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Bilan de COP21 et perspectives pour COP22 : Après l’angoisse, le soulagement

Bilan de COP21 et perspectives pour COP22 : Après l’angoisse, le soulagement

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L’Accord de Paris sur le climat a été un soulagement pour toute la communauté internationale.

En prenant le relais pour l’organisation de la COP22, le Maroc devient le centre d’attention d’ici le 7 novembre 2016. Rappel des principaux points à retenir de l’Accord de Paris.

Lors du dernier jour de la COP21, vendredi 11 décembre, la tension était palpable dans les couloirs de la Forteresse du Bourget. Dans les artères où s’alignaient représentants des territoires et d’ONG, très peu de délégués circulaient et les évènements parallèles se faisaient rares. Pour cause, la concentration était à son comble dans la zone bleue pour la dernière ligne des négociations, celles qui devaient aboutir à l’Accord de Paris, imposant à tous les négociateurs de longues nuits blanches. De 55 pages et 1.200 désaccords dans le projet initial, quelques jours avant la fin de la COP21, il ne restait que 48 pages, mais tout de même 900 points subsistaient entre crochets, c'est-à-dire en désaccord, le président de la COP21, Laurent Fabius, avait alors exprimé à tous les participants le besoin d’accélérer les négociations. Nombreuses étaient les personnes, parmi les participants, inquiètes et pessimistes. En effet, tous n’étaient pas sans se souvenir de l’échec total de la conférence de Copenhague en 2009 et des positions rigides affichées alors, ne permettant aucun progrès ni accord. Lorsque le moment final arriva, c’est un total soulagement pour tous, symbolisé par le petit coup de marteau vert à l’éffigie du logo de la COP21 du Président Fabius et par un grand mouvement de chaleur, humaine cette fois-ci, durant lequel les principaux leaders de cet Accord historique lèverent les mains en signe de victoire. Visiblement soulagés et euphoriques, ils se joignent les uns aux autres dans une grande étreinte : le Président Français Hollande donne l'accolade au ministre des Affaires étrangères et président de la COP21, Fabius, puis à Christina Figuerès, Secrétaire exécutive de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements Climatiques, ainsi qu'à Ban ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies… Le résultat historique obtenu est une victoire qui était loin d’être gagnée d’avance. L’Accord de Paris, scellé dans un précieux document de 39 pages, confirme la France dans sa position de leader dans le classement mondial de la diplomatie. C’est d’ailleurs et sans crise ni affront, contrairement à ce que cela fut parfois dans le passé, que les représentants des pays sont arrivés à l’Accord de Paris, un grand succès pour la 21ème Conférence des parties dont tous peuvent être fiers. 

Le regard braqué sur le Maroc 

A présent, tous les regards se tournent vers le Maroc et son gouvernement, en particulier les ministères des Affaires étrangères, de l’Environnement et de l’Intérieur, qui se rassembleront probablement en janvier pour présenter le plan, le lieu et le logo de la COP22. Lesquels n’ont, en fin de compte, pas encore été dévoilés à la fin de la COP21, contrairement à ce qui était prévu. Même le pavillon du Maroc de la COP22 était dépourvu d’informations et ne présentait que des images somptueuses du Maroc. Néanmoins, la ministre déléguée chargée de l’Environnement, Hakima El Haïté, a été remarquée par tous pour son omniprésence. Elle était vraiment partout où il fallait être, souvent en invité d’honneur, traduisant un dynamisme exceptionnel et représentant brillamment le Royaume, qui accueillera en 2016 la COP22. Et ce, pour la 2ème fois, car en 2001, la COP7 se tenait à Marrakech. La ministre marocaine a souligné que son pays est fortement engagé en faveur d'une transition volontariste vers les énergies renouvelables. Le Maroc compte bien soutenir les pays amis et frères du continent africain, notamment en leur transférant les technologies déjà existantes et opérationnelles. Le Royaume occupe une excellente place et fait figure de très bon élève, grâce à la conduite éclairée du Roi Mohammed VI, qui a su continuer et développer la politique initiée par son père, Feu Hassan II, à savoir la politique hydraulique des barrages et bassins versants. Le Plan Maroc Vert, Noor I, II et III, la plus grande centrale solaire du monde, et un programme très ambitieux pour l’énergie éolienne, font que le Royaume, comparé à d’autres pays, est un leader incontestable en matière de préservation de l’environnement. COP22 sera la Conférence de l’action, l’occasion de mesurer l’implémentation et la mise en oeuvre des engagements pris à Paris. 

Ce qu’il faut retenir de l’Accord de Paris

L’Accord de Paris est consigné en 39 pages où sont détaillés les différents aspects de ce que chaque pays sera amené à mettre en place pour le bien-être de notre planète. Seulement quelques jours avant la fin de la COP21, il restait 900 points de désaccords que les représentants des pays ont dû discuter pendant de nombreuses heures. L’Accord de Paris a trouvé les solutions aux sujets suivants : 

• Objectifs à long terme et délai de décarbonisation :

Maintenir l’augmentation de la température moyenne bien au-dessous de 2 degrés et poursuivre les efforts en vue de limiter la température à 1,5°C, afin de réduire significativement les risques et impacts du changement climatique (art. 2).

• Différenciation des engagements respectifs des pays, relatifs à la réduction de leurs émissions : 

Instauration d’un plafonnement des émissions de gaz à effet de serre aussitôt que possible; reconnaissance du fait que le plafonnement prendra plus de temps pour les pays en voie de développement. Les pays développés devraient poursuivre la mise en oeuvre d’objectifs globaux. Les pays en voie de développement devraient continuer à renforcer leurs efforts de d'atténuation des émissions, en tenant compte des circonstances rencontrées par chacun d’eux. Toute nouvelle contribution nationale (presque tous les pays ont déjà proposé une contribution volontaire) ne peut que représenter une amélioration par rapport à l’engagement initial (pas de retour en arrière).

• Financement de la transition pour les pays en voie de développement:

Les pays développés doivent lever des ressources financières pour aider les pays en voie de développement, dans leurs efforts de d'atténuation et d’adaptation, et ceci dans la continuité des obligations existantes prévues par la Convention sur le changement climatique. Les ressources se verront augmentées, avant 2025, par une nouvelle mobilisation collective sur la base d’un plancher de 100 milliards de dollars par an. 

• Adaptation, pertes et dommages :

L’Article 8 prévoit que les parties devraient favoriser un soutien et une action globale sur une base de coopération, dans le respect des mécanismes de Varsovie sur les pertes et dommages. Le préambule (paragraphe 52) précise que cet article ne procure pas de base de compensation ou de responsabilité. 

• Inclusion d’un mécanisme de marché du carbone :

Sur une base volontaire, et pour permettre à certains pays d’atteindre leurs objectifs, le transfert entre pays des effets de d'atténuation est autorisé (article 6). Ceci favorisera un partage des «produits» permettant aux pays vulnérables de faire face à leurs coûts d’adaptation. Ce mécanisme ne comporte pas de différenciation selon les pays. Un mécanisme hors marché a également été créé. 

En marge de l’Accord de Paris
Le 1er décembre a été annoncée une Alliance visant à reformer le système de subventions au fuel fossile, dans le monde entier. Les chefs d’entreprise ont discuté de la création d’un futur club carbone réunissant les pays aux politiques commerciales proches. Selon Christiana Figuerès, Secrétaire Exécutive de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques «la reconnaissance des actions menées par les entreprises, les investisseurs, les villes et les régions est l’un des résultats-clés de la COP 21. Cette grande vague d’actions menées montre que tous sont désormais sur la voie d’un monde vraiment soutenable, à faible émission de carbone».

De notre correspondante à Paris, Laura Agroum 

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