L’encours des obligations vertes au Maroc stagne à 4 milliards de DH.
Au niveau mondial, les émissions de green bonds s’envolent.
Par A.E
Alors que le marché mondial des green bonds poursuit sa tendance haussière (voir encadré), force est de constater qu’au Maroc l’enthousiasme post- COP22 est quelque peu retombé. On se souvient en effet que dans le sillage de la grand-messe mondiale du climat en décembre 2016 à Marrakech, plusieurs institutions étatiques et privées avaient procédé pour la toute première fois à l’émission d’obligations vertes. Au total, ce sont 6 émissions durables qui ont été réalisées sur le marché marocain, totalisant un montant global de près de 4 milliards de dirhams.
Les émetteurs qui ont franchi le pas sont Masen, Attijariwafa bank, Banque Populaire, BMCE BoA, et plus récemment la holding Al Omrane et Casablanca Finance City. Depuis, c’est le calme plat. Il faut dire qu’au Maroc, c’est toute l’industrie de la dette privée qui est moribonde, en témoigne le très faible recours des émetteurs du secteur privé (hors banques) aux émissions obligataires, alors même que les conditions de marché n’ont jamais été aussi avantageuses, avec des taux qui atteignent des niveaux historiquement bas.
Le contexte économique peu porteur qui caractérise l’économie nationale ces dernières années et la relative faiblesse de l’investissement privé, expliquent, en partie, le faible recours des émetteurs au marché de la dette.
Toujours est-il que les montants levés au Maroc par la voie d’obligations vertes sont appelés à croître. D’une part, parce que l’attrait des investisseurs pour ce type de papier est réel, la plupart des émissions réalisées par les entreprises marocaines ayant été sursouscrites.
D’autre part, parce que le cadre réglementaire national pour ce type d’émissions est aux meilleures normes internationales. Dès 2016, l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) publiait le tout premier guide en Afrique sur les green bonds. Un peu plus tard, le régulateur du marché éditait un guide des «Sustainability Bonds» (obligations durables), afin d’encourager le développement du marché des instruments financiers durables.
Cet activisme «vert» a valu à l’AMMC de participer dans des groupes de travail internationaux dédiés à la finance verte, notamment en sa qualité de membre et co-président du Sustainable Banking Network. Ce cadre idéal pour le développement de la finance verte gagnerait néanmoins à être accompagné par des mesures de soutien, comme le renforcement des capacités des acteurs ou encore la mise en place d’une fiscalité incitative, afin que cette industrie prometteuse ne soit pas un coup d’épée dans l’eau.