Par C. Jaidani
Dans le cadre de sa stratégie de gestion de l’assainissement, le Maroc a accordé une attention particulière aux déchets ménagers tant au niveau national, régional que local. Sous l’effet de l’essor démographique, urbanistique et économique, les communes à qui incombe cette tâche sont constamment à la recherche de solutions plus pertinentes et plus pratiques. Sur le plan législatif, le pays s‘est doté d’un ensemble de textes de loi et règlements pour bien encadrer ce domaine, comme la loi 28-00 adoptée en 2006.
Ce texte avait pour objectif de lutter contre l’impact nuisible des déchets, la préservation de la santé publique, le respect de la vie sous toutes ses formes (végétale, animale, aquatique, terrestre…), l’intégrité de tous les milieux de vie (eau, air, sol…) et de tous les écosystèmes et sites naturels et environnementaux. Pour appliquer ces dispositions, le Royaume a lancé un Programme national des déchets ménagers et assimilés (PNDM) doté d’une enveloppe budgétaire de 40 milliards de DH, dont 72% sont destinés à la collecte des déchets et 14,6% pour le contrôle et l’exécution des décharges contrôlées.
L’arsenal législatif a été complété par la promulgation de la loi 77-15 stipulant l’interdiction de la fabrication, de l’importation, l’exportation et la commercialisation des sacs en plastique. Ce programme n’a pas pu atteindre tous ses objectifs, car sur un total de 74 décharges, seules 24 ont été réhabilitées. 17 plans directeurs provinciaux ont vu le jour sur un total de 67 et seules deux expériences de transformation d’énergie en utilisant le biogaz ont eu lieu.
Malgré sa croissance, le taux d’enfouissement des décharges dépasse à peine les 53%. Les limites de la stratégie du Royaume en matière de gestion des déchets ménagers sont également visibles au niveau du recyclage de ces produits, qui ne dépasse guère les 12% des 12 millions de tonnes collectées annuellement. Pourtant, tout un écosystème a vu le jour à ce niveau, regroupant les collecteurs, les trieurs, les semigrossistes, les recycleurs et les transporteurs. Ces activités opèrent selon des méthodes traditionnelles, qui, pour la plupart, travaillent dans l’informel.
Les produits les plus recherchés sont le plastique, le verre, le carton, l’aluminium et, dans une moindre mesure, l’acier et le bois. Alors que les produits organiques, qui représentent plus de 80% des déchets ménagers et pouvant être transformés en compost ou fertilisants, ne sont pas recyclés faute de sites dédiés. Ces dysfonctionnements font de la plupart des décharges publiques une menace sérieuse pour l’environnement. Celle de Médiouna est arrivée à saturation.
Outre les odeurs nauséabondes qui affectent les environs du site sur un périmètre de plus de 20 km, la nappe phréatique est contaminée. Les engagements des autorités locales pour la construction d’une usine de recyclage n’ont pas été respectés et la fermeture définitive de la décharge est à chaque fois différée.