Le projet de loi 64/23, récemment adopté en Conseil de gouvernement, prévoit la création de 12 agences urbaines régionales dotées de nouvelles prérogatives. Objectif : corriger les dysfonctionnements actuels, anticiper les besoins futurs et bâtir un urbanisme plus respectueux de l’environnement, du patrimoine et des réalités régionales.
Par C. Jaidani
Sous l’effet de la croissance démographique et économique, le Maroc a connu ces dernières années un développement urbanistique important. Le dernier recensement de la population de 2024 a révélé que la population urbaine continue de croître plus vite que la population rurale. En effet, 63% des Marocains sont citadins, et cette tendance est appelée à se poursuivre dans les années à venir.
Dans ce contexte, malgré les efforts déployés, le Maroc accuse un déficit en matière de logements. Ce sont donc des défis de taille à relever en matière d’habitat, de réalisation d’équipements de base et d’infrastructures publiques, et de lancement de zones d’activités ou industrielles. Ces défis soulignent l’importance d’accompagner cet essor à travers un dispositif réglementaire, technique et législatif pour atteindre les objectifs escomptés.
Les agences urbaines ont un rôle clé à jouer dans ce domaine, notamment en matière de supervision du secteur, de contrôle de la production des documents d’urbanisme ou de proposition de projets de loi. Ainsi, le Conseil de gouvernement a approuvé le 26 juin le projet de loi n° 64/23. Ce texte porte sur la création de 12 nouvelles agences urbaines régionales. Il s’inscrit dans le cadre de la modernisation de l’administration publique pour assurer une bonne proximité avec les usagers et les partenaires. En cela, les agences devraient disposer de succursales dans les villes de la région où elles sont implantées.
«Le projet de loi est l’aboutissement d’un diagnostic approfondi, ordonné par le département de l’Habitat et de l’Urbanisme, qui a relevé des dysfonctionnements importants au niveau des services de ces entités. Il vise à donner aux agences urbaines une nouvelle stature marquée par des attributions harmonisées et régionalisées», souligne Mohamed Alaoui, expert en immobilier.
Et d’ajouter que «ce projet de loi a pris du retard pour prendre forme. L’arsenal juridique actuel a pris ‘un coup de vieux’. L’urbanisme, l’aménagement du territoire et l’habitat sont un secteur stratégique pour le développement socioéconomique du Royaume. La réforme permettra aux agences urbaines de s’adapter aux mutations que connaît le pays. Certes, ces agences ont, depuis leur création, contribué à améliorer la qualité de la vie dans les villes, mais leurs attributions sont confrontées à plusieurs contraintes. Elles doivent avoir plus d’autonomie en matière de décision et de conception de textes réglementaires».
Il faut noter que la principale mission des nouvelles agences urbaines concerne la création de documents d’urbanisme de nouvelle génération, qui prennent en considération différents paramètres comme l’aspect écologique dans la construction, la mixité sociale, la connectivité et les spécificités de chaque région.
Pour les villes à forte concentration démographique où il existe une pénurie de foncier, il est préconisé de favoriser la verticalité. Et pour celles qui ont un caractère historique comme Fès, il est recommandé de préserver le cachet du patrimoine ancestral de ces villes. La production de ces documents est quasi généralisée dans les zones urbaines, mais elle n’atteint que 75% dans le monde rural.
D’où un travail important à faire à ce niveau, en plus de généraliser la dématérialisation et rendre les prestations plus efficaces. Alaoui tient à préciser par ailleurs que «les agences ont également des contraintes majeures en matière de gestion des ressources humaines.
Pour être en phase avec leurs objectifs, ces institutions ont besoin de profils qualifiés dans de nombreux domaines, notamment administratifs et techniques. Pour les séduire, il faut leur proposer des salaires intéressants et un plan de carrière attractif, d’où un nouveau statut pour les cadres et les employés de ces agences».