Covid-19 : premières réactions des sociétés cotées

Covid-19 : premières réactions des sociétés cotées

 

L'épidémie du virus Covid-19 paralyse des pans entiers de l'économie mondiale, principalement en Chine, avec la fermeture d'usines, d'écoles, annulations de vols, de conférences, ou encore de rencontres sportives. Selon l'OCDE, la croissance mondiale ne devrait pas dépasser 2,4% cette année contre une projection de 2,9% avant l'épidémie, ce qui était déjà le plus faible niveau depuis la crise financière de 2008-2009.

Alors que les Bourses mondiales avaient pendant quelques semaines relativement bien résisté à la propagation de l’épidémie de coronavirus, l'accélération récente des cas (en Corée du Sud et en Italie surtout) a fait craindre que le virus puisse avoir un impact bien plus important que ce que les observateurs prévoyaient. Les marchés à travers le monde ont plongé la semaine dernière d'une manière inédite depuis 12 ans.

Par ailleurs, pour contrer l’impact du coronavirus sur l’économie, certaines Banques centrales (Australie, Etats-Unis, Canada…) ont annoncé des baisses de taux. Mais, comme le reconnaissait la Fed mardi dernier, «la détente décidée ne réduira pas le nombre de cas de coronavirus et ne relancera pas une chaîne d’approvisionnement bloquée».
 

Quid du Maroc ?

Le Covid-19 ne s’arrête pas aux frontières et le Maroc est malheureusement touché par 2 cas pour le moment.

Sur le marché financier marocain, les impacts de cette crise sanitaire restent pour l’heure imprécis. Mais, les inquiétudes ont aussitôt gagné les investisseurs. Des secteurs pouvant être, de loin ou de près touchés, affichent des faiblesses en Bourse. En tête, le secteur portuaire et celui du tourisme. Risma, opérateur du tourisme a enregistré une baisse de 9,5% alors que Marsa Maroc a connu un recul de 11,35%. Les mines ont également subi des dégagements avec une baisse de 9,09% sur Managem.

Les grandes capitalisations ont été également malmenées. Maroc Telecom a perdu 3,79% sur la période, Attijariwafa bank (-6,11%), LafargeHolcim (-11,63%), Cosumar (-11,36%)…

Résultats des courses : une baisse de 7,81% pour le Masi depuis que la propagation de l’épidémie s’est accélérée, alors que 48 milliards de DH de capitalisations sont partis en fumée. Bref, le marché boursier vit une période de stress et sera désormais à l’épreuve de l’épidémie. 

A noter que la baisse a été alimentée par d'importants rachats chez les OPCVM, justifiés par les craintes liées à la crise sanitaire du Covid-19, selon plusieurs sources du marché. Les opérateurs expliquent ces ventes massives par le manque de visibilité sur l'ampleur des dégâts économiques et la durée de la crise. 

Dans la foulée, le gouvernement du Maroc a décidé vendredi de procéder, dès lundi 9 mars, à un élargissement de la bande de fluctuation du dirham de ±2,5% à ±5%. Si dans le communiqué du ministère des Finances ou de Bank Al-Maghrib aucun lien avec le Covid-19 n'est établi, les opérateurs sont en droit de se demander si cet élargissement n'est pas une première réaction des autorités monétaires à l'épidémie mondiale.  Car, souvenez-vous, le Wali de la Banque centrale avait déclaré en octobre dernier que le Maroc passera à cette deuxième phase dès les premiers signes d'un choc externe.


A lire également :  Le corona-krach rattrape la Bourse de Casablanca


Impact important sur l’industrie portuaire

Sur le commerce mondial, les mesures prises ont eu pour effet de bloquer les chaînes logistiques et de mettre un coup d'arrêt aux déplacements internationaux. Chose qui s’est pour le coup répercutée sur le commerce extérieur marocain.

Les volumes de transport maritime mondial ont drastiquement baissé suite à  l’épidémie de Covid-19.

«En chiffres, 46% des départs prévus sur une route majeure vers l'Asie ont été annulés au cours des quatre dernières semaines au 20 février», indique un rapport du cabinet Mckinsey.

Et de rajouter, Covid-19 a entraîné une perte de 1,7 million d’EVP dans le commerce mondial de conteneurs au 23 février, soit 1% du volume mondial total en 2019.

Les experts du cabinet Mckinsey notent que 80% du commerce mondial de marchandises en volume sont transportés par mer. Sur les 9 ports à conteneurs les plus fréquentés au monde, 7 se trouvent en Chine, 1 à Singapour et 1 en Corée du Sud.

Les volumes mondiaux de conteneurs ont augmenté de 0,7% en 2019, ce qui signifie que l'impact de Covid-19 sur les volumes a plus qu'effacé la pleine croissance mondiale observée en 2019. Actuellement, les pertes de revenus sont estimés à 350 millions de dollars par semaine.

Bref, des chiffres qui donnent le tournis.

Tourisme : c’est l’hécatombe !

Le manque à gagner est estimé à plus d’un milliard d’euros par mois en Europe dans le tourisme. Secteur névralgique pour l’économie marocaine, le tourisme va payer cher l’actuelle crise sanitaire.

«Les annulations de réservations tombent en masse. Idem du côté événementiel, les professionnels annulent les conférences et les réservations de salles. On chute. C’est un vrai coup dur pour nous», commente un opérateur touristique d’un grand hôtel casablancais dévasté par la crise.

Distribution : face au dilemme de l’approvisionnement

Sur le front des ventes pour l’alimentation et celui des approvisionnements pour les produits non-alimentaires provenant d'Asie, les distributeurs s’activent. Les achats de précaution ont commencé. Car la distribution est tout autant concernée. Elle pourrait être impactée par 2 éléments : D’une part, un effet produit sur les stocks (en cas de panique et de ruée sur les produits alimentaires et non-alimentaires). Et d’autre part, une éventuelle baisse de la fréquentation des supermarchés.

Interrogé durant la conférence de présentation des résultats mardi dernier (juste après l’annonce du premier cas), le management de Label’Vie explique avoir «anticipé un éventuel stress sur les stocks. Cela en diversifiant les pays de sourcing, en particulier sur les produits susceptibles d’être en rupture».

Quant à la fréquentation, le Groupe estime que l’épidémie «peut porter un risque».

L’automobile n’est pas en reste

Le secteur de l’automobile ne devrait pas faire exception face au Covid-19. Cette épidémie montre la dépendance de l’industrie de l’automobile aux importations chinoises. Un marché qui concentre 40% de la production automobile mondiale.

Interpellé sur le sujet en conférence de presse, le Groupe Auto Hall se veut rassurant. Il affirme disposer de stocks suffisants pour y faire face, mais avec une incertitude quant à la durée et à l’ampleur de la crise.

Les constats du management

«Nous sommes partenaires avec la Chine. Et c’est vrai que les premiers mois, il y avait des arrêts qui coïncidaient avec les fêtes de fin d’année et le nouvel An chinois. On a par ailleurs eu un retour d’information récemment, qui indique qu’il y a un retour à la normale et que la production reprend progressivement. Il faut dire que nous sommes légèrement impactés pour l’heure», constate Abdellah El Mouadden, Directeur général de Nissan Maroc.

«En ce qui concerne Opel, nous sommes en contact avec PSA. Et à date d’aujourd’hui, il n’y a pas d’impacts. Nous avons des commandes déjà programmées et des prévisions d’arrivage prochainement», développe de son côté Abdelaziz Maalmi, DG d’Opel Maroc.

«Pour le constructeur Ford, c’est principalement des modèles européens que nous avons ici au Maroc. Donc, jusqu’à présent, nous ne disposons pas d’informations de chez le producteur qui affirment que la production va être touchée. Mais ce sont des choses qui évoluent dans le temps. Et le marché de l’automobile marocain dans sa globalité va être impacté, puisqu’il est lié à l’économie», nous apprend le DG de Ford Maroc.

Riposte

«Le Groupe Auto Hall depuis toujours a une politique de stock très confortable. Nous avons de quoi livré 3 mois sans aucun problème. D’autant qu’avec le salon Auto Expo, l’ensemble des opérateurs sur le marché s’approvisionne d’avance. Tous les opérateurs s’approvisionnent de sorte à avoir un stock suffisant d’ici juin. Le pipeline est déjà rempli. Idem pour les pièces de rechange où l’approvisionnement est beaucoup plus important», rassure le top management.

La réaction du président de  BMCI

Les banques ne sont pas en reste avec les récentes baisses des taux directeurs. Ci-dessous la réaction du management de la BMCI.

«L’actualité de ces 24h dernières heures montre que le sujet évolue en permanence. Au niveau du Groupe BNP Paribas, nous avons régulièrement des réunions à ce sujet. Les actions entreprises suivent deux directions : Les premières d’ordre préventif concernent la protection des collaborateurs et des clients qui sont en contact avec les agences...

Le deuxième volet, beaucoup plus difficile à analyser parce qu’il est encore trop récent, est l’impact sur l’économie et les conséquences sur le système financier. Nous commençons à avoir les premières indications. Mais, la marge d’incertitude reste énorme.

D’après les premières estimations, le PNB mondial devrait baisser de 0,5 à 1,5% avec des géographies très diversement impactées. La première étant bien évidemment la Chine.

Des secteurs comme le tourisme seront fortement impactés, ce qui est dommageable pour le Maroc. D’autres secteurs tireront profit de cette situation comme le secteur pharmaceutique.

En gros, c’est encore trop tôt de mesurer les impacts précis du Covid-19. C’est un sujet de très grande vigilance pour le Groupe et pour la BMCI».

Des degrés d'impacts différents 

Dans l'état actuel des choses et dans l'hypothèse que le Covid-19 ne connaisse aucune mutation vers une forme plus agressive, Mckinsey estime que le secteur du tourisme mondial sera celui qui mettra le plus de temps à repartir. Les réservations ne devraient pas retrouver leur niveau normal de saison avec le quatrième trimestre 2020. L'aviation, l'énergie et le secteur automobile connaitraient une relance au troisième trimestre alors que la grande consommation repartirait plus vite, dès le deuxième trimestre. Des anticipations à prendre toutefois avec précaution de l'avis même de Mckinsey auteur de l'étude. 

 

Youssef Seddik. 

Pétrole et Bourse mondiales s'affolent 

Pour leur part, les marchés financiers mondiaux ont de nouveau cédé à l'affolement vendredi face à la nouvelle hausse du nombre de cas de coronavirus dans le monde, faisant dégringoler les indices boursiers, chuter les barils de pétrole d'environ 10% et précipiter les taux sur la dette des Etats. Après avoir déjà dévissé de plus de 3% jeudi, l'indice vedette de Wall Street est encore tombé de 0,98% vendredi.  Les Bourses européennes ont pour leur part toutes clôturé sur des pertes sévères, autour de 3,50% pour Milan et Madrid, Francfort terminant sur une chute de 3,26%, Londres de 3,62%, tandis que la palme est revenue à Paris avec un plongeon de 4,14%, inédit depuis le référendum sur le Brexit en juin 2016. A ces inquiétudes sur la propagation du virus sur le sol américain et sur l'économie des Etats-Unis, qui paraissait jusqu'alors relativement épargnée, se sont ajoutées celles liées à la chute brutale des cours du pétrole. Le baril d'or noir coté à New York a plongé de 10,1% quand celui vendu à Londres à dégringolé de 9,4% alors que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et son principal allié russe ne sont pas parvenus à s'entendre pour amplifier leurs baisses de production. Signe d'une ruée vers les actifs considérés comme des valeurs refuges, le taux sur la dette à 10 ans des Etats-Unis a plongé sous le seuil des 0,7%, tandis que le taux allemand de même échéance est revenu à son plus bas historique atteint début septembre.

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux