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Transition énergétique: La baisse des coûts, élément clé pour réussir la stratégie

Transition énergétique:  La baisse des coûts, élément clé pour réussir la stratégie

Le Maroc peut réussir son programme de développement énergétique en ajustant l’actuelle stratégie.


La part des énergies renouvelables dans le mix de production électrique peut atteindre 97% à l’horizon 2050.


Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a lancé une étude sur la transition énergétique au Maroc. Il a à cet égard auditionné 63 personnes émanant de différents secteurs. Un webinaire a été organisé par cette institution regroupant différents intervenants et participants impliqués dans le secteur.


«Le Maroc dispose d’un potentiel important dans les énergies renouvelables, lui permettant de réussir sa transition dans de bonnes conditions. Il faut noter que depuis le lancement de la stratégie énergétique nationale en 2009, beaucoup de choses ont changé. La technologie est devenue plus sophistiquée et le coût a baissé. Actuellement, dans certaines régions du monde comme les Emirats Arabes Unis, il est possible de produire le kilowatt/heure à 0,13 dirham, alors qu’il était à 1 DH il y a quelques années, voire plus auparavant», souligne Ahmed Réda Chami, président du CESE.


«Le secteur des énergies renouvelables est porteur; il faut aller plus loin et plus vite à travers un partenariat privé-public. Si le coût de l’énergie baisse, il profitera essentiellement aux consommateurs et ouvrira de nouvelles perspectives dans d’autres domaines comme le dessalement de l’eau de mer et l’atténuation du stress hydrique dans le Royaume», explique Chami.


Se référant à son passage à la tête du ministère de l’Industrie et du Commerce, le président du CESE a souligné que tous les opérateurs soulèvent le coût de l’énergie comme contrainte majeure pour leur activité.


Il faut que la transition énergétique permette au pays de réduire sensiblement sa dépendance de l’étranger pour s’approvisionner en produits fossiles. Elle devrait assurer la possibilité d’exporter de l’électricité, surtout pour l’Europe dont certains pays sont demandeurs d’énergie verte sous l’impulsion du Green deal.


Présentant un exposé sur la situation énergétique nationale et les projections d’avenir, Abdallah Moutaki, secrétaire général de l’ONHYM et membre du CESE, a indiqué que «la facture énergétique nationale correspond à notre niveau de développement. Elle contribue toujours à l’alourdissement du déficit commercial et met sous pression le budget de l’Etat».


Il a dévoilé quelques indicateurs qui marquent le secteur, comme la domination du diesel dans le transport (un carburant jugé polluant) et la faible présence de l’énergie hydroélectrique.


«Le Maroc peut être un leader dans le monde en matière de transition énergétique. A cet égard, trois scénarios se dégagent respectivement à l’horizon 2030, 2040 et 2050. Le premier scénario est celui de la continuité. Il table sur l’actuelle politique publique avec la même gouvernance et la même évolution du marché de l’énergie.  Le deuxième scénario, dit accéléré, vise à répondre à une demande de plus en plus importante tout en soutenant la mobilité durable à travers les véhicules verts (hybrides ou électriques), le butane ou d’autres domaines ayant un aspect écologique comme le dessalement de l’eau de mer. Le troisième scénario est encore plus ambitieux et vise à créer une industrie des énergies renouvelables intégrée et innovante et exporter la production et soutenir de nouvelles niches comme la production de l’hydrogène», explique Mouttaki.


Le rapport projette qu’à l’horizon de 2050, la part des énergies renouvelables devrait repasser à 96% du mix électrique national et sa part dans le mix énergétique global à 17%. Cet objectif permettra au Royaume d’économiser à cette date 74 milliards de DH, surtout que le coût du kilowatt/heure devrait passer de 0,79 DH à 0,44 DH, sans compter les effets tangibles sur la baisse des émissions polluantes.


Par ailleurs, le rapport du CESE a révélé les insuffisances de la stratégie énergétique nationale lancée en 2009. Il note qu’au départ, les coûts de production des énergies renouvelables étaient chers à cause des choix technologiques et ne pouvait assurer une certaine rentabilité.

Ainsi, le prix du kilowatt/heure est de 1,62 DH pour Noor 1, 1,38 DH pour Noor 2 et 1,42 DH pour Noor 3, alors qu’il est vendu à l’ONEE au prix fixe de 0,85 DH kilowatt/heure. Il a fallu des années et un développement technologique de pointe pour que le coût soit compétitif.


Au niveau des hydrocarbures, le rapport souligne que la libéralisation du secteur a été mal préparée ainsi que les objectifs de l’efficacité énergétique. Le document note également que les entreprises opérant dans le secteur trouvent beaucoup de peine à trouver leur équilibre financier. Il est essentiel de redéfinir leur rôle et leur mode de fonctionnement.


Il faut rappeler que la stratégie énergétique nationale table à l’horizon 2030 sur une part de 52% des énergies renouvelables.


«L’orientation de la stratégie nationale vise à agir au niveau de la production en développant le recours à l’énergie renouvelable, et au niveau de la demande en instaurant l’efficacité énergétique. Il faut assurer les mêmes besoins et rester compétitifs, notamment dans les secteurs les plus consommateurs d’énergie, à savoir le transport, l’industrie, le bâtiment, l’éclairage public ou l’agriculture», affirme Said Mouline, Directeur général de l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE).


Pour sa part, Amina Benkhadra, Directrice générale de l’ONHYM, a formulé quelques observations sur la transition énergétique. «La stratégie nationale énergétique a induit quelques inflexions majeures. En 2009, lors du lancement, les cabinets internationaux étaient sceptiques, estimant que les coûts de production de l’électricité étaient à l’époque peu compétitifs. Mais, avec le temps, il y a eu un renversement de tendance et le Maroc a aujourd’hui une nette avancée dans le domaine. Le secteur a permis de créer tout un écosystème dédié», rapporte Benkhadra.


Said Hadi, président de la commissions Economie verte, a évoqué le volet fiscal comme un levier susceptible de séduire les investisseurs et les inciter à s’intéresser au secteur des énergies renouvelables.

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