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Filière sucrière face aux changements climatiques : Les opérateurs plus responsables

Filière sucrière face aux changements climatiques : Les opérateurs plus responsables

jose orive

La communauté internationale du sucre devrait se mobiliser pour adapter le secteur sucrier aux nouvelles donnes climatiques. L’initiative de la mise en place d’un réseau international de partage et d’échange sur les changements climatiques dans la filière sucrière est en cours de validation par l’OIS.

Consciente de sa forte exposition aux risques des changements climatiques, la filière sucrière marocaine est l’un des secteurs avant-gardistes en matière d’adaptation et d’atténuation au réchauffement climatique. C’est d’ailleurs grâce à cette prise de conscience précoce que la filière, très dépendante des aléas climatiques, a pu tirer son épingle du jeu, voire même tirer profit du contexte. En effet, au titre de l’exercice 2016, le secteur a enregistré des performances exceptionnelles, avec la production de 600.000 tonnes de sucre blanc, soit une hausse de 19% par rapport à l’exercice précédent, et une hausse du rendement de sucre à l’hectare qui a atteint une moyenne de 12 tonnes/hectare. Toutefois, pour atteindre ces performances, la filière a investi 7,5 Mds de DH pour la mise à niveau de tout l’écosystème et toute la chaîne de production de l'amont à l'aval. Des investissements qui ont servi, d’une part, à garantir la pérennité et la durabilité de la filière et, d’autre part, à contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, les investissements stratégiques consentis par le Groupe Cosumar, de l’amont agricole jusqu’au niveau industriel, ont permis de réduire l’empreinte carbone de la filière à hauteur de 43% entre 2005 et 2015. Les émissions atmosphériques de la filière sucrière ont atteint 747.000 tonnes en 2015, ce qui représente 0,7% du total des émissions de CO2 du Royaume. Cet engagement, qui s’inscrit parfaitement dans la stratégie nationale de lutte contre le changement climatique et de réduction des GES, a été très salué lors de la 2ème édition de la Conférence internationale du sucre qui s’est tenue récemment à Marrakech, et à laquelle ont pris part des professionnels nationaux et internationaux venus des quatre coins du globe. Une conférence lors de laquelle la communauté sucrière internationale a mis l’accent sur les menaces qui pèsent sur le secteur à cause de l’accroissement de la gravité des événements extrêmes. Les conséquences de ces phénomènes naturels sur la filière peuvent être très néfastes ce qui n’est pas sans conséquence sur la sécurité alimentaire d’un pays ainsi que sur son économie.  Compte tenu de cette réalité qui menace la pérennité et la durabilité des filières sucrières, une réponse commune, solidaire et responsable de la part de tous les secteurs s’impose. C’est dans cette optique que le Maroc a proposé, lors de la 50ème session du Conseil de l’Organisation internationale du sucre (OIS), tenue le 2 décembre 2016 à Londres, la constitution d’un Réseau international de partage et d’échange sur les changements climatiques dans la filière sucrière. L’objectif serait, entre autres, de lancer une dynamique en créant et animant un réseau d’acteurs impliqués dans le domaine du changement climatique de la filière sucrière, de favoriser un benchmarking et un échange d’informations entre ses membres sur les expériences respectives… Le président de l’Association professionnelle sucrière (APS), Mohammed Fikrat, a appelé, en marge de la Conférence, les pays membres de l’OIS à appuyer cette initiative et à s’inscrire dans cette démarche vertueuse pour les écosystèmes sucriers. Cette initiative 100% marocaine a été fortement saluée par l’Organisation internationale du sucre qui, selon son Directeur exécutif, José Orive, va veiller à sa mise en place. Elle vient réaffirmer la volonté du pays de faire de la lutte contre les changements climatiques une priorité nationale, régionale et continentale. Une volonté qui s’est traduite lors de la COP22 par le lancement de plusieurs initiatives, dont celle du «Triple A» qui a pour but l’adaptation de l’agriculture africaine aux changements climatiques.

Par L. Boumahrou

 

José Orive, Directeur exécutif de l’Organisation internationale du sucre

Pour une efficacité majeure, le processus de production, depuis le champ jusqu’au consommateur, s’est considérablement amélioré durant les dernières années. Une performance qui s’est accompagnée par une prise de conscience de la nécessité d’intégrer les questions climatiques au cœur des stratégies sucrières. D’ailleurs, dans une approche environnementale, il n’y a quasiment pas de production sucrière à travers le monde qui ne traite pas intégralement ses eaux ainsi que ses émissions de gaz à effet de serre. Ceci s’inscrit dans le cadre d’une culture de durabilité et de pérennité de la filière sucrière. C’est pour cela que nous saluons le Maroc pour l’initiative de lancer un réseau inter national du sucre. Au sein de l’OIS, nous sommes très enthousiastes par cette idée marocaine et par celle de travailler ensemble sur cette thématique qui nous tient à cœur, à savoir l’amélioration de la qualité de vie des populations, qui figure parmi les objectifs de ce réseau. Il est très important d’encourager la croissance soutenue basée sur le respect de l’environnement, de l’efficience productive et de la racine de la pyramide compétitive dans le sucre.

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