Plus de 300 participants, dont des ministres africains et arabes de l'Habitat et du Développement urbain ont pris part au premier Forum ministériel africain sur l’habitat et le développement urbain organisé par le Maroc. Outre les 7 conventions signées entre le Maroc et des pays africains, ce Forum a été clôturé par la Déclaration de Rabat, qui appelle à la simplification du cadre législatif de l'urbanisation. Le modèle marocain en matière d’éradication des bidonvilles a été mis en exergue en marge de l'évènement.
En plus d’être le continent le plus pauvre, le plus vulnérable aux effets du changement climatique, l’Afrique est également le continent qui connaît une forte urbanisation de la pauvreté (60% des urbains vivent dans l’habitat informel). Un phénomène dû principalement à une urbanisation rapide, résultat de la croissance démographique et de l’exode rural, à un manque d’emplois urbains décents et à une insuffisance de planification et de gestion maîtrisée des villes.
Autant de facteurs qui préoccupent de plus en plus les pouvoirs publics des pays africains contraints de faire face à une urbanisation massive avec toutes les conséquences qui en découlent.
Pour relancer le débat sur les défis à relever en matière d’habitat, des ministres africains et arabes de l’habitat se sont réunis, la semaine dernière à Rabat, pour le premier Forum ministériel africain sur l’habitat et le développement durable (Fomahdou).
Ce Forum, qui a fait salle comble avec plus de 300 participants, est une initiative marocaine fortement saluée par les pays présents, et dont l’objectif était de rassembler autour d’une même table les principaux concernés par cette problématique en vue de contribuer au processus préparatoires de la 3ème Conférence des Nations unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), qui se tiendra à Quito (Equateur) du 17 au 21 octobre 2016. Cet évènement tant attendu constituera un véritable instrument de plaidoyer en faveur de l’habitat des pauvres, pour l’accès à un logement décent et abordable, et intègrera pleinement la feuille de route du nouvel agenda urbain à l’horizon 2030.
Organisé par le ministère de l’Habitat et de la Politique de la ville, conjointement avec ONU-Habitat III, ce premier Forum a permis de rappeler les enjeux de développement majeurs du XXIème siècle pour le continent, de partager les modèles de développement urbain et de chercher des solutions concrètes concernant la problématique de la ville, son développement et sa durabilité.
Lors de son intervention à la cérémonie d’ouverture, le Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, a appelé tous les intervenants à élaborer une feuille de route pour relever les défis liés à l’urbanisation rapide et pour éviter que les villes deviennent une trappe. Il a également appelé les gouvernements à prendre les décisions adéquates le plutôt possible pour répondre aux problèmes liés à l’urbanisation et dont souffrent bon nombre de pays africains.
Il faut dire que l’urgence est de mise.
Et pour cause, comme l’a rappelé le ministre Mohamed Nabil Benabdallah, l’Afrique deviendra urbaine à 50% à l’horizon 2030, dans un contexte mondial dominé par les villes, avec 4 milliards d’urbains pour une population totale de 7,3 milliards d’habitants, soit 55% au total. En 2050, ce taux sera porté à 70%, soit environ 6,3 milliards de citadins sur 9 milliards d’habitants.
Cette transition urbaine accélérée n’est pas sans conséquence aussi bien sur le développement des villes, sur le développement socioéconomique et sur la qualité de vie des citadins.
Le développement de villes intégrées, équitables et durables est devenu de ce fait plus qu’une urgence. Il s’agit en effet d’instaurer une équité urbaine par l’accès à un logement décent, la promotion d’une planification urbaine maîtrisée, génératrice de richesses et d’emplois, l’intégration de la dimension environnementale dans la gestion et la planification urbaines et la réduction des risques, dans un contexte de raréfaction de la ressource hydrique, de littoralité de nombreuses métropoles et de catastrophes naturelles.
Ce Forum a donc été le premier jalon pour l’aboutissement à un nouvel agenda urbain de portée mondiale (en cours d’élaboration) qui sera adopté par la communauté internationale à Habitat III.
A noter également qu’en marge de ce Forum, le Maroc et l'ONU-Habitat ont signé un accord visant à perpétuer la présence de cette institution au Royaume et qui reflète parfaitement le niveau de la coopération et la collaboration qui existe entre le Maroc et l’ONU dans le domaine de l’habitat.
L’expérience marocaine en urbanisme
Encore une fois, le Maroc n’a pas manqué l’occasion de présenter les avancées réalisées en matière de consécration et de promotion du droit au logement. Un droit constitutionnel inscrit dans la nouvelle Constitution de 2011, associé à celui de l’eau et d’un environnement sain, de l’accès aux soins de santé et de la protection sociale.
Un droit qui s’est traduit par le prolongement du programme national «Villes sans bidonvilles», lancé en 2004 sous l’impulsion de SM le Roi. Le Maroc a ainsi placé la question du logement au coeur de ses priorités en l’érigeant en axe d’intervention majeur de la cohésion sociale et de la dynamisation économique.
Chiffres à l’appui, à décembre 2015, 55 villes et centres étaient déclarés sans bidonvilles sur les 85 villes concernées. C’est ainsi que plus de 1.300.000 habitants ont vu leurs conditions d'habitat s'améliorer, soit un taux de réalisation de 80% des ménages, pour les opérations achevées ou en cours d’exécution.
Aussi, le Royaume est pionner en matière de décentralisation.
«Le Maroc est un exemple à suivre en matière de consolidation de la décentralisation», a souligné Khalifa Sall, président de cités et gouvernements locaux unis d'Afrique (CGLUA), dont l’intervention a été longuement applaudie.
Et pour cause, Khalifa Sall a mis l’accent sur un volet fondamental : celui de la décentralisation et, surtout, sur la place que doivent occuper les autorités locales dans le développement urbain des villes. Il a insisté sur la nécessité de mettre de côté les discours politiques et d’agir en faisant de la place aux autorités locales et en les laissant prendre leur part de responsabilité.
Brèves
Processus de ratification de l'Accord de Paris
A mi-parcours de la 22ème Conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique, la conférence de Bonn a démarré lundi 16 mai. 3.000 délégués qui représentent les 197 parties (196 pays et l’UE), entament un long marathon qui s’étendra sur 10 jours, autour d’un plan de travail destiné à concrétiser les prochaines étapes nécessaires à la mise en oeuvre de l’accord historique de Paris. Depuis l’ouverture à sa signature le 22 avril dernier à New York, 177 pays l’ont paraphé et une quinzaine d’autres ont déjà déposé les instruments de sa ratification. Premier pas vers l’application de l’Accord de Paris et à quelques mois de la COP22, la conférence de Bonn verra l’organisation des 44ème sessions des organes subsidiaires de la Conférence cadre des Nations unies sur les changements climatiques (SBI et SBSTA) et la première session du groupe de travail ad hoc su l’Accord de Paris (APA1).
Charafat Afailal à Johannesburg
La ministre déléguée chargée de l’Eau, Charafat Afailal, a pris part à la 84ème réunion annuelle de la Commission internationale des grands barrages (CIGB) qui s’est tenue à Johannesburg, en Afrique du Sud. La ministre a participé également à la cérémonie d’ouverture du Symposium organisé en marge de CIGB, et dont le thème porte sur «La technologie appropriée pour assurer le bon développement, l’exploitation et l’entretien des barrages dans les pays en voie de développement».
Lamaie Boumahrou