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Négociations climatiques : Ouverture du bal à Rabat

Négociations climatiques : Ouverture du bal à Rabat

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Plus de 300 dirigeants, décideurs, opérateurs économiques et experts nationaux et internationaux ont pris part au premier Forum mondial des coalitions et alliances. Lors de cette rencontre à mi-chemin entre la COP21 et la COP22, a été présentée la feuille de route pour accélérer l’action.

On en parle depuis plus de 7 mois. La COP22 est le rendez-vous le plus attendu de l’année mais également le plus grand évènement que le Maroc ait organisé. A J-128 de cette messe climatique, les premières réunions com-mencent à se tenir et les négo-ciateurs climatiques affluent des quatre coins de la planète. Le bal des négociations a été ouvert la semaine dernière lors du 1er Forum mondial des coalitions et alliances qui s’est tenu les 23 et 24 juin à Rabat. Plus de 300 diri-geants, décideurs, opérateurs économiques et experts natio-naux et internationaux ont pris part à cette rencontre lors de laquelle les deux championnes pour le climat, Hakima El Haïté et Laurence Tubiana, ont présenté leur feuille de route. L’objectif de cette première rencontre du programme de la COP22, marquée par la présence de Salaheddine Mezouar, président de la COP22, Ségolène Royal, présidente de la COP21, et Manuel Pulgar Vidal, président de la COP20, a été de main-tenir l’esprit de Paris, d’accé-lérer la dynamique autour des engagements climatiques et de renforcer la coordination de l’action sur le climat. Il a été question, entre autres, de faire le point sur l’agenda de l’action sur le climat et de mettre en place les instru-ments adaptés à l’accéléra-tion du programme d’action. L’accélération de l’action a été le mot d’ordre de cette rencontre organisée par notre pays en collaboration avec ses partenaires de l’agenda de l’action : la présidence française de la COP 21, le secrétaire général des Nations unies, la conférence cadre des Nations unies sur le chan-gement climatique (CCNUCC) et le Pérou, pays hôte de la COP20. En effet, tous les intervenants ont convenu de l’urgence d’accélérer la cadence des réalisations avant même l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris à l’horizon 2020. Le ton a été donné. Il n’y aura pas de retour en arrière car la problématique du dérèglement climatique est aujourd’hui une question de vie ou de mort pour des mil-lions de personnes, comme l’a précisé Ségolène Royal. «La COP21 a été celle de l’engagement et la COP22 sera celle de la poursuite de l’action. La négociation et la mobilisation sont les piliers de la dynamique de l’action ren-forcée par l’Accord de Paris. L’agenda de l’action pour le climat de par la contribution de toutes les parties prenantes constitue une vision pour les années à venir notamment pour la concrétisation de l’Ac-cord de Paris», a souligné, pour sa part, le président de la COP22.

Les COP, c’est désormais l’affaire de tous !

Cette première rencontre en son genre n’est que la résultante d’un changement de cap dans les négocia-tions climatiques. «L’action climatique n’implique plus uniquement les Etats mais l’ensemble des acteurs. Cette démarche d’ouverture a été renforcée lors de la COP21, et la présidence montante marocaine de la COP22 s’est engagée à la consolider», a tenu à rappeler Salaheddine Mezouar. Et c’est tout l’enjeu de cette rencontre à mi-chemin entre la COP21 et la COP22. Réunir les présidents des alliances et coalitions avant l’évène-ment de Marrakech vise à sensibiliser sur les défis à relever avant 2020 soit avant la mise en oeuvre de l’Accord de Paris. Il s’agit de mettre en place certaines mesures en vue de maintenir l’action et de renforcer les initiatives volon-taires pour atteindre l’objectif de 1,5 °C. Car, si rien n’est fait dès aujourd'hui, atteindre les objectifs fixés dans le cadre de cet Accord sera une mission impossible. Surtout que l’accélération du dérègle-ment climatique va plus vite que prévu. Le représentant du secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Robert Orr, a précisé qu’il faut agir sur tous les fronts (pouvoirs publics, bailleurs de fonds, secteur privé, socié-té civile) pour atteindre les objectifs. Tout en rappelant l’impor-tance d’une composante importante dans les débats climatiques à savoir le finan-cement. «Le soutien financier est très important pour accé-lérer l’action. Ensemble, nous pouvons construire le monde que nous voulons pour nous et pour nos enfants», a-t-il souligné.

Qui paiera les pots cassés

En effet, la question du finan-cement a toujours été au coeur des discussions et des négociations. Si aujourd’hui les pays en voie de dévelop-pement sont prêts à lutter contre les changements cli-matiques, même s’ils n'en sont pas responsables, ils ne sont toutefois pas prêts de mobiliser leurs fonds publics. Le message du ministre égyptien de l’Environnement est clair envers les pays pol-lueurs. «Nous sommes prêts pour recevoir vos fonds et votre soutien mais nous ne sommes pas prêts de dire à nos peuples qu’il va falloir dépenser de l’argent pour faire face à un phénomène dont ils ne sont pas respon-sables », a-t-il insisté. Pour mobiliser les peuples en voie de développement en faveur du climat, il faudra mobiliser les fonds des res-ponsables de cette situation climatique. C’est une condition sine qua non pour construire des modèles économiques durables et permettre aux pays les plus vulnérables et les plus touchés par ce phé-nomène d’accéder aux finan-cements climatiques pour mieux s’adapter. Dans ce sillage, Nizar Baraka, président du comité scienti-fique de la COP22, a annoncé que le Maroc propose de mettre en place une plate-forme électro-nique, Fast Track Finance, une sorte de guichet unique qui permettra à tous les pays de connaître les différents fonds existants, les critères d’éligibilité et les possibilités d’accès à ces crédits.

L. Boumahrou

salaheddine mezzouarSalaheddine Mezouar : Président de la COP22 et ministre des Affaires étrangères et de la Coopération

L’action climatique n’implique plus uniquement les États mais l’ensemble des acteurs. Cette démarche d’ouverture a été renforcée lors de la COP21 et la présidence montante marocaine de la COP22 s’est engagée à la consolider. Les alliances et les coalitions sont appelées aujourd’hui à redoubler d’effort, à plus de mobilisation et à jouer un rôle majeur dans l’accélération de l’agenda pour le climat. Plus de 11.600 initiatives ont été recensées parmi 25% des plus grandes entreprises du monde qui s’engagent à lutter contre le changement climatique. Cela équivaut à 111 entreprises du top 500 représentant un total de 6.700 milliards de dollars de capitalisation boursière, plus un tiers des plus grandes entreprises du classement Forbes à travers le monde représentant un revenu global de 19.200 milliards de dollars et 385 entreprises publiques ayant un revenu total de 2.860 milliards de dollars. Des centaines de milliards de dollars doivent se diriger vers le climat en comptant la décarbonisation des portefeuilles, le désinvestissement des combustibles fossiles et les investissements en faveur du climat. Avec plus de 2.360 villes, 160 régions et plus de 235 organisations de la société civile, c’est une véritable dynamique mondiale qui est en marche et c’est une opportunité à maintenir, soutenir et accélérer.

segolene royalSégolène Royal : Présidente de la COP21 et ministre française de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer

La route entre Paris et Marrakech est en train de s'intensifier. Après l’Accord historique de Paris, nous sommes actuellement en phase d’accé-lération des ratifications. Cette rencontre est l’occasion de lancer un appel aux Chefs d’Etat, aux gouvernements et aux Parlements du monde entier pour accélérer le processus de ratification puisque l’Accord de Paris sur le climat n’entrera en application que lorsque les 55 pays représentant 55% des émissions de gaz à effet de serre l’auront ratifié. Nous avons l’ardente obligation non seulement d’agir mais aussi de renforcer les exigences de nos engagements. Car, aujourd’hui, concernant la somme des INDC, nous sommes aux alentours des 3°C, ce qui n’est pas conforme à l’Accord de Paris. Raison pour laquelle chaque Etat doit continuer à monter en puissance sur l’exigence des engagements pris.

Hakima El Haïté : Championne marocaine pour le climat et ministre déléguée chargée de l’Environnement

Parmi les prérogatives des championnes le leadership. Il va falloir répondre aux attentes du secteur privé et des porteurs d’initiatives. Notre rôle est d’être le catalyseur entre les parties étatiques et non-étatiques. Nous aurons également un rôle à jouer au niveau de l’intégration des coalitions au niveau des INDC. Aujourd’hui, il est question de supprimer les barrières qui existent et construire des ponts entre le secteur privé, les territoires, les contributions des pays entre les politiques internationales aussi bien des Etats, des institutions financières… Il s’agit aussi de soutenir toutes les coalitions qui ont été créées et d’examiner les contraintes et les initiatives à prendre pour les encourager à répondre à leurs attributions au niveau territorial que dans toute la planète. La feuille de route des championnes qui a par le mandat de Paris accès sur le prè2020, doit faire diminuer le gap des émissions encore existant avant 2020. L’agenda prè2020 est donc capital notamment pour les générations d’aujourd’hui puisque de nombreux peuples à travers le monde souffrent et payent les conséquences du changement climatique. Il est question également d’identifier les mesures qui nous permettront d’avoir des résultats rapides.

Laurence Tubiana : Championne pour le climat

Après l’Accord universel de Paris, l’objectif aujourd’hui est de définir les nouveaux objectifs. Marrakech sera le moment d’accoucher d’une feuille de route de l’accé-lération de l’action avant 2020 et la mise en oeuvre de l’Accord de Paris. L’objectif des championnes est de créer une connexion entre les gouvernements et les parties non-gouver-nementales pour réussir, entre autres, à enraciner la mise en oeuvre nationale des contributions notam-ment dans les différents secteurs des transports, bâtiment, agriculture… D’une part, les gouverne-ments doivent travailler sur l’intégration des INDC dans les politiques publiques, et d’autre part, les acteurs non-gouvernementaux doivent clarifier les objectifs qu’ils soient quantifiables et mesurables d’ici 2018. Il est impératif aujourd’hui de casser les silos sectoriels qui existent encore pour atteindre les objectifs fixés.

Brèves

Les experts climatiques en conclave à Rabat

Le Forum des experts sur les contributions déterminées au niveau national (CDN) s’est tenu les 28 et 29 juin à Rabat. Il avait pour objectif d’examiner les composantes d’atténuation et d’adaptation des CDN à travers la discussion de thèmes tels que les moyens de mise en oeuvre, la coordination avec les différents acteurs, les liens avec les autres agendas mondiaux, le renforcement des capacités et l’accès à la finance. Les contributions et points de vue des experts ont mené à des recommandations concrètes, orientées vers l’atteinte des résultats. Le Forum des experts sur les CDN est le deuxième événement de l'année organisé au Maroc dans le cadre de la feuille de route du Global climate action agenda lancée par les deux championnes de haut niveau pour le climat, Hakima El Haïté et Laurence Tubiana. La session d’ouverture du Forum des experts sur les CDN sous le thème «implications de l'Accord de Paris pour la mise en oeuvre des CDN» a été marquée par l’intervention de Hakima El Haïté, envoyée spéciale pour la mobilisation pour la COP22, Nizar Baraka, président du comité scientifique de la COP22, Philippe Poinsot, représentant résident du PNUD au Maroc, Michael George Hage, représentant de la FAO au Maroc et Jürgen Dierlmaier, directeur du GIZ au Maroc.

Trophée Lalla Hasnaa Littoral durable : Appel à candidature

La Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement présidée par SAR la Princesse Lalla Hasnaa, lance un appel à candidature pour la deuxième édition des «Trophées Lalla Hasnaa Littoral Durable». Organisés à fréquence biennale par la Fondation, ces Trophées remplacent désormais, et ce depuis la première édition de 2014, les «Trophées Lalla Hasnaa Plages Propres», initiés par la Fondation en 1999. Les «Trophées Lalla Hasnaa Littoral Durable» sont le fruit d’une réflexion visant à accompagner les objectifs élargis de la Fondation, notamment en termes de développement durable du littoral, de l’implication de tous les acteurs dans la protection de l’environnement et de l’encouragement des initiatives citoyennes.

Opération Zéro mika

La Coalition marocaine pour la justice climatique (CMJC) a lancé le «Week end national de ramassage des sachets plastique», qui s’est déroulé du 24 au 26 juin 2016. Cette large action ouverte au public s’inscrit dans le cadre de l’opération Zéro mika, initiative de sensibilisation à l’impact des déchets plastiques sur la santé et l’environnement et de mobilisation pour leur ramassage. Une première opération pilote en présence des médias a été organisée à Bir Jdid, dans la périphérie de Casablanca, avec le soutien des autorités locales et la participation de nombreux bénévoles et acteurs. Parallèlement à ce premier événement, la Coalition a activé ses réseaux à travers le Royaume pour l’organisation d’initiatives locales similaires, ciblant les points noirs et les zones les plus touchées par la pollution des déchets plastiques. Tous les Marocains sont ainsi invités à rejoindre les opérations organisées dans leurs localités respectives, afin de débarrasser leur pays des sachets et déchets plastiques et mettre fin à leur prolifération. Encore faut-il y participer en rejoignant l’une des différentes opérations de ramassage organisées sur le territoire et recensées sur le site web www.zeromika.ma

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