Des projets ambitieux, des partenariats internationaux et une vision claire font du Maroc un acteur majeur dans la transition énergétique mondiale.
Par K. A.
Avec un engagement fort en faveur de l'hydrogène vert, le Maroc se positionne en tant que hub stratégique, prêt à répondre aux enjeux environnementaux et économiques du XXIème siècle. Dans le contexte mondial de lutte contre le changement climatique, le Maroc a identifié l'hydrogène vert comme un vecteur clé pour décarboniser des secteurs industriels à forte émission de carbone.
Cette ressource, produite à partir d'énergies renouvelables, offre une alternative propre et durable pour répondre aux besoins croissants en énergie. Fin juillet, le Roi Mohammed VI a réaffirmé dans le discours du Trône les ambitions du Royaume, appelant le gouvernement à «une mise en œuvre rapide et qualitative» de «l'Offre Maroc» pour l'hydrogène vert. Le Souverain a souligné l'importance de «valoriser les atouts dont dispose notre pays en la matière et répondre au mieux aux projets portés par les investisseurs mondiaux dans cette filière prometteuse».
En septembre dernier, le gouvernement a annoncé son intention de lancer un projet d’hydrogène vert dès 2024 dans un contexte de demande mondiale croissante d’énergie propre. En effet, le Maroc cherche à augmenter la part des énergies renouvelables pour la production d’électricité de 60% d’ici 2040 et à 70% d’ici 2050. D’ici 2050, les revenus issus de l’hydrogène propre devraient dépasser 280 milliards de dollars.
Selon Adil Gaoui, président de l’Association marocaine de l’hydrogène et le développement durable (AMHYD), «le Maroc a tous les atouts pour devenir un pionnier mondial de l'industrie H2. Il a en effet pris une précieuse option en souscrivant il y a plusieurs années à l'industrie photovoltaïque. Les centrales solaires à Ouarzazate et ailleurs, aux côtés des stations éoliennes, donnent au pays un atout majeur d'avoir une ressource renouvelable verte pour produire au pied de ces stations du gaz hydrogène et solutionner ainsi le problème majeur de stockage du surplus d'énergie produite et jetée en l'absence de solutions de stockage.
Le Royaume est ainsi vu aujourd'hui par tous nos voisins européens comme un fournisseur potentiel de H2 vert. L'Union européenne souhaite ainsi dupliquer ce que fait d'ores et déjà le Japon avec l'Australie en produisant du H2 vert australien exportable vers le Japon». Le projet d'ORNX, avec son lancement de la phase d'études pour une plateforme de production d'hydrogène vert à Boujdour, se démarque comme une initiative phare du Maroc dans ce domaine. Une capacité combinée de 1,8 GW en énergie éolienne et solaire prévoit la production de plus de 100.000 tonnes d'hydrogène et 600.000 tonnes d'ammoniac vert. Cependant, la route vers une production d'hydrogène vert n'est pas sans défis.
Les intermittences inhérentes aux énergies renouvelables nécessitent des solutions ingénieuses. La technologie d'électrolyse est envisagée, mais le choix final reste en suspens. En outre, l'Union européenne envisage d'étendre le projet H2Med au Maroc d'ici 2040. Cette extension du corridor méditerranéen de l'hydrogène ouvre des perspectives diplomatiques et économiques significatives.
Le Maroc pourrait devenir un fournisseur majeur d'hydrogène vert pour l'Europe, contribuant ainsi à la construction d'une économie mondiale plus respectueuse de l'environnement. La construction d'infrastructures, telles que des gazoducs, s'inscrit dans la stratégie du Maroc pour concrétiser son rôle dans le réseau européen Hydrogen Backbone. Des partenariats avec des acteurs clés, comme l'Espagne, et des entreprises telles que "Cepsa", soulignent la dimension collaborative de cette transition énergétique. Les projets d'hydrogène vert au Maroc sont également destinés à transformer des industries à forte émission de carbone. Le ciment et l'acier, essentiels au développement économique, pourraient bénéficier de cette transition en réduisant leur impact environnemental.
Aussi, la position géostratégique du Maroc, doté d'installations portuaires de premier plan, le place en pole position pour devenir un hub mondial de l'hydrogène vert.