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Dessalement de l’eau de mer : l’écosystème marin est-il en danger ?

Dessalement de l’eau de mer : l’écosystème marin est-il en danger ?

Il ne s’agit pas seulement d’assurer l’approvisionnement en eau, mais aussi de garantir que cette solution ne dégrade pas les écosystèmes naturels qui constituent une part vitale de l’économie marocaine, notamment pour les communautés côtières et l'industrie de la pêche.

 

Par Désy M.

Le dessalement de l’eau de mer aujourd’hui n’est plus une option, c’est l’option d’aujourd’hui». C’est ce qu’affirme Mohamed Jalil, expert en climat et ressources hydriques, en parlant de solutions entreprises par le Maroc pour pallier la problématique de l’urgence hydrique devenue structurelle dans le pays. Doté d’une côte maritime longue de 3.500 km, le Royaume, par le biais du Programme national prioritaire d’eau potable et d’irrigation (PNAEPI) 2020-2027, s’est investi dans l’installation d’usines de dessalement de l'eau de mer.

En effet, la rareté croissante de l'eau douce l’a poussé à multiplier ses projets de dessalement le long des côtes. À ce jour, 12 stations sont opérationnelles et d’autres sont en cours de réalisation, avec pour ambition d’atteindre une vingtaine d’ici 2030. Cependant, cette technologie, si nécessaire pour la survie à long terme, entraîne des défis environnementaux dont il faudrait tenir compte pour ne pas affecter durablement les écosystèmes marins.

 

Un impact environnemental sous-estimé

Pour chaque projet d’installation d’une usine de dessalement au Maroc ou ailleurs dans le monde, il est impératif de réaliser une étude d’impact environnemental, en vue de s’assurer de son adéquation avec les objectifs environnementaux y afférents. Certains experts s'accordent ainsi à dire que les effets des usines de dessalement sur les écosystèmes marins demeurent inquiétants. En premier lieu, l’extraction ou le prélèvement de l’eau de mer pose problème. Cette phase inévitable du dessalement entraîne l'aspiration d'organismes marins, souvent détruits pendant le processus, contribuant à l'appauvrissement des ressources marines. De plus, les installations rejettent des quantités importantes de saumure (eau hautement salée), combinée à des produits chimiques utilisés pour le traitement de l'eau, directement dans la mer, mettant en danger la biodiversité marine. «Le rejet de saumure, en grande quantité, peut modifier les écosystèmes marins, réduire la diversité des espèces et perturber les chaînes alimentaires», prévient Mohamed Jalil.

«Lorsque vous dessalez un million de mètres cubes d'eau, vous produisez presque autant de saumure. Cette eau, rejetée en mer, contient une concentration de sel si élevée qu'elle menace la vie marine, y compris les coraux, les poissons et les algues. Si nous ne prenons pas de précautions, nous risquons de détruire nos côtes, et par conséquent, nos ressources marines», alerte l’expert. Un état des lieux rassurant, mais à surveiller Cette constatation met en exergue la nécessité de mener des études plus approfondies pour chaque projet et trouver des solutions pour réduire au maximum l’impact sur l’univers marin. Evoluant dans cette optique, le Maroc, par le biais de l’Institut national de recherche halieutique (INRH), a dressé en 2023 un état des lieux de ses projets de dessalement de l’eau de mer, témoignant de l’intérêt qu’il porte à cette problématique.

En effet, il ressort de ce document que les impacts environnementaux, directs qui se résument principalement aux rejets de saumure et certains produits chimiques (notamment les métaux lourds, certains résidus de floculants, de coagulants ou de détartrants antisalissure), sont largement réduits ou éliminés dès qu’on s’éloigne de la proximité directe des points rejets. Prenant pour cas de figure la station de Chtouka Ait Baha dans la région d’Agadir qui a démarré en 2022, le rapport démontre que les impacts environnementaux observés sur le milieu marin en termes de légères augmentations de salinité et de température de surface de l’eau et d’effets éco toxicologiques, sont mineurs et ne concernent que la proximité directe de la zone réceptacle des rejets de la station.

Les effets observés disparaissent dès qu’on s’éloigne du point rejet. Notons que, selon l’INRH, la plupart des projets de dessalement dans le monde sont souvent concentrés dans des zones géographiques à mer ou à bassin fermés et sous stress hydrique. Leurs impacts environnementaux sont ainsi concentrés et/ou amplifiés du fait qu’il n’y ait pas d’effet de dilution océanique tel que c’est le cas en mers ouvertes. Ceci n’est pas le cas du Maroc qui dispose d’une longue façade maritime ouverte sur l’océan atlantique. Dans tous les cas, et dans un objectif de durabilité et d’essor du secteur du dessalement, l’accompagnement de ces projets et la gestion par un plan de suivi environnemental s’imposent dans le futur.

 

 

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