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Parfois, je trouve des difficultés à trouver un sujet qui colle à l’actualité pour ma chronique. Pour cette édition, le choix s’est imposé de facto. Eh oui, à l’approche du 8 mars, rendre hommage à la femme coulait de source. Il est donc tout à fait naturel que je choisisse la femme rurale.
Elle ne mérite pas un hommage durant un jour, mais plusieurs. Si on recense tous les maux qui pénalisent la femme marocaine et qui perturbent son émancipation, la femme rurale s’adjugerait la part du lion.
Analphabétisme, violence, exclusion sociale, abandon scolaire, polygamie, mariage de mineures, décès lors de l’accouchement… la liste est bien longue. La société civile, notamment les associations féminines, dénoncent âprement au quotidien ces défaillances qui impactent en premier lieu les campagnes marocaines.
Si la femme urbaine a pu se forger une place de choix dans la société, son homologue rurale est toujours victime d’un statut défavorisé. Déjà en tant que petite fille, elle est mal lotie comparativement aux garçons. Plusieurs d’entre elles sont contraintes d’abandonner l’école précocement et les causes sont connues : éloignement, insécurité et travail des champs sans oublier bien sûr la pauvreté.
A peine pubères, certaines basculent vite vers le statut d’épouse avec toute la responsabilité du mariage. La Moudouwana n’a pu que limiter les dégâts. Le mariage de filles mineures continue de sévir au Maroc. Ces mêmes petites femmes sont parfois divorcées avec des enfants à charge. Alors que d’autres filles urbaines ayant le même âge vaquent paisiblement à leurs occupations.
Les associations féminines ont beaucoup de travail à faire dans ce domaine, surtout en matière de sensibilisation et de promotion de ces personnes exclues. Il faut une politique de proximité plus efficace et plus pertinente.
Plusieurs études menées dans le milieu rural ont montré que la femme est le vrai responsable du ménage. Outre le travail des champs, elle s’occupe des enfants et du mari, en l’absence de toute sécurité sociale, puisque la plupart des exploitations sont de type familial. Ces femmes ne connaissent pas le 8 mars et encore moins la Saint-Valentin. Elles n’ont qu’un seul objectif : travailler durement pour subvenir aux besoins de la famille. Par la force des choses, elles ont pris l’habitude de cacher leur souffrance et d’affronter les contraintes de la vie avec courage et patience. 
Personnellement, je n’ai jamais assisté à une manifestation de femmes rurales, malgré leurs conditions de vie parfois précaires.
L’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) a donné beaucoup d’importance à ces personnes. Tous les programmes se focalisent sur cette catégorie de la population, sachant pertinemment que c’est la clé pour lutter contre la pauvreté et la marginalisation. Ils se basent sur des rapports de l’INDH faisant ressortir que l’échec de certains programmes est dû au statut défavorisé de la femme rurale.  

 

Par Charaf Jaidani

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