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Déchets électriques et électroniques : Une stratégie pour structurer le secteur

Déchets électriques et électroniques : Une stratégie pour structurer le secteur

altL’industrie marocaine génère annuellement 260.000 tonnes de déchets dangereux, dont 30.000 tonnes de déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE). Les filières de recyclage au Maroc sont certes développées, mais elles évoluent dans l’informel et selon la loi de l’offre et de la demande. Depuis sa création, le projet pilote «Green Chips» a permis de former 150 jeunes, de collecter près de 100.000 articles informatiques, de trier et recycler via Managem 500 tonnes de déchets issus du démantèlement et de réparer 1.500 ordinateurs offerts par la suite aux écoles.

 

Avec environ 1,5 million de tonnes de déchets industriels par an dont 260.000 tonnes de déchets dangereux, le Maroc fait face à une problématique complexe. En effet, la gestion de ces déchets constitue un défi majeur d’autant plus que le contexte actuel est marqué par une pression accrue sur les ressources en énergie et en matières premières.

Parmi ces déchets dangereux, on trouve les déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE) qui, selon certaines études, se chiffrent à 30.000 tonnes par an et dont l’impact sur l’environnement et la santé publique reste très nocif. Cependant, ces déchets recèlent d’un réel potentiel économique sachant qu’ils contiennent une diversité de matériaux notamment des métaux. A titre d’exemple, une tonne de déchets de téléphones portables peut générer 13 kg de cuivre, 0,15 kg d’argent et 0,02 kg d’or. 

L’enjeu aujourd’hui est de mettre en place une stratégie nationale de gestion de ces déchets. Et c’est autour de cette thématique que l’association Al Jisr, en partenariat avec la CGEM, a organisé récemment un atelier de réflexion auquel ont participé tous les maillons de la chaîne à savoir : producteurs, distributeurs, utilisateurs, recycleurs, institutionnels et organismes internationaux. 

L’objectif de ce workshop étant d’amorcer une réflexion collective sur le rôle de la filière marocaine, sa viabilité et ses missions mais aussi de formuler des recommandations afin de définir une stratégie durable et efficace.

Mounia Elliq, conseillère de Hakima El Haïté, ministre déléguée chargé de l’Environnement, a rappelé pour l’occasion l’engagement du Maroc pour la protection de l’environnement et le développement durable, ainsi que les avancées enregistrées durant ces dernières années aussi bien sur le plan législatif qu’en matière de valorisation des déchets. «Dans le contexte actuel, le Maroc est appelé à développer des politiques volontaristes pour réduire la production des déchets dangereux et renforcer la création de filières pour leur valorisation, traitement et élimination», précise-t-elle.

Rappelons que le ministère de l’Environnement a mis en place plusieurs filières de recyclage et de valorisation des déchets, entre autres celles des pneus, des batteries usagées, de la valorisation des déchets par les cimentiers…

A noter aussi qu’au Maroc, les unités de recyclage sont certes développées mais elles évoluent dans l’informel et selon la loi de l’offre et de la demande.

 

Prémices d’une stratégie nationale

Après un aperçu sur le cadre juridique national relatif à la gestion et à l’élimination des DEEE et une présentation des mécanismes de viabilité d’une filière DEEE au Maroc, exposés par les consultants de Sofies (entreprise de conseil en durabilité), les participants ont pris part à des ateliers de travail sur la gestion de la filière et sur le financement des opérations de recyclage. Plusieurs recommandations ont été formulées notamment la création d'un organisme indépendant qui sera responsable de la gestion des déchets électriques et électroniques, l'élaboration d'un arrêté spécifique à la gestion des DEEE pour compléter la loi 28.00 portant sur les déchets dangereux et le renforcement de la communication/sensibilisation autour de cette problématique et de ses enjeux environnementaux, économiques et sociaux....

Ces recommandations vont permettre de poser les premiers jalons d’une stratégie nationale de gestion des déchets des équipements électriques et électroniques au Maroc.

 

«Green Chips», un projet pilote

Cet atelier de réflexion a été également l’occasion de présenter «Green Chips» un projet pilote lancé en 2010 par l’Association Al Jisr. Réalisé en partenariat avec le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle, l’Académie régionale de l’éducation et de la formation (AREF) du Grand Casablanca, la Fondation suisse Drosos et Managem, ce projet combine la collecte de vieux ordinateurs et téléphones portables et la formation de jeunes en maintenance des ordinateurs et démantèlement des déchets électroniques. 

Dans son intervention, Mohamed Lahlou, président de l’Association, a tenu tout d’abord à préciser les raisons de l’implication de l’association dans ce projet de recyclage alors que sa vocation principale est la sensibilisation et la mobilisation des entreprises privées en faveur des écoles publiques au Maroc.

 

«Pour combler le déficit numérique dans les écoles, l’association a commencé par la création d’un atelier pour collecter et restaurer les ordinateurs obsolètes récupérés chez les entreprises afin de leur donner une nouvelle vie et de les redistribuer. Au bout d’un certain temps, nous étions submergés par les déchets électriques et électroniques et c’est de là qu’est née l’idée du «Green Chips»», explique-t-il.

Cette formation par apprentissage (CFA) destinée à améliorer l’insertion de jeunes déscolarisés et défavorisés dans les régions du grand Casablanca et d’Oujda a permis depuis sa mise en place de former 150 jeunes, de collecter près de 100.000 articles informatiques, de trier et recycler via Managem 500 tonnes de déchets issus du démantèlement et de réparer 1.500 ordinateurs offerts par la suite aux écoles publiques et associations au Maroc. Pour le président d’Al Jisr, l’enjeu de ce projet est de taille notamment sur le plan de la sensibilisation des pouvoirs publics, du secteur privé et des organismes internationaux à la problématique de la gestion des déchets informatiques au Maroc. 

Il est donc nécessaire d’inscrire ce projet dans un système organisé qui assure sa viabilité financière sur le long terme mais aussi de pouvoir généraliser une telle initiative à l’échelle nationale.

 

L’association Al Jisr, en quelques mots

 

Créée en 1999, l’association contribue depuis treize ans à la sensibilisation et à la mobilisation des entreprises privées en faveur des écoles publiques au Maroc. Depuis 2006, Al Jisr a intégré les TIC comme axe transversal de son action. Pour en savoir plus sur le travail de cette association et son projet Green Chips, consultez le site www.aljisr.ma.

 

Lamiae Boumahrou

 

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