Plus de 250 acteurs de l’hydrogène se sont réunis pour débattre des avancées et des défis liés aux e-fuels et à leur utilisation dans la décarbonation du secteur du transport.
Par D. M.
Une avancée majeure vers une mobilité plus propre a été franchie au Maroc, avec la démonstration inédite de ravitaillement d'un véhicule en carburant de synthèse à base d'hydrogène vert et de CO2 recyclé. Cette prouesse technologique réalisée par l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (Iresen), en partenariat avec HIF Global, a mis en lumière le potentiel des e-fuels pour réduire l'empreinte environnementale des transports routiers. La démonstration a eu lieu en marge du Salon e-fuels de Rabat, un événement stratégique qui a rassemblé près de 400 experts mondiaux, pour explorer les dernières innovations et perspectives offertes par les carburants de synthèse. Ce forum, organisé par le cluster Green H2 et soutenu par le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, a mis en avant l'engagement du Maroc dans le développement de l'hydrogène vert.
«Le Maroc, grâce à sa position géographique stratégique, peut jouer un rôle clé dans les chaînes de valeur mondiales des e-carburants, notamment à travers son offre en matière d'hydrogène vert, de développement de projets renouvelables et le partenariat avec le secteur privé», a précisé Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable. Elle a plaidé pour la création d'un écosystème intégré et agile, favorisant la recherche, l'innovation et les infrastructures nécessaires pour développer les e-carburants au Maroc, ainsi que l’importance de la certification et de la normalisation pour éviter les obstacles au commerce de ces derniers. Cet événement, réunissant plus de 250 acteurs de l’hydrogène vert, a permis de discuter des avancées dans le domaine des e-fuels.
Les discussions ont porté sur divers sujets, tels que le marché des e-fuels, les innovations technologiques et les applications dans les secteurs de l’industrie chimique, maritime, aéronautique et automobile, ainsi que les politiques de production durable. Des réglementations adéquates et des infrastructures de qualité, combinées à des investissements dans la recherche et le développement, devront renforcer la compétitivité du Maroc sur ce marché. Cela permettra au pays de devenir un acteur majeur et un leader régional dans la production d’e-fuels, contribuant positivement à son indépendance énergétique. A noter que le Maroc a pris des mesures significatives ces dernières années pour structurer le développement de la filière de l’hydrogène vert. Le cluster Green H2 joue un rôle essentiel dans cette promotion en favorisant l’innovation, l’intégration industrielle, le renforcement des capacités, le transfert de connaissances et le développement des marchés.
Posant le cadre de cette conférence, Mohamed Yahya Zniber, président du cluster Green H2, a affirmé que «les e-fuels sont des dérivés de l’hydrogène avec des produits tels que l’ammoniac, le méthanol, le kérosène, l’essence et le gazole, dont le «e» vient de l’origine électrique de la production d’hydrogène, qui a donné à la base ces produits. Et par ce forum nous voulons partager entre spécialistes du sujet, tout ce qui concerne les e-fuels et leur utilisation. Il y a beaucoup de sujets techniques et de problèmes technologiques à résoudre compte tenu des prix élevés de ces produits, et nous allons pouvoir débattre des possibilités qu’il y a de faire de ces composants, des produits à large diffusion».
Mohamed Yahya a rappelé, qu’autrefois, le Royaume n’avait pas cette ouverture sur les dérivés pétrochimiques, pour la simple raison qu’il n’a jamais été producteur de pétrole et de gaz. Cependant, aujourd’hui, avec les e-fuels et les autres dérivés, il a une opportunité de faire une incursion dans le domaine de la chimie durable. Convergeant dans le même élan, Tarik Hamane, Directeur général délégué de Masen, a déclaré que «les e-fuels constituent aujourd’hui une débouchée intéressante pour l’hydrogène, notamment pour décarbonner un ensemble de secteur, essentiellement le transport, que ce soit maritime ou aérien ou même au niveau de la mobilité urbaine». Les experts ont aussi énuméré des solutions pour réduire les coûts de production et rendre ces technologies accessibles à grande échelle avec, entre autres, la mise en place d’un cadre fiscal robuste qui devra favoriser le développement de projets d’énergies renouvelables, tout en réduisant les risques de production.