(Reuters) - L‘euro devrait conserver au cours des 12 prochains mois la majeure partie des gains qu‘il a engrangés depuis le début de l‘année, montre jeudi une enquête Reuters auprès de spécialistes du marché des devises, qui estiment qu‘une nouvelle hausse de 5% de la monnaie unique face au dollar placerait la Banque centrale européenne (BCE) dans une situation inconfortable.
Depuis le 1er janvier, l‘euro s‘est apprécié de plus de 13% face au billet vert, une performance qui, s‘il finit l‘année à son niveau actuel, serait la meilleure depuis 2013.
L‘enquête menée du 4 au 6 septembre auprès de plus de 60 responsables de stratégies devises montre que l‘euro devrait s’échanger autour de 1,19 dollar dans un an.
Les réponses fournies à la question posée sur le niveau auquel la BCE jugerait que la hausse de la monnaie unique européenne la placerait en situation inconfortable donnent une médiane d‘environ 1,25 dollar, soit quelque 5% au-dessus du niveau de jeudi matin.
Certains ont jugé que le seuil d‘inconfort pour la BCE avait déjà été franchi mais d‘autres l‘ont estimé bien plus haut, jusqu’à 1,40 dollar.
“L‘ampleur de la hausse de l‘euro ou le rythme de la hausse de l‘euro nous ont assurément pris par surprise”, a déclaré Jane Foley, responsable senior de la stratégie devises de Rabobank.
“Si l‘on devait aller jusqu’à 1,25 dollar dans un délai assez court - peut-être six mois environ - cela deviendrait difficile pour la BCE. De plus, quand une monnaie bouge vite, une banque centrale peut comme tout le monde craindre que sa trajectoire se maintienne.”
Si les analystes prédisent un euro à peu près stable au niveau actuel dans les mois à venir, force est de constater que les prévisions ont été prises en défaut à plusieurs reprises cette année par la vigueur de la devise. Le consensus a ainsi été révisé à la hausse au cours de chacun des sept derniers mois.
Plus aucun des spécialistes interrogés ne prévoit désormais un retour à la parité entre l‘euro et le dollar, a fortiori en dessous, alors qu‘en début d‘année, plusieurs d‘entre eux voyaient l‘euro revenir à 1,00 dollar dans le courant de 2017.
L’“indice dollar”, qui mesure l’évolution de la devise américaine face à un panier de référence de six devises, a baissé d‘environ 10% depuis le début de l‘année, victime entre autres des doutes sur la réforme fiscale aux Etats-Unis.
Fin août, le billet vert est tombé à son plus bas niveau depuis janvier 2015 avec la conjonction des craintes de retombées économiques de l‘ouragan Harvey et des tensions liées à la péninsule coréenne.
Les positions à la vente sur le dollar ont atteint leur plus haut niveau depuis 2013 selon les données de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) en dépit de la perspective d‘un début de réduction du bilan de la Réserve fédérale.
Les déclarations récentes de responsables de la Fed ont en effet montré des divergences au sein de la banque centrale américaine sur les perspectives d‘inflation et leur impact sur la remontée des taux, ce qui a pesé sur le dollar.
L‘indice dollar devrait finir l‘année en baisse de plus de 7% selon l‘enquête de Reuters, ce qui constituerait sa plus mauvaise performance annuelle depuis la crise financière.