Syrie: Six anciens dirigeants de Lafarge sur la sellette

Syrie: Six anciens dirigeants de Lafarge sur la sellette

 

PARIS (Reuters) - L‘ex-PDG de Lafarge Bruno Lafont et son ex-directeur général adjoint opérations Christian Herrault ont été mis en examen vendredi dans l‘enquête sur les activités du groupe en Syrie au cours des récentes années de guerre.

Cela porte à six le nombre d‘anciens dirigeants du cimentier sur la sellette.

Les juges d‘instruction chargés du dossier ont mis en examen les deux anciens dirigeants pour financement d‘une entreprise terroriste, mise en danger de la vie d‘autrui et violation de la réglementation relative aux relations financières avec l’étranger, a-t-on appris de source judiciaire. Ils ont tous les deux été placés sous contrôle judiciaire avec caution.

L‘enquête porte sur les conditions dans lesquelles le groupe français, absorbé en 2015 par le Suisse Holcim pour former le géant LafargeHolcim, a maintenu en activité en 2013-2014 sa cimenterie de Jalabiya dans une zone de conflit, contrôlée notamment par les djihadistes de l‘Etat islamique (Daech).

“Mon client est innocent de tout ce qu‘on lui reproche. L‘usine de Jalabiya s‘est trouvée entourée de factions terroristes qui lui ont imposé un racket auquel Lafarge à dû se soumettre pour pouvoir assurer la sécurité de son personnel. La première priorité de mon client a toujours été la sécurité des salariés”, a dit à Reuters Me Solange Doumic, avocate de Christian Herrault.

Une enquête interne a confirmé que des centaines de milliers d‘euros avaient été versés à des groupes armés, dont Daech.

“Les montants qui sont donnés me paraissent complètement aberrants. Ce que mon client savait pour les sommes en jeu c’était de l‘ordre de 200.000 euros. C‘est plutôt en millions que les juges parlent, dont 500.000 pour Daech. Mais je ne sais pas comment ils font leurs calculs”, a ajouté Solange Doumic.

L‘EX-DG ERIC OLSEN VA FORMER UN RECOURS

La filiale syrienne de Lafarge, LCS, est aussi soupçonnée d‘avoir utilisé des matières premières, du pétrole notamment, venant de territoires contrôlés par l‘Etat islamique.

Trois organisations non gouvernementales (Sherpa, le Centre européen pour les droits constitutionnels et de l‘homme et la Coordination des chrétiens d‘orient en danger) ont porté plainte, ainsi que le ministère des Finances.

L‘ex-directeur général de LafargeHolcim Eric Olsen a été mis en examen jeudi pour financement d‘une entreprise terroriste et mise en danger de la vie d‘autrui.

Son avocat a cependant déclaré à Reuters qu‘il allait déposer un recours auprès de la chambre de l‘instruction de la Cour d‘appel de Paris. “Eric Olsen conteste sa mise en examen. Il va former un recours. Il ne souhaite qu‘une seule chose, que toute la lumière soit faite sur cette affaire, le plus vite possible”, a dit Me Pierre Cornut-Gentille.

Selon une source au fait du dossier, Eric Olsen, qui était directeur des ressources humaines et président du comité de sûreté du groupe jusqu‘au 1er septembre 2013, fait valoir qu‘il n‘avait pas de pouvoir de décision sur le maintien de l‘usine.

Les versements à Daech n‘auraient commencé qu‘en novembre de la même année, alors qu‘il était devenu responsable opérationnel d‘une zone qui ne comprenait pas la Syrie, se défend-il aussi, selon la même source.

La semaine dernière, les anciens directeurs de la filiale syrienne de Lafarge, LCS, Bruno Pescheux et Frédéric Jolibois, ont été mis en examen pour financement du terrorisme, mise en danger d‘autrui et violation de la réglementation relative aux relations financières avec l’étranger.

Le sixième homme, Jean-Claude Veillard, responsable à l’époque de la sécurité du groupe et toujours salarié de LafargeHolcim, a été mis en examen pour financement du terrorisme et mise en danger d‘autrui.

Placés sous contrôle judiciaire, ces trois hommes contestent aussi les faits qui leur sont reprochés.

 

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