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Engouement des start-up pour les greens techs [Entretien]

Engouement des start-up pour les greens techs  [Entretien]

Fatima Zahra El Khalifa, Directrice générale du Cluster solaire


 

La constitution d’un écosystème composé d’acteurs de plus en plus matures favorise l’émergence de start-up évoluant dans le domaine des énergies renouvelables.

Pour l’année 2019, une centaine de greens techs ont montré de l’intérêt pour leur intégration au sein du Green Innovation Start-Up du Cluster Solaire.

 

Propos recueillis par M. Diao

 

Finances News Hebdo : Quel regard portez-vous sur l’évolution du tissu des start-up évoluant dans les greens techs ?

Fatima Zahra El Khalifa : Aujourd’hui, il est clair qu’il y a beaucoup plus d’engouement pour les greens techs. Nous constatons cela à travers les appels à candidature destinés à l’intégration des start-up au niveau du Green Innovation Start Up du cluster solaire. Pour l’année 2019, assez exceptionnelle, une centaine de start-up opérant dans les greens techs ont déposé leur dossier. Auparavant, ce nombre oscillait entre 30 et 40.

Par ailleurs, cette nouvelle dynamique est aussi à relier à la constitution d’un écosystème composé d’acteurs du secteur de plus en plus matures. A cela s’ajoutent les centrales solaires aujourd’hui opérationnelles. Ce qui renforce l’attractivité des énergies renouvelables et des greens techs en général pour les entreprises marocaines innovantes qui se projettent comme des prestataires de solutions de service au profit des grands ou petits projets.

Les efforts déployés par la CCG et l’intérêt des fonds d’investissement pour les secteurs liés au développement durable et aux énergies propres, ainsi que la création des réseaux de businessangels, sont autant d’éléments favorables pour le renforcement du stock des start-up opérant dans la branche.

 

F.N.H. : Dans le cadre du Fonds Innov Invest, le cluster a été labellisé. Comment se passent vos activités au niveau de ce levier de financement géré par la CCG ?

F. Z. E. : Grâce à cette solution financement, le cluster solaire peut apporter un financement allant de 100.000 à 200.000 DH par start-up dans l’optique de donner un coup de pouce au développement des projets portés par celles-ci.

Pour ce qui est du Fonds Innov Invest, le cluster solaire a labellisé en 2018 une dizaine de start-up qui ont bénéficié des subventions destinées à la mise en place des leurs prototypes et solutions.

Tout cela pour vous dire que le Fonds Innov Invest est bel et bien opérationnel. En clair, le cluster solaire peut dans le cadre de ce levier de financement accordé des prêts et des dons à une dizaine de start-up par an.

 

F.N.H. : Par rapport à votre retour d’expérience, quels sont les secteurs qui attirent le plus les start-up nationales ?

F. Z. E. : Beaucoup de start-up opèrent dans le domaine de la gestion des déchets. Elles sont également attirées par la branche IT dans le secteur du solaire. Des solutions sont proposées en matière de dessalement de l’eau de mer avec le recours à l’énergie solaire. L’autre secteur qui intéresse les entreprises innovantes est l’efficacité énergétique.

Il faut préciser que les solutions proposées par les start-up répondent aux besoins locaux. Le cluster solaire est très regardant par rapport à l’exigence d’apporter des solutions aux problématiques locales.

Les start-up n’intègrent le cluster que si elles présentent un businessmodel avec une solution concrète ayant un réel marché. Ceci dit, j’estime que le fait de se positionner dans la branche des greens techs ou des énergies renouvelables est déjà une posture innovante.

L’innovation dans notre secteur qui n’a pas encore atteint la maturité, à l’instar du secteur des IT, n’est pas toujours technologique. En conséquence, il faut avoir une grille de lecture différente. L’innovation peut avoir trait à l’ingénierie d’un projet à partir d’une idée simple qui, par exemple, va faciliter la vie du consommateur final.

 

F.N.H. : Le secteur des énergies renouvelables est-il assez rentable à l’instar de la branche IT par exemple ?

F. Z. E. : La réponse est non pour les entrepreneurs et les investisseurs. Notre secteur est certes porteur, mais il faut savoir que la rentabilité est corrélée à la longue durée de développement des projets par rapport aux IT.

Toutefois, ce qui pousse aujourd’hui les acteurs à s’orienter vers notre branche est la dynamique du marché qui s’accélérera lorsque la loi 13-09 sera réellement opérationnelle, avec l’avènement des décrets d’application. Cette disposition légale porte sur la production d’électricité d’origine renouvelable. Elle donne la possibilité aux producteurs publics et privés de revendre l’énergie produite à un groupement de consommateurs.  ◆

 

 

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