Le président socialiste vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé dimanche la création du "petro", une monnaie virtuelle basée sur les réserves de pétrole du pays, pour lutter contre le "blocus financier" des Etats-Unis.
"J'annonce que le Venezuela va mettre en place un nouveau système de cryptomonnaie basé sur ses réserves pétrolières. Le Venezuela va créer une cryptomonnaie, le petro, pour progresser en matière de souveraineté monétaire, pour procéder à ses transactions financières malgré le blocus financier", a déclaré M. Maduro lors de son émission télévisée hebdomadaire.
Outre le pétrole -dont le Venezuela détient les réserves les plus importantes de la planète- cette nouvelle monnaie virtuelle sera basée sur le gaz, les stocks d'or et de diamants, a indiqué le président.
"Cela nous permettra d'avancer vers de nouvelles formes de financement international pour le développement économique et social du pays", a-t-il déclaré.
Le gouvernement a également annoncé la création d'un "observatoire de la blockchain", une plateforme d'échanges de cryptomonnaie.
Bien que le président n'ait guère fourni de détails sur le projet, des analystes comme Henkel Garcia, directeur du cabinet de consultants Econometrica, ont estimé limitées ses chances de succès.
"Vous pouvez la lancer, mais la confiance, l'acceptation et l'utilisation seront les éléments déterminants du succès de la cryptomonnaie. Pour moi, il sera assez limité", a dit M. Garcia. "Le bolivar est également soutenu par des réserves mais n'a aucune force".
"La confiance dans un pays dépend des niveaux de production et de richesse qu'il génère", a-t-il poursuivi, "par exemple les gens font confiance au dollar en raison des niveaux de richesse qui y sont associés".
L'annonce de M. Maduro intervient alors que le Venezuela, mis en difficulté par la chute des cours du pétrole dont il tire 96% de ses devises et sanctionné par les agences de notation, est acculé à restructurer une dette extérieure estimée à environ 150 milliards de dollars par certains experts. Sa population souffre déjà de graves pénuries d'aliments et de médicaments, faute d'argent pour les importer.
Le Venezuela et la compagnie pétrolière d'Etat PDVSA sont déjà considérés comme étant partiellement en défaut de paiement par plusieurs agences de notation.
Face à cela, Caracas accuse Washington de "persécution financière", le président américain Donald Trump ayant imposé fin août des sanctions économiques au Venezuela.
Durant l'année écoulée, le bolivar venezuelien a perdu 95,5% face au dollar au marché noir.
Les cryptomonnaies ne sont pas inconnues au Venezuela, considéré par les spécialistes comme un hâvre pour la production de bitcoins à moindres coûts.
Selon les estimations, des dizaines de milliers de personnes fabriquent des bitcoins pour se protéger de l'inflation, prévue à plus de 2.300 pour cent en 2018. Ces "mineurs" de bitcoins échangent leurs gains en dollars ou en nouveaux bicoins.
La loi au Venezuela n'interdit pas le "minage" de bitcoins, dans lequel sont d'ailleurs impliqués certains fonctionnaires selon des experts, mais les autorités poursuivent ceux qui utilisent ce moyen pour dérober de l'énergie.
Caracas, 4 déc 2017 (AFP)