Par M. Diao
L’ énergie est un facteur indispensable au fonctionnement de tous les secteurs marchands et non marchands. La centralité de cette composante est telle que plusieurs Etats œuvrent pour leur indépendance énergétique.
Le Maroc, qui s’attèle à cela en misant sur les énergies renouvelables, affiche un taux de dépendance énergétique encore élevé, situé à 94%. La question énergétique soulève un autre enjeu majeur du 21ème siècle, celui de la protection de l’environnement.
C’est en cela que la note récente du professeur Adil Bami, intitulée «Panorama de la politique énergétique mondiale. Entre l’impératif environnemental et les enjeux de la croissance économique», est intéressante à plusieurs égards. Le principal message véhiculé est que la structure du marché énergétique mondial, ainsi que les jeux coopératifs et non coopératifs qui le transcendent, sont en transition.
La pertinence du texte de Bami découle du fait qu’il propose un panorama des impératifs liés à la transition énergétique dans un environnement économique où le marché énergétique global envoie des signaux contradictoires, notamment aux pays en développement dont les approvisionnements en énergie demeurent un défi majeur à la croissance économique.
Les énergies fossiles ont toujours la cote
«La croissance mondiale est une variable explicative du niveau de la consommation de l’énergie et, par ricochet, du niveau des prix de l’énergie. En 2017, la consommation mondiale en énergie a enregistré une croissance de 2,2%, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE); le mix énergétique mondial est constitué à raison de 85% de l’énergie fossile, qui a cru pour la première fois depuis 2013, toujours selon l’AIE», renseigne en substance la note.
Notons que les constats dressés par l’AIE reflètent des évolutions contrastées. La consommation des énergies renouvelables a progressé de 16,6%, mais la croissance des énergies fossiles et, surtout, leur prédominance dans le mix énergétique mondial représentent un défi pour la transition énergétique et pour les politiques énergétiques à travers le monde.
Le professeur souligne que la croissance des énergies fossiles (polluantes) s’explique essentiellement par la demande qui émane des pays émergents. «Les exigences, contradictoires, de croissance et de transition énergétiques, mais aussi les impératifs de la libéralisation du secteur de la production, du transport et de la distribution de l’énergie ont pour objectif de renforcer la concurrence sur le marché de l’énergie», analyse Adil Bami.
En clair, le signal du prix jouerait un rôle fondamental sur le marché énergétique; la sensibilité de l’offre et de la demande à ce signal illustrerait également la volatilité des prix sur le marché mondial lors de la décennie des années 2010. Il est important de préciser que la note mentionne que malgré certaines spécificités régionales, la consommation mondiale d’énergie reste largement dominée par le pétrole (34,2% de la consommation mondiale en 2017), le charbon (27,6%) et le gaz (23,4%). L’hydrocarbure occupe la quatrième place devant le nucléaire, avec respectivement 6,8% et 4,4% de la consommation mondiale.
L’énergie produite à base de l’éolien, de la biomasse et du solaire ne représente qu’une consommation consolidée de 3,6% en 2017. C’est dire l’immense marge de progression de la consommation de l’énergie propre à l’échelle mondiale. Au final, l’auteur ne manque pas de mettre en lumière les défis des pays africains en matière d’énergie, dont celui du réchauffement climatique et de la transition énergétique.