Développement durable

Tous les articles

ASC2 : vers un leadership climatique africain affirmé

ASC2 : vers un leadership climatique africain affirmé

L’Afrique ne veut plus seulement être victime de la crise climatique, elle se positionne désormais comme un continent de solutions et qui veut faire entendre sa voix.

 

Par Désy M.

Les conférences sur le changement climatique année après année ne donnent ou donnent très peu de résultats efficients, à la hauteur du rythme accéléré du réchauffement de la planète. L’Afrique, moins pollueuse, ne contribuant qu’à hauteur de 4% d’émissions mondiales, se retrouve frappée de plein fouet par les répercussions de ce dérèglement climatique. Quelque 100 milliards de dollars annuels avaient été annoncés dès 2009 en faveur des pays en développement, et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) assure que 90% des fonds ont été mobilisés. Cependant, côté africain, on n’assure que les pays du continent n’ont pu disposer que d’un tiers des sommes.

De plus, l’engagement de la feuille de route de Bakou (Azerbaïdjan) à la COP29, qui prévoit la mobilisation de 1.300 milliards de dollars US par an d’ici 2035 pour garantir des ressources équitables, prévisibles et accessibles, n’a à ce jour pu mobiliser que 300 milliards. Un écart que Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine, a qualifié d’«inacceptable».

Ne voulant plus subir les politiques internationales s’avérant déséquilibrées, l’Afrique s’est décidée à parler d’une seule voix. Lors du 2ème Sommet africain sur le climat (ASC2) qui s’est tenu du 8 au 10 septembre à Addis-Abeba, une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernements africains, des dirigeants internationaux, du secteur privé et les militants de la société civile, se sont réunis autour du thème  : «Accélérer les solutions climatiques mondiales : financement pour un développement résilient et vert de l’Afrique». Il s’est agi de clarifier les priorités d’un continent qui est un faible contributeur à la pollution, tout en étant, à la fois, la première victime du changement climatique et une voix peu considérée dans la recherche d’issues vertueuses. L’Union africaine (UA) a insisté sur le fait que ce sommet vise à «positionner l’Afrique comme un leader et un fournisseur de solutions dans l’agenda climatique mondial».

A l’approche de grands rendez-vous internationaux, dont la COP30 prévue en novembre prochain à Belém, au Brésil, les dirigeants africains ont réaffirmé leur volonté de renforcer leur poids dans les négociations internationales, tout en mettant en avant des initiatives concrètes pour un développement durable. L’objectif poursuivi a donc été l’harmonisation des points de vue et la coordination des revendications. Les discussions ont mis en lumière une méfiance de l’Afrique à l’égard de grands pollueurs de la planète, ce qui a orienté les échanges autour de la notion d’«adaptation aux changements climatiques», de la profusion des indicateurs retenus et, surtout, de la nature des financements évoqués lors des précédentes COPs.

De nombreux acteurs africains de la question climatique ont rejeté tout financement vert sous forme de prêts, les qualifiant d’«obligations vertes» qui aggraveraient un endettement déjà problématique de l’Afrique. La société civile a par contre appelé à des «réparations» en se référant à l’esprit de l’accord de Paris sur le climat. Ils ont plaidé pour une réponse aux enjeux climatiques sans contraction de nouvelles dettes, privilégiant un système de réparations de la part des pollueurs.

Que décide l’Afrique ?

La déclaration finale, dite «Déclaration d’Addis-Abeba», bien que non encore publiée officiellement, repose sur trois piliers sur lesquels l’Afrique s’est tenue de capitaliser. Le premier consiste à accélérer le déploiement des énergies renouvelables afin de positionner le continent comme une puissance industrielle verte. Le deuxième vise à bâtir une coalition de pays producteurs de minéraux critiques pour garantir transparence et juste répartition des bénéfices. Enfin, le troisième met l’accent sur la protection des forêts et du patrimoine naturel et culturel du continent. Cette orientation traduit une volonté claire de rompre avec des décennies de prédation des ressources africaines par les puissances étrangères.

L’Union africaine a ainsi présenté la création d’une «stratégie africaine pour les minéraux verts», destinée à mieux valoriser les richesses minières du continent et à soutenir une coopération régionale durable. Mais comme toujours, le défi reste le financement. Lors de ce sommet, des initiatives africaines ont été saluées. Notamment le lancement des trois Commissions climat africaines du Bassin du Congo, du Sahel et des États insulaires, initiées par le Roi Mohammed VI lors de la COP22 à Marrakech, confirmant la place du Maroc comme catalyseur d’actions climatiques sur le continent.

Ils ont également rappelé l’importance des initiatives, telle que l’initiative pour l’Adaptation de l’agriculture africaine (AAA) portée aussi par le Royaume; celle de la Tanzanie sur le Clean Cooking ainsi que la Mission 300 sur l'énergie. Soulignant que les priorités africaines sont déclinées dans toutes ces plateformes afin de rétablir une plus grande justice climatique, le Directeur général de la commission de l'Union africaine (CUA), Fathallah Sijilmassi, a assuré «qu'il ne s'agit nullement d'aider l'Afrique à faire face à ses défis, mais à transformer son énorme potentiel pour que celui-ci représente une solution pour les défis globaux».

Et pour ce faire, il est bénéfique pour le monde de prendre en compte la voix de l’Afrique et d’intégrer ses réalisations dans un agenda international plus large. Et ce, aux Nations unies, dans le cadre du Pacte pour le futur, à la COP30 au Brésil, au G20 et dans le cadre du Sommet de Séville sur le financement du développement.

 

 

Articles qui pourraient vous intéresser

Vendredi 19 Septembre 2025

CIH Bank lance la carte DIMA MAGHRIB à l’occasion de la CAN 2025 au Maroc

Mercredi 17 Septembre 2025

Hydrogène vert: 319 Mds DH d’investissements validés dans le cadre de « L’Offre Maroc »

Mercredi 13 Aout 2025

Sommet africain sur l'investissement dans l'eau : l'Afrique doit investir 30 milliards de dollars supplémentaires par an d'ici 2030

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux