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«Nous travaillons sur la mise en place d’un guide sur le financement vert»

«Nous travaillons sur la mise en place d’un guide sur le financement vert»

L’objectif de ce guide est de mettre en avant les critères d’éligibilité, les modalités d’octroi, mais aussi le processus à suivre pour l’obtention de ces fonds.

Le Cluster solaire ne se limite pas à un accompagnement fourni ou un financement donné, mais vise à accroître et à maximiser le taux de survie sur le marché des start-up.

Entretien avec Fatima Zahra El Khalifa, Directrice générale du Cluster solaire.

 

Propos recueillis par M. Diao

 

Finances News Hebdo : Pouvez-vous rappeler les principales missions du Cluster solaire ?

Fatima Zahra El Khalifa : Les acteurs clés de l’écosystème des énergies renouvelables (EnR), notamment Masen et les fédérations professionnelles, ont mis en place le Cluster solaire en 2014, avec comme mission d’accompagner le développement d’une industrie locale compétitive. Le Cluster solaire intervient principalement au niveau des :

• Projets d’énergies renouvelables de grande envergure, à travers le renforcement des compétences des entreprises locales et la contribution à la maximisation de l’intégration locale.

• Applicatifs solaires tels que le PV décentralisé, le pompage, l’éclairage solaire ou les chauffe-eaux solaires, à travers la contribution au développement et la qualification de ce marché porteur et à fort potentiel.

• Entrepreneuriat vert et innovation, à travers la création du 1er incubateur pour l’accompagnement des porteurs de projets dans les EnR et GreenTech afin de contribuer à promouvoir l’innovation, mais aussi la création d’emplois verts.

Le Cluster solaire a pour objectifs de mettre en réseau les différents acteurs de la filière, maximiser leurs synergies, faciliter leur accès à l’information, améliorer la productivité des entreprises, accroître leur capacité d’innovation et développer leurs compétences et capacités. En parallèle, le Cluster œuvre activement pour la promotion des énergies renouvelables et des technologies vertes, tout en conseillant et en accompagnant le secteur privé pour leur adoption.

Aujourd’hui, le Cluster compte plus de 140 membres actifs et plus d’une vingtaine de partenaires de renoms nationaux et internationaux pour le soutien de la filière. Le Cluster solaire a également développé la première plateforme B2B dans les EnR au Maroc «Morocco Green Business Network», regroupant plus de 600 entreprises du secteur, et a accompagné le développement de plus de 20 projets industriels et incubé plus d’une centaine de start-up opérant dans les EnR et les GreenTech. Il a également lancé plusieurs projets à fort impact sur le secteur, tels que le «Label Taqapro», en partenariat avec l’AMEE et AMISOLE, et la mise en place du programme «Green Business Booster» en partenariat avec la SFI pour l’accès au financement vert.

Gage de la reconnaissance du rôle du Cluster par l’écosystème, ce dernier a été labélisé par le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie verte et numérique dans le cadre du programme de labélisation des Clusters, et par la Caisse centrale de garantie (CCG) en tant que structure d’accompagnement de start-up innovantes dans le secteur des EnR et GreenTech. Le Cluster héberge également le Morocco Climate Innovation Center (MCIC), réseau mondial créé par la Banque mondiale pour le soutien de l’entrepreneuriat et l’innovation vert. Notre entité est aussi le point focal Maroc du CCTN (Climate Technology Center & Network).

 

F.N.H. : Quelle appréciation faitesvous de l’impact de la covid-19 sur le secteur et quels sont les principaux projets du Cluster solaire pour l'année 2021 ?

F.Z.E.K. : La pandémie du coronavirus s’est rapidement transformée en une crise internationale sans précédent, avec des répercussions sanitaires, économiques et financières. Cette crise a engendré des conséquences regrettables, mais a également permis de remettre au cœur des priorités des gouvernements un certain nombre de sujets tels que la transition énergétique. Les plans de relance post-crise, à travers le monde, accorderont inévitablement une place privilégiée aux énergies renouvelables. Une réelle opportunité de construire un avenir énergétique sûr, indépendant, durable et vert.

Le secteur des énergies renouvelables doit ainsi jouer un rôle clé dans le plan d’intervention de reprise économique qui sera mis en place afin de stimuler l’économie marocaine industrielle et de réduire leurs factures. Le Maroc s’est résolument engagé dans une stratégie de transition énergétique sous l’impulsion de sa Majesté Mohammed VI, que Dieu le garde. L’enjeu est non seulement économique, en permettant aux énergétiques d’être plus compétitifs, mais également d’ordre environnemental, au regard de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le secteur des EnR est d’autant plus crucial qu’il participe, d’un côté, à la compétitivité des industries marocaines, mais également à la création d’un écosystème industriel vert. Le développement à grande échelle des énergies renouvelables est une opportunité certaine pour la création d’un tissu industriel compétitif en mesure de répondre aux besoins de la stratégie énergétique nationale (développeurs, installateurs, service providers, producteurs de composants EnR, etc.). Cet écosystème énergétique vert et durable contribuera, par ailleurs, à la création de nouvelles opportunités d’emploi.

L’accélération de la stratégie énergétique renouvelable du Royaume permettra d’assurer une transition énergétique de l’ensemble de l’économie marocaine, avec des opportunités économiques, à l’issue de la crise, dans plusieurs secteurs clés comme l’automobile, les BTP et l’industrie lourde. En effet, les industries marocaines gagneraient à diversifier leur bouquet énergétique et à intégrer, dès à présent, les énergies renouvelables dans leur processus. Et ce, sur l’ensemble de la chaîne de valeur pour relancer leur activité industrielle.

Au-delà de l’impact financier, la décarbonisation de leur processus de production apportera un avantage concurrentiel réel pour les produits marocains sur les marchés internationaux. La mise en place de mesures favorables aux énergies renouvelables à l’issue de la crise de la Covid-19 renforcera sans aucun doute le positionnement du Royaume et son engagement vers un modèle de développement vert, durable et résilient aux crises. Dans ce contexte et afin de contribuer à la relance économique à l’issue de la crise, les membres du Cluster solaire sont plus que jamais solidaires et engagés à travers plusieurs actions et activités initiées en 2021.

Il s’agit notamment des volets du renforcement des compétences, la contribution aux groupes de travail, qui sont des espaces d’échanges et de réflexions autour de sujets clés du secteur, et la mise en place de plans d’action pour lever les barrières existantes. Le Cluster accompagne les acteurs des EnR, à travers des actions à forte valeur ajoutée sur trois axes: l’appui au business développement pour relancer l’activité, l’accompagnement des entreprises dans l’amélioration de la résilience et l’appui lors des phases de relance.

 

F.N.H. : Les mécanismes de financement disponibles sont-ils suffisamment adaptés au contexte actuel ?

F.Z.E.K. : Dans le contexte actuel de bouleversement des chaînes de valeur causé par la crise sanitaire, les donneurs d’ordre internationaux envisagent la relocalisation de leurs sites industriels, offrant ainsi une opportunité pour l’industrie nationale de se positionner en partenaire régional privilégié. Mais cela ne pourra se faire sans transition vers l’économie verte, synonyme de résilience, compétitivité et durabilité. Qu’il s’agisse d’énergie renouvelable, d’efficacité énergétique ou de technologies vertes, les entreprises marocaines ont déjà fait l’expérience des bénéfices de tels investissements, puisque de nombreuses success stories et témoignages soulignent leur impact positif sur la rentabilité, la qualité, la conformité réglementaire et l’image de marque.

Avec son Plan de relance industrielle 2021-2023, le Maroc ambitionne de développer une industrie nationale innovante, décarbonée et compétitive tant sur le marché national qu’à l’international. Pour réussir cette relance, les entreprises marocaines, toutes tailles et tous secteurs confondus, devront mettre tout en œuvre pour investir dans l’économie verte. Dans ce sens, plusieurs mécanismes de financement verts ont été lancés récemment afin de stimuler les investissements dans le domaine, tels que Tatwir croissance verte, Green Value Chain ... D’ailleurs, nous travaillons actuellement sur la mise en place d’un guide sur le financement vert mettant en avant les critères d’éligibilité, les modalités d’octroi, mais aussi le processus à suivre pour l’obtention de ces fonds.

 

F.N.H. : Selon vous, l'écosystème des greens (start-up, financement donneurs d'ordre, incubateurs, programmes dédiés, etc.), se développet-il rapidement au Maroc ?

F.Z.E.K. : Aujourd’hui, l’entrepreneuriat vert a un réel potentiel au Maroc. Même s’il reste encore une niche, il n’en demeure pas moins une filière qui suscite beaucoup d’engouement et d’intérêt. La crise de la Covid-19 a également accentué cet intérêt et a démontré le besoin urgent de changer les modes de vie actuels et de repenser le modèle économique et social. Les acteurs de l’écosystème marocain, quant à eux, l’ont bien compris, et reconnaissent la nécessité d’appuyer ce secteur. On constate de plus en plus d’initiatives à fort impact favorisant la promotion et l’émergence d’entreprises vertes innovantes. Différentes lignes de financement vert sont aussi déployées afin de fournir un cadre favorable au développement de start-up au Maroc.

C’est également dans ce sens que le Cluster solaire et plusieurs acteurs de l’accompagnement au Maroc se sont unis pour promouvoir un écosystème d’innovation à travers la création de l’Association Moroccan Start-up Ecosystem Catalysts (MSEC). Une association qui vise à porter les enjeux communs de l’écosystème entrepreneurial et de défendre les intérêts des start-up. L’enjeu aujourd’hui repose sur la capacité de fédérer et renforcer les synergies entre les différents acteurs de l’écosystème.

 

F.N.H. : Quelle est l'étendue de votre partenariat avec la Caisse centrale de garantie (CCG), gestionnaire du Fonds Innov Invest ?

F.Z.E.K. : Grâce à son programme Innov Invest, la CCG a apporté un nouveau souffle aux start-up et a dynamisé de façon concrète l’écosystème entrepreneurial. Le programme a permis de répondre à un besoin réel constaté chez les entrepreneurs, qui est le financement. Des entrepreneurs pour lesquels le volet financier constitue un frein au développement de leurs projets, voient en ce programme une opportunité et un coup de pouce pour tenter l’aventure entrepreneuriale. Grâce à cette labellisation, le Cluster solaire peut accorder à ces start-up un financement sous forme de subvention qui peut atteindre jusqu’à 200.000 DH /projet dans le cadre de l’Innov Idea, mais également des prêts d’honneur pouvant atteindre 500.000 DH/projet dans le cadre de l’Innov Start.

Le Cluster solaire a pu financer plus d’une trentaine de projets innovants dans le domaine des énergies renouvelables et technologies vertes. Aujourd’hui, l’objectif majeur pour le Cluster solaire ne se limite pas à un accompagnement fourni, ou un financement donné, mais à accroître et à maximiser le taux de survie sur le marché de ces start-up; et c’est là où nous pourrons réellement constater et évaluer l’impact réel.

 

 

 

 

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