La superficie prévue dans le cadre du Programme national d’économie d’eau en irrigation est faible selon les experts environnementaux. Pour faire face aux effets du changement climatique dans le secteur agricole, la communauté scientifique préconise l’adoption du modèle de l’agriculture climato-intelligente.
L’accélération du changement climatique impose une révision des stratégies et des politiques à tous les niveaux, afin de mieux les adapter au nouveau contexte mondial.
Un contexte marqué par la rareté des ressources naturelles, la sécheresse, la salinisation et la désertification dues essentiellement à l'industrialisation de la planète et à l'utilisation massive des énergies fossiles. Parmi les ressources les plus menacées de pénurie, celle de l’eau. A cet effet, la communauté des scientifiques appelle à l’adoption de stratégies visant à rationaliser davantage l'utilisation des ressources en eau, particulièrement pour les secteurs grands consommateurs d’eau comme l’agriculture.
Pour faire face à cette nouvelle donne, le Maroc, dans le cadre du Plan Maroc Vert, a adopté le Programme national d’économie d’eau en irrigation (PNEEI) qui vise à atténuer la contrainte hydrique. Un programme qui, rappelons-le, prévoit une conversion massive de l’irrigation de surface et par aspersion en une irrigation localisée, sur une superficie de près de 550.000 ha pendant une période de 10 ans; soit un rythme d’équipement moyen de près de 55.000 ha/an.
Toutefois, cette superficie reste négligeable comparativement à la superficie agricole irriguée, estimée à 1,6 million d’hectares, selon les experts environnementaux.
Le Maroc devrait-il revoir le PMV afin d’adopter un modèle agricole plus adapté au contexte actuel ?
A en croire notre spécialiste (voir oeil de l’expert), cela est même vivement recommandé. Parmi les approches que préconisent les scientifiques, celle de l’agriculture climato-intelligente (Climate-smart agriculture). Une approche qui permet d’atteindre des priorités de développement agricole dans un contexte de changement climatique tout en intégrant d’autres priorités de développement. Ce modèle permet de répondre aux défis du siècle, à savoir la sécurité alimentaire, l’adaptation de l’agriculture au changement climatique et la contribution à son atténuation.
Ce qui s’inscrit parfaitement avec l’engagement pris par le Royaume en matière de contribution à la lutte contre le changement climatique. Un changement qui impacte de plus en plus le secteur agricole, de manière générale, et les agriculteurs, en particulier.
Il ne faut surtout pas perdre de vue que le changement climatique a déjà une influence négative sur la production alimentaire, alors que la demande va évoluer très fortement au cours des 40 prochaines années.
Conseils pratiques
Appel à votre citoyenneté
Faut-il rappeler que l’Aïd al-Adha est l’une des fêtes religieuses les plus attendues mais également celle qui engendre le plus grand volume de déchets ? En effet, le constat de la propreté des villes à cette période est sans appel. Durant presque dix jours, nos villes ressemblent à des décharges à ciel ouvert. Raison pour laquelle, le ministère délégué chargé de l’Environnement a organisé une campagne de sensibilisation sur la propreté et l’hygiène du milieu, ainsi que des opérations de distribution de sacs en toile par les associations environnementales. Une campagne de sensibilisation menée en collaboration avec les organisations non gouvernementales et les sociétés délégataires chargées de la gestion des déchets, qui a touché également (à travers la Caravane verte) les souks dans plusieurs villes du Royaume.
Toutefois, une campagne de sensibilisation ne suffit pas pour régler ce problème, il faut la mobilisation de tous. Alors faites preuve de citoyenneté en minimisant et en rationalisant vos déchets, en sensibilisant votre entourage, en pensant aux personnels des sociétés de collecte des déchets, qui sont contraints de travailler même le jour de l’Aïd.
L'oeil de l'expert
Le modèle agricole «Plan Maroc Vert» à l’épreuve
J’ai eu l’occasion, dans un précédent article, d’attirer l’attention sur la menace qui pèse sur notre pays en termes de disponibilité de l’eau, ressource indispensable à la vie et à usages multiples. L’objectif était d’inciter les pouvoirs publics à se doter d’une vision et d’une stratégie à long terme.
M’inscrivant dans la même ligne de pensée, je voudrais aujourd’hui pousser la réflexion sur le modèle agricole du «Plan Maroc Vert» (PMV), sachant que l’agriculture, en utilisant environ 90% des disponibilités hydriques et en assurant la sécurité alimentaire, se trouve au coeur du développement durable du pays.
Faisons d’abord un petit tour d’horizon des organisations internationales oeuvrant dans les domaines de l’agriculture et de l’eau : le Conseil mondial de l’eau, la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde, la FAO, le Centre international de la recherche agricole dans les zones arides, Slow food international, etc. Différents modèles agricoles sont prônés : agro-écologie, aridoculture, permaculture etc.
A quelques différences près, la plupart des organisations critiquent le modèle ultra-productiviste et convergent vers ce que la FAO appelle «l’Agriculture climato-intelligente». Plus simplement, on peut dire qu’il s’agit d’un modèle qui repose, d’une part, sur la résilience des plantes et des animaux aux sécheresses prolongées, et d’autre part, sur l’amélioration des conditions de vie des paysans, notamment les plus démunis et les plus vulnérables. Rappelons aussi que 2014 a été décrétée année internationale de l’agriculture familiale.
Le Plan Maroc Vert répond-il aux critères de ce modèle intelligent ? Précisons tout de suite que l’espace réservé à cet article ne permet pas de répondre de manière argumentée et détaillée à la question. Cependant, tout en rappelant que le PMV repose sur un pilier (P1) dédié à l’agriculture qualifiée de moderne et sur un pilier (P2) dédié à l’agriculture familiale et sociale, on peut avancer les réflexions qui méritent un débat approfondi.
Concernant l’aspect de résilience au changement climatique, on doit reconnaître au PMV une avancée notable au niveau de l’économie d’eau dans les techniques d’irrigation. Il en est de même pour l’extension de certaines plantes dites de terroir, comme l’olivier et le cactus, permettant de mieux résister à la sécheresse. Malheureusement, les superficies sélectionnées pour ces opérations restent négligeables par rapport au défi climatique et à l’ensemble des superficies agricoles touchées par la sécheresse et la menace de désertification. De plus, son action est quasiment nulle en matière de lutte contre les pollutions chimiques et la salinisation des terres.
Concernant l’aspect socioéconomique, l’option productiviste est clairement affichée à travers la faible part réservée au P2 dans le budget global du PMV et qui n’atteint même pas les 17%. De plus, malgré les efforts déployés, les agriculteurs concernés par ce pilier souffrent d’un grand déficit d’encadrement de la part des techniciens travaillant dans les services locaux du ministère.
A la lumière de ces considérations internationales et nationales, il est vivement recommandé de soumettre le PMV à une évaluation plus objective et d’en retenir le modèle agricole répondant le mieux au concept du développement durable reconnu au niveau mondial et au niveau de notre nouvelle Constitution de 2011.
Bio express
Abdelhadi Bennis, ancien ingénieur général supervisant les structures locales d'encadrement des agriculteurs au sein du ministère de l'Agriculture, membre de l’Association Ribat Al Fath pour le Développement durable à Rabat et Président du Club Environnement.
Lamiae Boumahrou