2016 a été marquée par une levée importante de green bonds par les banques marocaines qui se sont engagées, en marge de la COP22, à accompagner le Maroc dans son processus de lutte contre les changements climatiques.
En un an, l’AMMC a délivré 4 visas pour la réalisation de levées de green bonds à Masen (1,15 Md de DH) ainsi qu’à 3 banques, à savoir BMCE Bank (500 MDH), BCP (135 millions d'euros, soit une levée en devise étrangère) et Crédit Agricole du Maroc (500 MDH). Le montant global des émissions obligataires par appel public à l’épargne autorisé en 2016 s’est élevé à 16,1 Mds de DH, explique Nasser Seddiqi, directeur de la Direction des émetteurs à l’AMMC (voir entretien).
La mobilisation du secteur financier s’est, en effet, traduite par son ouverture sur ce nouveau segment de marché. Pour accompagner ce mouvement, plusieurs actions ont été menées pour ne citer que la mise en place d’un cadre règlementaire visant à promouvoir des instruments de marché dédiés au financement du climat, notamment le fonds d’investissements vert, les obligations vertes…
Grâce à ce cadre réglementaire, le Maroc s’est mis à l’endettement vert en vue de financer des projets ayant un impact environnemental positif. Aujourd’hui, un an après le lancement des green bonds, une question s’impose : l’engouement affiché par les banques a-t-il été maintenu en dépit du relâchement de la mobilisation internationale autour des questions climatiques ?
Il semble que oui ! C’est ce qu’affirme l’AMMC, qui dresse un premier bilan plutôt positif. Ce nouveau segment sur le marché des capitaux marocain connaît une montée en puissance progressive. Un constat partagé par BMCE Bank, première banque à lever une obligation verte. «Un an après le lancement de l’émission obligataire verte, en date de novembre 2017, d’un montant de 500 MDH, 100% de son produit net ont été placés en faveur d’un projet de parc éolien d’une capacité de 120 MW. Le projet financé a fait l’objet de sélection et d’évaluation par un comité green bonds créé spécialement pour cette opération», indique un responsable de la banque.
Ce projet répond aux critères d’éligibilité mentionnés dans le Framework initial validé par l’autorité de marché et Vigéo Eiris, l’agence de notation extra-financière. Chiffres à l’appui, cet investissement contribuera à réduire plus de
143.000 tonnes de CO2 par an. Outre les émissions de gaz à effet de serre, 80% de l’énergie produite (estimée à 330 GWh/an) soit près de 264 GWh/an seront vendus aux clients industriels. Le reliquat, soit 66 GWh/an, sera distribué dans le cadre d’un contrat de fourniture d’énergie à un opérateur public, souligne notre source.
Un premier constat encourageant qui confirme les prévisions relatives à l’émergence de ce nouvel instrument de financement.
Selon le gendarme du marché des capitaux, la demande pour ce type de dispositif est grandissante et ne se limite pas uniquement aux émetteurs, mais également aux investisseurs. Mieux encore, ces lignes de financement suscitent aussi bien l’intérêt des grandes entreprises que des PME.
«Le produit net de l’émission est destiné au financement de projets d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables portés par des entreprises marocaines y compris les PME. D’autres projets PME seront financés au fur et à mesure de l’amortissement de l’encours du crédit, qui a consommé la totalité des fonds disponibles», affirme notre interlocuteur au sein de BMCE Bank. La banque souhaite ainsi accompagner les PME dans leur démarche de mise à niveau environnementale, mais aussi celles qui souhaitent investir dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
Le marché n’est certes qu’à ses débuts. Toutefois, les perspectives de développement sont énormes à condition de surmonter les écueils qui freinent son développement. Des actions d’information et de sensibilisation sont à prévoir par les différents intervenants auprès des entreprises pour tirer vers le haut ce segment.
«Un audit financier a fait l’objet de publication au niveau du site web de la banque et a été adressé à l’AMMC pour informer les investisseurs. La Second Party Opinion (avis d’un deuxième tiers) a été réalisée, à la date anniversaire, par l’agence de notation extra- financière Vigéo Eiris afin d’apporter un niveau d’assurance quant à l’utilisation des fonds en faveur des projets répondants aux critères d’éligibilité et indicateurs de performance», atteste le responsable de BMCE Bank. ■
Quid du green bond BMCE Bank of Africa ?
Le green bond BMCE Bank of Africa est considéré aujourd’hui comme étant un Positive Impact Bond dans le cadre de l’initiative Positive Impact Finance, lancée par United Nations Environment Programme Finance Initiative (UNEP FI). Il est positionné ainsi, vu l’intégration des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance, dans l’identification, la sélection et l’évaluation des projets éligibles qui devront se réaliser a minima des indicateurs de performances fixés dans le Framework.
L. Boumahrou