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Parcours de femme : Amal bourquia, une pionnière en néphrologie au Maroc

Parcours de femme : Amal bourquia, une pionnière en néphrologie au Maroc

 

Professeur en néphrologie et en néphrologie pédiatrique, présidente de l’association REINS, experte en éthique médicale, auteur d’une quinzaines d’ouvrages, Amal Bourquia retrace pour nous son parcours riche et diversifié. 

 

Propos recueillis par Chaimaa Abounaim

 

Finances News Hebdo : Un mot sur votre parcours universitaire ? 

Amal Bourquia : J’ai entamé une carrière universitaire en 1980, après avoir réussi au Concours d’internat du CHU de Casablanca et suis devenue la première interne issue de cette faculté. Parallèlement à mes activités d’enseignante à la faculté, j’ai préparé en France le Certificat national de spécialité en néphrologie à l’Université René Descartes à Paris. En 1990, je fus nommée Professeur agrégée de néphrologie à la Faculté de médecine de Casablanca. 

Mes fonctions hospitalières, mon dynamisme et mon dévouement pour les malades m’ont permis de participer activement à la mise en place et au développement de nombreux programmes thérapeutiques, tels que l’hémodialyse aiguë et chronique, la dialyse péritonéale, ainsi que le démarrage de la transplantation rénale dont je suis une pionnière au Maroc. 

Je suis membre de nombreuses instances scientifiques nationales et internationales dont la Société de néphrologie en France où j’ai représenté le Maroc au sein de son Conseil d’administration, la Société internationale de néphrologie, celle de la néphrologie pédiatrique, de l’Association mondiale de médecine, et bien d’autres…Je suis membre fondateur de nombreuses sociétés et d’associations telles que la Société marocaine des maladies rénales (président-fondateur), l’Association méditerranéenne des maladies rénales (président-fondateur), la Société marocaine de néphrologie pédiatrique. Je suis représentante de l’Afrique au sein de l’Association internationale de néphrologie pédiatrique. 

Après un cursus en tant qu’enseignante au Centre Hospitalier Ibn Rochd, j’ai tenté une nouvelle expérience dans la profession libérale, en créant Al Amal Centre, dédié à la néphrologie-dialyse, permettant de prendre en charge aussi bien les enfants que les adultes atteints de maladies rénales. 

 

F.N.H. : Votre carrière professionnelle se caractérise par sa diversité. Pouvez-vous nous en parler ? 

A. B. : Je ne peux pas citer toutes les activités. Je suis pionnière en néphrologie au Maroc avec plusieurs actions dans tous les domaines des maladies rénales, mais aussi avec de nombreuses activités liées à l’enseignement, aux publications, à la communication médicale, aspects, éthiques médicales. 

J’ai eu la chance d’avoir le don du partage et de l’aide depuis mon jeune âge, et suis toujours prête à aider les personnes en difficulté. Concernant l’écriture, mes productions scientifiques sont nombreuses, riches et variées. Elles touchent aux différents aspects de la néphrologie et sont devenues les seules références nationales. 

Ma motivation pour écrire était de sensibiliser le lecteur à cette maladie. Certes, on est toujours loin des objectifs, mais c’est l’un des moyens qui peuvent rapprocher les gens. 

 

F.N.H. : Quels sont les éventuels obstacles que vous avez dû surmonter en tant que femme dans votre carrière professionnelle ? Et pensez-vous que la parité est sur la bonne voie ? 

A. B. : Personnellement, je n’ai jamais eu à faire face à une situation de discrimination. D’une manière générale et en termes de chiffres, je peux dire que nous avons dépassé la parité. Aujourd’hui, le nombre d’étudiantes en médecine dépasse celui des garçons. Mais si on parle en termes de postes de responsabilité, la femme est toujours reléguée en seconde position. Et là je dois dire que la femme doit s’imposer et mettre de côté sa fibre sensible qui la décourage. 

Ce qui me déplait aussi, c’est que généralement ce sont les femmes qui découragent les femmes, et c’est là où je dis que tout nous revient : l’éducation est faite par la femme, c’est elle qui fait cette distinction dès son jeune âge. Il faut qu’on revoie l’idée qui veut que la parité a une relation avec le comportement de l’homme. Au contraire, elle revient à nous-mêmes, aux femmes en premier lieu. 

 

F.N.H. : Vos recommandations pour les femmes en début de carrière ? 

A. B. : Les femmes doivent déjà croire en elles, parce que dès l’enfance, la fille reçoit l’idée qu’elle est inférieure aux garçons. Et une fois qu’elle décroche un haut poste, on est tous surpris, alors que c’est normal. Nous sommes au même niveau que l’homme, nous avons beaucoup de capacités, il suffit d’y croire et de lutter contre toutes les attitudes négatives qui essayent de limiter la femme à son physique. 

Il est vrai qu’elle ne doit pas perdre sa féminité, mais cela ne l’empêche pas de réaliser ses ambitions. Son côté féminin est son point fort, dans le sens où elle fera du milieu où elle travaille un milieu plus serein. 

La femme doit aussi se libérer de la dépendance de l’homme, de l’idée qu’elle ne peut exister que s’il y a un homme. Il faut travailler et faire des sacrifices, il faut tracer des objectifs, pour aller droit au but, et avoir une personnalité non pas forte mais bien construite sur de bonnes bases. On revient toujours à l’éducation qui est faite par la maman, c’est-à-dire par une femme. C’est elle qui construit ou détruit la femme. 

 

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