- La centrale éolienne Khalladi, qui a mobilisé un investissement de 1,7 Md de DH, entre en fonction.
- Il s’agit du premier projet éolien développé par Acwa Power au Maroc.
Avec l’inauguration récente du parc éolien Khalladi, situé à Jbel Sendouq à 30 km de Tanger, le Maroc vient de franchir un cap supplémentaire sur le chemin de la promotion des énergies propres.
Rappelons que le Royaume a l’ambition d’ici 2020 d’atteindre 42% de la puissance électrique installée en énergies renouvelables. Pour ce faire, les autorités se sont attelées à renforcer l’arsenal juridique. En effet, la réalisation du parc éolien d’une capacité de 120 MW, développé par Acwa Power, avec le Fonds d’investissement Arif, a été possible grâce à l’entrée en vigueur de la loi 13-09, qui autorise les acteurs privés à réaliser des installations de production d’énergies issues de ressources renouvelables en les commercialisant auprès des opérateurs privés ou de l’ONEE.
Des travaux titanesques
Au-delà de l’effort de financement (1,7 Md de DH) et de la production, qui équivaut à la consommation électrique annuelle de 400.000 habitants, la réalisation de la centrale éolienne relève de l’ordre de la prouesse. La visite sur site le prouve aisément au regard de l’enclavement de la zone et du relief en hauteur particulièrement difficile d’accès.
«Pour construire ce parc composé de 40 éoliennes sur 24 km, il a fallu d’abord désenclaver le site en construisant des routes pour acheminer les gros engins», confie Mouhsine Alaoui Mhamdi, directeur du parc Khalladi. Notons que le choix de la région Nord n’est pas fortuit, puisque elle offre une puissance de vent optimale.
Impact social
Interpellé sur le respect de l’environnement et l’impact social du parc dont les études de réalisation ont commencé en 2008, Paddy Padmanathan, CEO de Acwa Power, s’est montré rassurant. «Ce projet répond aux critères les plus exigeants en matière d’impact social et environnemental», affirme-t-il, et d’ajouter : «Acwa Power qui totalise au Maroc un actif de 3,2 Mds de dollars, considère les populations locales comme des partenaires-clefs qui sont consultés».
Dans le même temps, l’entité saoudienne qui concentre à travers le monde 47 actifs d’une valeur de 37 Mds de dollars dans dix pays, développe plusieurs activités pour améliorer les conditions de vie des habitants qui vivent à proximité de la centrale. L’autonomie financière des femmes par l’aide à l’acquisition de machines à coudre, le financement de l’achat d’une unité mobile dentaire, la construction de fontaines d’eau et la prise en charge des frais de transport scolaire, sont autant d’actions à mettre à l’actif du groupe, qui a l’intention d’investir durablement au Maroc dans le domaine des énergies propres. ■
Premier virage éolien au Maroc
Si Acwa Power est fortement impliqué dans le Plan solaire marocain (Noor Ouarzazate), l’entreprise opère pour la première fois dans le domaine éolien dans le pays avec la centrale Khalladi.
«Nos investissements obéissent à une logique long-termiste sur 30-40 ans», assure Paddy Padmanathan, qui n’a pas manqué d’insister sur la nature du projet de la nouvelle centrale, essentiellement tournée vers le privé. D’ailleurs, seuls 20% de la production seront vendus à des prix préférentiels à l’ONEE, le reste est réservé aux cimentiers et aux entreprises industrielles.
Interpellé sur les tarifs appliqués, le top management s’est refusé de communiquer des chiffres qui seraient confidentiels. Toutefois, par rapport à la concurrence (Nareva), la compétitivité est visiblement au rendez-vous au regard des contrats déjà conclus. La société gestionnaire du parc éolien Khalladi est détenue à 75% par Acwa Power et à 25% par Arif Fund géré par Infra Invest, qui n’est autre qu’une filiale de la Royale Marocaine d’Assurances (RMA).
2 questions à Mouhsine Alaoui Mhamedi, directeur du parc éolien Khalladi.
Finances News Hebdo : Quelle est la nature des contrats signés avec les clients ?
Mouhsine Alaoui Mhamdi : Globalement, il s’agit de contrats d’achat d’électricité (PPA) sur vingt ans pour deux entreprises, et 15 ans pour une autre entité. Il existe également des contrats de court terme qui concernent deux années.
Deux clients s’accapareront 26% de la production de la centrale éolienne et un autre près de 30%. Ceci dit, un plafond de 20% devrait revenir à l’ONEE au tarif préférentiel, et ce en vertu du dispositif juridique en vigueur.
Toutefois, notre objectif est de signer d’autres PPA à long ou court terme, qui offrent des tarifs plus avantageux à Acwa Power. Pour l’heure, ce sont les contrats à long terme conclu avec les cimentiers, grands consommateurs d’électricité, qui permettent de rentabiliser les investissements du nouveau projet éolien.
Il est utile de savoir que l’électricité issue de la centrale Khalladi sera injectée dans le réseau national. Par conséquent, elle pourra être utilisée sur tout le territoire national. D’ailleurs, certaines industries clientes sont installées loin de la région de Tanger-Tétouan.
Notons également que le nombre de clients en électricité haute tension est encore limité au Maroc.
F.N.H. : A titre d’exemple, les tarifs appliqués au niveau de la Centrale solaire Noor I (1,67 DH/KWH) et Noor IV (0,47 DH/KWH) semblent être assez compétitifs. Qu’en est-il de ceux de la nouvelle centrale éolienne ?
M. A. M. : Tout d’abord, il est important de souligner qu’outre le droit de timbre de 0,8 DH/KWH à payer, près de 5% de notre production d’électricité d’origine renouvelable sont perdus au moment du transport vers le réseau national. Même si pour des raisons confidentielles les tarifs appliqués dans les contrats précités ne peuvent pas être communiqués, il faut savoir que la structuration de la centrale Noor est différente de celle de notre nouvelle unité de production. Le contrat de la centrale Noor est une sorte de concession avec l’Etat, tandis que celui de la centrale Khalladi est de type take or pay.
En clair, l’unité de production Khalladi implique des opérateurs privés. En vertu du montage take or pay, nous sommes tenus de fournir aux clients la quantité d’électricité contenue dans le contrat. A défaut, il est impératif de procéder à la compensation.
L’avantage d’une telle structuration juridique pour le client réside dans le fait de la diminution considérable du prix variable et de la garantie d’obtenir la qualité d’électricité souhaitée. ■
Pa M. Diao