L’affaire des importations de déchets en provenance d’Italie, divise l’opinion publique. Certains y voient un acharnement contre Hakima El Haïté, ministre déléguée chargée de l’Environnement.
Empêtrée dans la polémique suscitée par les importations des déchets en provenance de la province de Pescara (Italie), Hakima El Haïté, ministre déléguée chargée de l’Environnement, a jugé pertinent d’organiser une rencontre avec la presse nationale, qui s’est d’ailleurs vu voler la vedette par les associations écologistes qui se sont mobilisées massivement pour l’occasion. Cette rencontre rythmée par des débats houleux a permis à la patronne du département de l’Environnement de lever le voile sur cette affaire qui domine le débat public. D’emblée, El Haïté a apporté une clarification de taille : «Au sens classique du terme, les produits importés d’Italie ne sont pas des déchets, mais des Refuse Derived Fuel (RDF)». En d’autres termes, ces combustibles solides de récupération qui en aucun cas ne sont de nature à menacer la santé des Marocains, d’après le ministère de tutelle, et sont composés, entre autres, de papier, de cartons et de textile. Si certains affichent une stupéfaction et un désarroi face à l’importation de ce type de produits, force est de reconnaître que ce n’est pas la première fois que le Maroc importe des produits de recyclage des déchets, puisqu’il en réceptionne en moyenne annuelle 450.000 tonnes en conformité avec les règles internationales (Convention de Bâle dont le Maroc est signataire). De plus, rien de surprenant puisque le Royaume s’est résolument engagé dans la promotion de la valorisation énergétique des déchets. L’objet recherché est à la fois de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la facture énergétique pour le moins salée. Aux personnes qui réclament sa démission pour avoir mis la santé des Marocains en danger, El Haïté rétorque qu’elle ne démissionnera pas car l’importation des RDF en provenance d’Italie s’est faite au regard de la loi 28-00 portant sur la gestion des déchets et leur élimination. Celle-ci a rappelé que les déchets importés de Pescara ont été soumis aux analyses de leur composition par un laboratoire international habilité avant et après leur arrivée. D’ailleurs, les analyses se poursuivent. «Si les analyses ne s’avèrent pas concluantes, ou seraient supérieures aux valeurs déclarées par l’importateur, l’autorisation d’incinération ne sera pas délivrée par la tutelle au cimentier», précise le ministère. A l’évidence, la conséquence de ceci est l’expédition des RDF vers le pays d’origine aux frais du cimentier, qui n’est autre que Lafarge Maroc.
M. Diao