Faute d’un remaniement des systèmes financiers nationaux et internationaux, les gouvernements risquent d’échouer dans leurs engagements pour l’atteinte des ODD.
60 organisations internationales tirent conjointement la sonnette d’alarme.
Par Momar Diao
Le verdissement du système financier mondial est une nécessité au regard des conséquences dramatiques du réchauffement climatique sur la santé publique et le creusement des inégalités économiques. Cet impératif est corroboré par un rapport intitulé «Financement du Développement Durable 2019», public récemment. Le document est le fruit d’un travail commun du Groupe de réflexion inter institutions sur le financement du développement, regroupant plus de 60 agences des Nations unies et organisations internationales. Ces dernières (dont le FMI, l’OMC et la Banque mondiale) tirent conjointement la sonnette d’alarme en mentionnant qu’à défaut d’un remaniement des systèmes financiers nationaux et internationaux, les gouvernements du monde entier échoueront dans leurs engagements liés à la lutte contre le changement climatique et à l'éradication de la pauvreté d'ici 2030.
Ceci dit, le document ne manque pas tout de même de mentionner que les investissements se sont renforcés dans certains pays et l'intérêt porté aux investissements durables a augmenté. Pour preuve, 75% des investisseurs individuels manifestent un intérêt pour l'impact de leurs investissements sur la planète.
Toutefois, les chiffres montrent que les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 1,3% en 2017. De plus, les investissements dans de nombreux Etats sont en baisse et 30 pays en développement sont exposés à un risque élevé de surendettement ou sont déjà surendettés.
Un défi commun
Selon le rapport, Il ne suffit pas d’augmenter les investissements pour changer la trajectoire actuelle du financement du développement durable. La réalisation des objectifs mondiaux a besoin du soutien du système financier et de politiques favorables aux niveaux mondial et national. Les auteurs du rapport reconnaissent que la mise en place de ces conditions favorables devient de plus en plus difficile.
Pour cause, les changements rapides au niveau technologique, géopolitique et climatique transforment les économies et les sociétés. Les institutions nationales et multilatérales existantes luttent pour s'adapter. La confiance dans le système multilatéral a été mise à mal, car celui-ci n’est pas parvenu à faire en sorte que les profits soient distribués de manière équitable. D’où le sens de la déclaration d’António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies : «Notre défi commun consiste à rendre les systèmes commerciaux et financiers mondiaux propices à la promotion du développement durable et à une mondialisation équitable».
Les fintech, entre opportunités et défis
Le rapport a abordé les nouvelles technologies et les fintech sous le double prisme des opportunités et des défis. L'attrait des fintech serait évident puisque celles-ci ont permis à plus d'un demi-milliard de personnes d’avoir accès à des services financiers au cours des dernières années. «Alors que de nouveaux acteurs s’imposent et changent rapidement le marché, les régulateurs ont des difficultés à suivre. La fintech gagnant en importance, de plus en plus d’activités sortent du cadre réglementaire et peuvent compromettre la stabilité financière si elles sont laissées sans surveillance», lit-on dans le document qui mentionne également : «les fintech réaliseront leurs promesses de développement si les approches réglementaires répondent à ces préoccupations. Leur mise en œuvre ne doit cependant pas étouffer l’innovation».
La solution préconisée est que la réglementation doit porter davantage sur les activités financières et leurs risques sous-jacents plutôt que sur le type d'institution.
En définitive, le rapport suggère des mesures concrètes afin de rendre l'économie et la finance plus durables. Il s’agit, entre autres du soutien de la transition vers un horizon d’investissement orienté sur le long terme avec, au cœur des décisions, la prise en compte des risques liés au développement durable. Le document mentionne aussi la nécessité de revisiter les mécanismes de restructuration de la dette souveraine afin qu’elle puisse répondre aux instruments d’emprunt plus complexes et à un ensemble de créanciers plus diversifiés.◆