserver la santé des Marocains.
L. Boumahrou