Avec 27% d’électricité verte, une dépendance énergétique réduite à 12,9% et des émissions de CO2 en baisse, le Maroc consolide son indépendance énergétique.
Par Désy M.
En 2024, le Maroc a poursuivi sa dynamique de transformation énergétique en s’affirmant comme un leader régional dans le développement des énergies renouvelables. Dans un contexte global marqué par les enjeux climatiques et les fluctuations des marchés énergétiques, le Royaume intensifie ses efforts pour répondre à ses engagements environnementaux et garantir son indépendance énergétique.
La mise en service de nouveaux projets, l’optimisation du réseau électrique et la modernisation des infrastructures témoignent de cette ambition. À travers une planification stratégique et des investissements significatifs, le pays s’impose comme un modèle en matière de transition énergétique, tout en renforçant sa compétitivité économique. D’après le professeur Amin Bennouna, spécialiste des questions énergétiques, «la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité a atteint 27% en 2024, soit environ 11.600 GWh. Cette progression régulière, amorcée depuis mi-2022, reflète les efforts soutenus du Maroc pour intégrer davantage de sources propres dans son mix énergétique».
Et d’ajouter que «la part de l’électricité renouvelable a grimpé à 27% de la production nationale, avec une contribution majeure de l’éolien (82%) et du solaire (15%)». Cette augmentation a permis de compenser à la fois la baisse de la production hydroélectrique évaluée à 3%, liée à une sécheresse persistante, et l’arrêt progressif de certaines centrales à charbon, notamment à Jerada. Ce basculement vers des sources d’énergie plus propres et durables constitue un pas décisif vers l’objectif de souveraineté énergétique du Maroc.
Les STEP, un levier pour stabiliser le mix énergétique
Pour pallier l’intermittence des énergies renouvelables, le Maroc mise sur les Stations de transfert d’énergie par pompage (STEP). Ces infrastructures stratégiques permettent de stocker les excédents d’électricité générés pendant les périodes de faible demande et de les réinjecter dans le réseau en période de pic. «Les STEP ne produisent pas d’électricité renouvelable, mais elles jouent un rôle crucial dans la gestion des excédents et la stabilité du réseau», précise Bennouna.
Le projet de la STEP d’Abdelmoumen (350 MW), lancé en 2024, porte la capacité totale de stockage à 814 MW, en attendant l’ajout de 300 à 400 MW supplémentaires grâce à la future STEP d’El Menzel, dont trois groupements ont récemment été préqualifiés par l’ONEE pour sa construction. De plus, le réseau électrique se modernise grâce à des investissements massifs enregistrés en 2024 et qui se poursuivront à l’horizon 2030.
La ministre de la Transition énergétique, Leila Benali, a récemment annoncé un plan d’investissement de 30 milliards de dirhams pour moderniser le réseau électrique national de transport entre 2024 et 2030. Ce plan marque un tournant important, car pour la première fois, le secteur privé est invité à contribuer à ce financement. «Dans un pays aussi étendu que le Maroc, il est essentiel d’optimiser les flux d’énergie entre le nord et le sud, notamment avec l’émergence de deux pôles portuaires majeurs aux deux extrémités du pays ayant une région fortement énergivore entre les deux. Ceci pour dire que s’il vaut mieux préserver les finances publiques à d’autres financements (notamment celui de l’Etat social), le recours au secteur privé serait bénéfique», analyse le professeur Bennouna.
Une baisse marquée des émissions
En parallèle, le Royaume a considérablement réduit son intensité spécifique d’émissions de GES liées à la production électrique, atteignant 620 g CO2/kWh en 2024. Cette baisse, directement imputable à la diminution de la part des énergies fossiles dans le mix énergétique, revêt une importance stratégique. Elle permet aux entreprises marocaines exportant vers l’Union européenne d’éviter la taxe carbone d’importation. Elle améliore l’empreinte écologique des véhicules électriques au Maroc, moins polluants que les véhicules diesel.
Bien que le Maroc contribue faiblement aux émissions mondiales de GES, ces avancées renforcent sa crédibilité internationale et sa compétitivité économique. Avec ces avancées, le Royaume démontre qu’une transition énergétique réussie est non seulement possible, mais également bénéfique sur le plan économique et écologique.