Deux événements phares ont couronné un meeting organisé par l’association Wimen dans la soirée du vendredi 1er octobre.
L’événement, organisé par Wimen, association créée en 2018 par un collectif de femmes pour fédérer des dirigeantes des secteurs privé et public, a démarré par la tenue de son assemblée générale élective qui a connu la réélection, à l’unanimité, de Laila El Andaloussi, Dirigeante du Cabinet ABS Consulting, en tant que présidente de l’association en question.
A cette occasion, Laila El Andaloussi a mis en exergue l’importance du rôle de la société civile dans le but de renforcer l’inclusion de la femme à tous les niveaux des institutions et des entreprises. « Wimen vise à travers un vivier de modèles de réussite féminine, et un réseau professionnel de référence, à mobiliser et fédérer des personnalités de calibre autour d’un objectif commun d’empowerment de la femme marocaine », a-t-elle expliqué.
Ce vivier, selon la présidente de l’association, « va inspirer, contribuer à motiver, et accompagner dans l’acquisition du leadership pour encourager la femme marocaine à accéder à des postes de responsabilité dans l’entreprise ou à être actrice de son destin en entreprenant et donc à créer de la richesse ». En outre, et dans le cadre des perspectives d’avenir, l’association Wimen prévoit de soutenir la femme rurale à travers un projet intégré qui vise un soutien social et entrepreneurial, voire une facilitation de financement. « Car dans le monde rural, les normes patriarcales sont encore plus rigides. La femme travaille encore plus que l’homme, mais son travail n’est ni reconnu, ni comptabilisé, ni valorisé », déplore El Andaloussi, soulignant qu’« il est nécessaire de promouvoir une culture d'égalité des chances au niveau national et en particulier dans le monde rural pour renforcer un développement plus inclusif ».
Conférence : La place de la femme dans la vision du Nouveau Modèle de Développement
La conférence, présentée par le Professeur Raja Aghzadi, Chirurgienne praticienne, Présidente de "Cœur de femmes" et membre de la Commission Spéciale pour le Nouveau Modèle de Développement, autour du thème «place de la femme dans la vision du NMD », a été le deuxième événement phare de la soirée.
Pour le professeur Aghzadi, l’égalité entre femme et homme est un enjeu de développement avec des retombées économiques importantes. Le constat des plus palpables de nos jours, est que la femme est un levier puissant pour le développement d’un pays, « si toutefois on adopte une approche intégrée, à même de libérer les énergies et d’instaurer la confiance », insiste-t-elle, « tout en prenant en considération toutes les sensibilités de la société, à savoir notre histoire, notre patrimoine socioculturel, nos potentiels, notre géographie … ».
D’ailleurs, Laila El Andaloussi appuie ce constat. Pour elle, « renforcer la diversité du genre est un levier essentiel et un accélérateur de croissance et de développement durable ».
Dressant le tableau de la situation de la femme au Maroc, le Professeur Aghzadi a énuméré les progrès qu’a enregistrés le Royaume dans ce registre. Grâce à l’intérêt fort que porte Sa Majesté le Roi à la question, de nombreux changements positifs ont couronné la cause féminine, notamment la réforme du code de la famille en 2004 qui a induit plusieurs avancées et la constitution de 2011 qui renforce et appelle à la parité, et dont 18 dispositions plaident en faveur de l’égalité entre femme et homme. « Des zones d’ombre dans les textes législatifs restent néanmoins à éclaircir. Une loi claire sans ambigüité doit voir le jour », soulève Professeur Aghzadi.
Car malgré les avancées enregistrées, « le vécu de la femme au quotidien regorge de difficultés », déplore Aghzadi. Plusieurs indicateurs en témoignent, à savoir le taux de participation de la femme à l’économie qui a baissé àprès de 19%, les inégalités des salaires (la femme perçoit un salaire égalant 85% celui de l’homme), l’entreprenariat féminin qui ne dépasse pas 11% … et la liste n’est pas exhaustive, sans compter les violences domestiques, psychologiques, sexuelles…
« Il y a encore un gap important entre nos textes qui prônent l’égalité dans tous les domaines, et les pratiques imprégnées d’une culture à forte dominance patriarcale. D’ailleurs, le dernier rapport du HCP, publiée en 2020, dévoile que le taux de la population féminine active a reculé à 21% », confirme la présidente de Wimen.
Face à ce contexte, plusieurs recommandations ont été énoncées. Aghzadi insiste sur trois piliers prioritaires pour améliorer la situation de la femme, à savoir l’éducation, la santé et l’emploi. Aussi, un changement de mentalité est de mise, et ne peut se faire qu’en adoptant la scolarisation pour toutes et tous.
Aghzadi préconise l’éducation sexuelle comme partie intégrante du programme de scolarité, afin d’instaurer un modèle contre la violence, qui prône la parité, la mixité et la tolérance. « Les systèmes éducatifs et les média devraient accompagner le changement via une politique volontariste et intégrée », appuie El Andaloussi.
Enfin, au niveau de l’emploi, Aghzadi recommande d’abolir l’écart salarial et d’encourager l’entreprenariat féminin, sachant que plus 20% des ménages sont gérés par des femmes.
Moderniser notre arsenal juridique et assouplir les conditions et politiques de l’emploi féminin sont désormais incontournables. « Au niveau des entreprises en particulier, comme mis en œuvre dans d’autres pays, la situation pourrait s’améliorer si on instaure un dispositif d’information, d’évaluation et de contrôle des avancées relative à la mixité », explique la présidente de Wimen, Laila El Andaloussi.