Les acteurs du marché de la dette intérieure tenus en haleine.
Résistance des investisseurs à placer leurs excédents de liquidité en l’attente de rendements plus élevés.
Les convictions de la Recherche d'Attijariwafa bank.
"Le Trésor avait la capacité de satisfaire plus du quart de son besoin annuel, selon nos calculs, dès la fin du mois de Janvier".
L'Economiste en chef d'Attijariwafa bank, Abdelaziz Lahlou, revient dans un papier publié aujourd'hui sur cette fameuse adjudication du 29 janvier 2019 où le Trésor avait reçu une demande de 31,7 Mds de dirhams pour de nouvelles lignes long terme. Première session de l’année qui comporte les maturités long terme de 10 et 20 ans, les résultats de cette adjudication sont riches d’enseignements. Pour Abdelaziz Lahlou, cette séance donne des indications sur "une liquidité abondante du marché" et "une baisse unanimes des taux".
Rappelons que la demande en BDT a atteint 31,7 Mds lors de cette séance dont 87% sur la maturité 10 ans contre 1% pour la maturité 20 ans. "Ce niveau est en nette hausse par rapport à une moyenne de la Demande de 9,5 Mds de dirhams en 2019 avant cette séance", témoigne l'analyste. Et d'ajouter que "ce volume de soumission témoigne d’une situation de surliquidité chez les opérateurs. Autrement dit, le Trésor avait la capacité de satisfaire plus du quart de son besoin annuel, selon nos calculs, dès la fin du mois de Janvier".
Une baisse unanime des taux
L’adjudication a été effectuée à un taux 10 ans de 3,255%, soit une baisse significative de 11,7 pbs par rapport au dernier primaire. Dans cette même tendance, néanmoins dans une moindre proportion, la maturité 20 ans a été adjugée à 3,93% en recul de 5,8 pbs. Au-delà du recul des deux maturités, "nous relevons une demande serrée en titres avec un spread entre le « moins- disant » et le « mieux disant » ne dépassant pas 11,0 pbs, soit un intervalle de [3,23%, 3,34%] pour la maturité de 10 ans".
Pour Lahlou, cette situation est une continuité de la baisse enclenchée depuis le début de l’année sur le marché des taux.
Les acteurs du marché de la dette intérieure sont, en effet, tenus en haleine : D’un côté, d’importants encaissements sont prévus pour le court terme et qui risqueraient de ralentir les levées du Trésor. Tout d'abord l’émission en devises qui se précise davantage et dont les conditions de sortie devraient profiter du renouvellement de la ligne de précaution et de liquidité (LPL) pour un montant de 3 MM$, les recettes du programme de privatisation dont le montant initial annoncé est de 5 Mds et qui devait être revu à la hausse à 10 Mds et la mise en place d’un nouveau mécanisme de financement de 12 Mds contracté auprès des institutionnels locaux.
De l’autre côté, toujours selon Lahlou, le marché a ressenti lors du S2-2018 un phénomène de résistance des investisseurs à placer leurs excédents de liquidité en l’attente de rendements plus élevés. Ainsi, l’accumulation de cash chez les opérateurs les pousserait à se contenter des rendements actuels.
Et de conclure que par conséquent, nous pensons qu’une baisse des taux à court terme serait justifiée. Sur un horizon moyen terme, continue la Recherche d'Attijariwafa bank, "nous défendons un scénario de stabilité des taux".