- Le désengagement de la SIE du capital de Masen est sous la loupe du comité de pilotage mis en place.
- Il faudra d’abord définir la valeur de Masen et celle de son action pour connaître le prix de ce divorce et opérer le transfert des 25% du capital de Masen aux actionnaires de la SIE.
A lire sur le même thème : Société d’investissement énergétique : Un avenir incertain (entretien)
La reconfiguration du secteur énergétique marocain se poursuit. Après le repositionnement de Masen en 2016 et le changement de statut de l’ADEREE qui est devenue AMEE (Agence marocaine pour l'efficacité énergétique) dédiée exclusivement à l’efficacité énergétique, c’est au niveau de la Société d’investissement énergétique (SIE) que des changements majeurs sont en vue.
Il semble que l’Exécutif cherche à se défaire de l’entité qui a joué, pendant plusieurs années, le rôle de bras financier de l’Etat dans la réalisation de la stratégie énergétique marocaine.
Que deviendra la SIE ? Quel rôle sera-t-elle amenée à jouer ? Va-t-elle disparaître ? Sera-t-elle absorbée par un autre organisme ?
Autant de questions sans réponses, du moins jusqu’au mois de juin de cette année, date à laquelle doit se tenir le Conseil d’administration de la SIE. La seule certitude aujourd’hui concerne la sortie imminente de la SIE du capital de Masen. L’information a été entérinée lors du dernier Conseil d’administration de la société qui s’est déroulé en janvier dernier.
Un cabinet juridique et une banque d’affaires, sous la supervision du comité de pilotage mis en place, se sont d’ailleurs déjà penchés sur ce désengagement. D’ici juin donc, l’opération devra être bouclée, et l’avenir de la SIE scellé.
Une sortie pas si évidente
Toutefois, la tâche n’est pas aussi aisée qu’elle n’en a l’air. En effet, le transfert des 25% que détient la SIE dans le capital de Masen, et éventuellement leur redistribution aux actionnaires, à savoir l’Etat (71%) et le Fonds Hassan II (29%), requiert au préalable une étude juridique.
«La redistribution des actions de la SIE devra respecter la loi sur les sociétés anonymes (SA). Car, contrairement à ce que les actionnaires de la SIE avaient initialement imaginé, la récupération de leur participation dans Masen au prorata de leur capital, n’est pas cohérente avec ladite loi», soutient Ahmed Baroudi, DG de la SIE.
Cette opération s’inscrit en effet dans le cadre d’une acquisition de parts d’action d’une société anonyme (SIE) à une autre (Masen). Par conséquent, le transfert devra être précédé d’une revalorisation des parts d’action de la SIE dans Masen. En d’autres termes, il faut définir la valeur de Masen ainsi que celle de l’action pour mesurer ce que pèsent les 25%.
«C’est cette valeur qui sera définie par l’établissement de la valorisation des parts selon la loi sur la SA, qui sera distribuée aux actionnaires selon une logique à convenir», précise Ahmed Baroudi.
Une étape qui en cache d’autres
La sortie du capital de Masen n’est donc que la première étape du processus de repositionnement de la SIE dans le contexte du nouveau paysage énergétique du Royaume, qui s’inscrit dans le cadre de la loi n°37-16 amorçant une reconfiguration profonde du secteur.
Cette réorganisation s’est avérée nécessaire eu égard au nombre importants d’acteurs qui interviennent dans ce domaine et dont les missions se chevauchent. La rationalisation des ressources est aujourd’hui une condition sine qua non pour relever les défis énergétiques que le Maroc s’est fixés. Elle doit permettre également de rattraper le retard qu’accusent certains piliers de la stratégie énergétique, à l’instar de l’efficacité énergétique et de la valorisation énergétique des déchets.
Ce retard risque d’ailleurs de se prolonger : la SIE vient en effet d’annuler deux appels d’offres lancés en décembre 2017 relatifs aux mosquées vertes.
Il s’agit d’une part d’un marché de 3,8 millions de DH pour la mise à niveau de l’éclairage et de l’installation électrique de 240 mosquées dans les villes de Kénitra, Témara et Salé. Et, d’autre part, d’un marché de 2,85 millions de DH portant sur la rénovation des systèmes d’éclairage, la mise à niveau de l’installation électrique, la fourniture et l’installation des chauffe-eaux solaires dans 90 mosquées de la ville de Rabat.
Dans ce sens, l’AMEE, qui est en mode veille depuis sa création, devra se retrousser les manches pour être au rendez-vous de l’échéance 2030. Car celle de 2020 semble déjà hors de portée.
Par L. Boumahrou