A la veille de la MedCOP, le Maroc organise les 15 et 16 juillet 2016 à Marrakech le premier Forum africain des énergies renouvelables (AFER). Plus de 400 participants nationaux et internationaux prendront part à cet évènement à vocation 100% africaine. Loubna Karroum, Directrice générale de Karroum Consulting, et chercheuse en développement territorial au Centre de recherche sur l'entreprise et le développement local (Credel), nous livre plus de détails sur l’organisation de ce Forum.
Finances News Hebdo : Quelle est la finalité de l’organisation d’un Forum africain des énergies renouvelables, surtout à la veille de la MedCOP ?
Loubna Karroum : Ce nouveau rendez-vous africain annuel de très haut niveau dont nous avons toutes les raisons de nous réjouir d’avoir placé cette première édition dans le sillage de la COP22, cadre parfaitement avec le rôle pionnier et la politique volontariste du Maroc dans le domaine de la promotion et du développement des énergies renouvelables dans notre mix énergétique. Il cadre également avec les orientations stratégiques de SM le Roi pour l’intensification et la diversification des liens de coopération sud-sud, particulièrement avec les pays d’Afrique subsaharienne dans une approche win-win.
Aussi, je me permets de rappeler que notre pays a abrité la COP7 en 2001, qui a connu l’adoption des Accords de Marrakech ayant permis de rendre opérationnel les mécanismes de flexibilité, en l’occurrence le mécanisme de développement propre. Et c’est à notre honneur de présenter, en toute fierté, lors de ce Forum africain les avancées exceptionnelles qu’a réalisées notre pays à tous les niveaux conciliant croissance économique pérenne, changement climatique, développement durable et solidarité sociale. D’ailleurs, le Maroc accorde un intérêt particulier au développement durable à travers sa transition énergétique conciliant entre développement économique et lutte contre le changement climatique.
Maintenant que notre pays abritera dans quelques mois la COP22, le Forum AFER s’inscrit dans cette continuité. Il place parmi ses principes la responsabilité partagée et différenciée des Etats, fondée sur l’équité et le droit pour les pays les plus fragilisés, notamment en Afrique, de s’approprier leurs propres modèles de développement économique en réponse à leurs besoins énergétiques présents et futurs.
Le choix du timing a été principalement motivé par le souhait de consolider le leadership marocain dans ces domaines, de faire entendre la voie des Africains et de démontrer clairement la profonde implication des acteurs institutionnels, privés, et de la société civile, marocains et africains, en vue de contribuer positivement à ce débat mondial autour des enjeux et défis climatiques et énergétiques. Ce sera un évènement itinérant à vocation africaine à 100%, où je peux d’ores et déjà vous annoncer que sa deuxième édition sera tenue en mai 2017 au Congo-Brazzaville, pays qui sera présent en force durant cette première édition. Maintenant, vous avez obtenu l’exclusivité de l’info.
Nous sommes tout aussi fiers d’annoncer que nous avons pu obtenir le label COP22 grâce tout d’abord à l’appréciation très positive du Comité de pilotage de la COP22 quant à la qualité des personnalités qui y participent, aux sujets qui seront débattus et à la volonté sincère qui nous anime tous.
F.N.H. : Pouvez-vous nous donner plus de détails sur l'organisation de cet événement (participants, nombre de personnes attendues, principales thématiques...).
L. K. : Le Forum AFER se tiendra les 15 et 16 juillet 2016 à Marrakech. Il connaîtra la participation de plus de 400 participants nationaux et internationaux représentant toute la chaîne de valeur des énergies renouvelables, telles que les industriels, les développeurs, les fonds d’investissement, et les régulateurs venant de différents horizons (RDC, Gabon, Ghana, Côte d’Ivoire, Egypte, Allemagne, République tchèque, …etc). Le but est d’échanger leurs projets et d’explorer les opportunités d’investissement dans le domaine des énergies renouvelables au Maroc et en Afrique subsaharienne. Un espace de networking B2B et B2C sera dédié à cet effet.
Un programme scientifique très riche a été élaboré en concertation avec nos partenaires stratégiques pour refléter les préoccupations réelles des pays africains. Il s’agit de mettre le doigt sur les vrais défis ainsi que les pistes possibles, toujours dans un cadre de solidarité et de coopération gagnant-gagnant, pour assurer une meilleure relance de leurs économies respectives.
Des sessions plénières seront programmées pour discuter des problématiques pressantes de l’électrification et d’indépendance énergétique; des énergies renouvelables, des femmes et la scolarité des enfants; l’entrepreneuriat des jeunes; et le Nexus eau-énergie-agriculture qu’on ne peut concevoir le développement du continent sans aborder cette question d’une manière cohérente. La question du financement y sera également traitée.
Nous aurons aussi le plaisir d’avoir la confirmation de personnes fondatrices des initiatives au niveau continental ou mondial dans les domaines de lutte contre le changement climatique, de promotion de l’entrepreneuriat des jeunes ou de promotion du développement des énergies renouvelables dans le continent africain.
A ce jour, plus de 25 pays africains ont confirmé leur participation. Ils seront hautement représentés soit au niveau des ministres, ou par des acteurs économiques ou sociaux majeurs.
F.N.H. : Le Maroc est pionner en matière de développement des énergies renouvelables. Est-il en mesure d'exporter son expertise ?
L. K. : Au-delà de la contribution à la satisfaction de ses besoins énergétiques futurs, le Maroc vise à travers ses programmes ambitieux d’énergies renouvelables la maîtrise des technologies de valorisation des ressources énergétiques renouvelables et d’être à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique. Le nouveau cap fixé par SM le Roi à l’horizon 2030 permettra au Royaume de se hisser dans le domaine des énergies renouvelables, en capitalisant sur son expérience et son savoir-faire qui sont en train de se mettre en place. Il aspire, en toute légitimité, à devenir un modèle à l’international puisqu’il l’est déjà à l’échelle régionale et continentale. Nous avons à cet effet sollicité MASEN, qui gère la plus grande station solaire Noor en Afrique, pour s’associer à ce forum afin de partager son expérience et son expertise dans l’une des sessions programmées.
Nous oeuvrons inlassablement via ce Forum pour que l’élan manifesté par notre pays à l’égard des énergies renouvelables trouve écho chez nos voisins via un renforcement de l’intégration et de la coopération énergétique. Ce qui permettrait l’élargissement de la base industrielle correspondante au Maroc et en Afrique, et par voie de conséquence, la réduction des coûts d’investissement des projets énergétiques en perspective.
Nous sommes convaincus que le secteur privé marocain et africain, fort de sa puissance financière et de son penchant pour l’innovation, aura un rôle déterminant à jouer dans la construction d’un futur écologique. Cela permettra de saisir les opportunités de financement et de coopération internationale existantes afin de bénéficier des mécanismes de transfert de technologies et des financements offerts dans le cadre de l’adaptation au changement climatique.
Propos recueillis par L. Boumahrou