La banque vient de mener une étude sur le potentiel des énergies renouvelables dans la région Casablanca-Settat.
Réalisée en partenariat avec le CRI local, l’étude a identifié des projets concrets qui pourraient être lancés si certaines contraintes sont rapidement levées.
Par A. Diouf
Bank Of Africa (BOA) veut davantage s’impliquer dans le financement de la transition énergétique de l’économie marocaine. C’est dans ce dessein que son team ESG vient de mener une étude sur le potentiel des énergies renouvelables (ENR) dans la région Casablanca-Settat, en partenariat avec le CRI local. Une étude visant à «accompagner une éclosion plus marquée d’un écosystème industriel autour des EnR, à travers des projets de fabrication de pales éoliennes et d’assemblage de panneaux photovoltaïques (PV), tout en capitalisant sur les composants et équipements produits localement par ses industries métalliques et électroniques». Selon les deux partenaires, la région Casablanca-Settat dispose de suffisamment d’atouts pour se positionner sur les opportunités de croissance significatives tant dans le PV (photovoltaïque) et ses applicatifs, que dans l’éolien.
Pourquoi ? Parce que c’est une zone abritant un tissu industriel spécialisé en EnR (Fenelec, Amisole et Cluster EnR) et renfermant des écosystèmes industriels (automobiles, aéronautiques et IMMEE) propices au développement d’une filière industrielle verte. Ainsi, dans le PV comme dans l’éolien, plusieurs projets pourront y être développés. Mais, auparavant, il faudra lever certaines contraintes d’ordre réglementaire, fiscal et douanier, mais aussi liées aux structures des marchés.
Les projets identifiés dans le PV…
Dans le PV, il serait ainsi possible de fabriquer des composants qui ne sont pas disponibles localement et/ou dont la faisabilité technique est abordable. Il s’agirait plus particulièrement des structures, des trackers (motorisaton), des MC4 et des T connecteurs, des câbles solaires, des boîtes de jonction, et des travaux de maintenance. Dans la mobilité électrique, la région peut tirer avantage du grand potentiel des écosystèmes «câblage» et «batteries» développés dans le sillage des industries automobiles et aéronautiques, et plus particulièrement suite à la découverte récente d'un important gisement de lithium au Maroc.
Alors que dans le pompage solaire, il ne faut pas sous-estimer le potentiel induit par les subventions agricoles, ceci sans oublier celui des chauffe-eaux solaires, en prévision de la décompensation du gaz. Ne pas non plus oublier de crédibiliser et promouvoir ces «Made in Morocco» à estamper par des certifications de l’Institut marocain de normalisation (Imanor). Pour crédibiliser toute cette production, l’étude recommande de signer un contrat programme entre l’Etat et les opérateurs du secteur. Ce n’est pas tout. Au niveau règlementaire, elle recommande d’activer l’opérationnalisation du déblocage enclenché de la moyenne tension pour le solaire privé; d’accélérer la mise en œuvre de la loi n°82-21 sur l’autoproduction, et parfaire continuellement ses dispositions, de manière à libérer davantage le marché national de la moyenne tension.
Elle suggère aussi de simplifier davantage la procédure de demande de raccordement de l’installation PV en autoproduction au réseau national, ainsi que d’encadrer et d’encourager l’innovation pour le développement de nouvelles solutions de stockage. Au niveau fiscal et douanier, il s’agira aussi de renforcer le dispositif des incitations fiscales et des aides financières plus encourageantes tant aux particuliers qu’aux industriels pour encourager et faciliter la transition vers les EnR; et de prévoir des mesures douanières pour promouvoir la fabrication locale de composants solaires en révisant les droits d’importation communs, se situant actuellement autour de 2,5%. L’étude recommande aussi de bâtir un savoir-faire local effectivement exportable, à travers notamment la promotion de l’innovation et la R&D et le renforcement des capacités des opérateurs nationaux en termes de références locales et de financement pour leur permettre de conquérir de nouveaux marchés à l’étranger, surtout en Afrique.
… Et l’éolien
Dans l’éolien, il y a aussi plusieurs projets qui ont été identifiés, dont notamment le développement de composants non disponibles en fabrication locale et/ou dont la faisabilité technique est abordable, tels que génératrices d’électricité, châssis, multiplicateurs, convertisseur/alternateurs, freins et commandes électrique de la tour. Il serait aussi possible de créer une expertise dans l’estimation du potentiel éolien, le dimensionnement des parcs et la calibration des anémomètres, la réception des éoliennes, ainsi qu’en gestion de maintenance (GMAO).
De réfléchir à l’éventualité d’une production dans la région de tours et pales peu adaptées au transport, sous réserve du développement de l’éolien offshore, des petites éoliennes et de l’adhésion des clients industriels à proximité. Mais aussi de développer des partenariats avec les entreprises internationales spécialisées afin de réaliser les sous-systèmes manquants de la chaîne de valeur éolienne. Ce serait également envisageable d’explorer le développement de l'éolien offshore, moins contraignant en termes d'occupation physique de l'espace et offrant de plus grandes capacités de puissance. Et se préparer à saisir d’autres opportunités liées notamment au démantèlement et au repowering des parcs éoliens. Le développement de ces projets nécessitera cependant de lever certaines contraintes. Dans le domaine réglementaire, l’étude en a relevé deux, à savoir la résolution de l'équation du foncier nécessaire au développement des parcs éoliens dans la région; et plus de simplification de la procédure de demande de raccordement de l’installation éolienne au réseau national.
Dans le domaine fiscal et douanier, l’étude recommande aussi de renforcer le dispositif des incitations fiscales et des aides financières tant aux particuliers qu’aux industriels pour encourager et faciliter la transition vers les EnR ; et de prévoir des mesures douanières pour promouvoir la fabrication locale de composants éoliens en révisant les droits d’importation communs, se situant actuellement autour de 2,5%, notamment pour les groupes électrogènes et convertisseurs rotatifs électriques. Last but not least, dans le but de bien structurer le marché, l’étude suggère d’appuyer la création d’un marché de la petite éolienne et d’étendre le programme de pompage solaire à l’éolien; mais aussi de renforcer les capacités des opérateurs nationaux en termes de formation et de références locales pour conquérir de nouveaux marchés à l’étranger, surtout en Afrique.