Sur le papier, les partenariats public-privé offrent un bon couple rendement/risque par rapport à d'autres supports de placement.
Le gouvernement prévoit 12 Mds de dirhams d'investissement sous cette forme en 2019.
Par A.H
Le schéma est redoutable de simplicité et d'efficacité. Pour l'Etat, il s'agit de financer des projets d'infrastructure en faisant jouer un effet de levier, en réduisant sa dépense d'investissement et donc en faisant moins appel à l'endettement.
Pour les investisseurs institutionnels, il s'agit de placer leurs liquidités à long terme dans des projets d'infrastructure et avec un couple rendement/risque défiant toute concurrence.
C'est la magie des partenariats public-privé. Magie que le ministre des Finances, Mohamed Benchaâboun, veut faire opérer au plus vite. Car dans l'élaboration du projet de Loi de Finances 2019, il a budgétisé 12 Mds de dirhams d'investissement sous cette forme.
On peut imaginer dans un futur proche des investissements publics financés ou co-financés par des investisseurs institutionnels via un rendement locatif attractif, représentant facilement deux à trois fois le rendement des bons du Trésor. Mais pour ce faire, le ministère des Finances doit assouplir les procédures.
«Nous sommes actuellement, au sein du gouvernement, en train d’amender et d’actualiser la loi sur le partenariat public – privé», déclarait le ministre récemment lors d'un forum sur les partenariats public-privé. Un projet de loi serait en préparation pour être présenté dans «les semaines à venir» en Conseil de gouvernement en vue de son adoption. La tutelle cherche, à travers sa démarche, à apporter «plus de souplesse et d’ouverture pour les projets qui peuvent être financés».
La santé et l'éducation sont pour le moment les secteurs visés. Cela permet de conduire une politique économique expansionniste en réduisant la dépendance à l'endettement et en évitant au Maroc de détériorer ses autres équilibres macroéconomiques.
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Bon plan pour l'épargne institutionnelle
Le gouvernement n'aura pas beaucoup de difficultés à convaincre les institutionnels de l'accompagner. Ces derniers sont confrontés à une situation délicate sur le marché des capitaux, leur source habituelle de rémunération de l'épargne.
Il faut dire que les produits de taux rémunèrent de moins en moins, alors que le marché actions souffre de maux structurels liés à sa liquidité, tout en traversant une conjoncture particulièrement difficile depuis 18 mois en termes de rendement. Leur proposer une nouvelle classe d'actifs offrant du rendement et capable d'absorber des liquidités serait une véritable solution de rechange pour eux.
Mais pour développer ce nouveau type de supports, les cadre légal, réglementaire et prudentiel doivent être adaptés et attractifs.
Que ce soit les compagnies d'assurances, les caisses de retraite ou même les sociétés de gestion d'OPCVM, toutes disent attendre avec impatience ce qui sera proposé dans ce cadre. Cette formule de financement, si elle aboutit dans les délais, permettra de soutenir la politique économique du Royaume.
De manière générale, le non-coté, y compris le Private Equity, est scruté de près par les opérateurs. Avec un taux de pénétration extrêmement faible, son potentiel est énorme et présente des TRI supérieurs à 10%. Les OPCI sont aussi une sous-classe d'actifs importante dans le non-côté. Les acteurs de ce secteur promettent tous des rendements supérieurs à 6%, avec une grande capacité de captation des liquidités. ◆
PPP : Le Maroc a un track record solide
Le partenariat entre les secteurs public et privé marocains ne date pas d'aujourd'hui, mais remonte aux années 1900. Selon le rapport 2016 de la CNUCED sur le développement économique en Afrique, le Royaume est le deuxième pays du continent en ce qui concerne les PPP dans le domaine des infrastructures, avec un financement global de 27,5 milliards de dollars. La loi régissant cette activité, et qui sera amendée prochainement, date de 2012 et est entrée en vigueur en 2015. Elle attend un nouveau souffle en 2019.