ExxonMobil a-t-il trompé les investisseurs et délibérément sous-estimé les risques financiers liés au changement climatique? Un juge new-yorkais vient de donner son feu vert à un procès inédit sur cette question. La plainte avait été déposée en octobre 2018 par le procureur général de l'Etat de New York, au nom de millions d'investisseurs américains lésés par la fraude présumée de la compagnie, cotée au New York Stock Exchange, rapporte l'AFP.
Le juge Barry Ostrager, de la Cour suprême de l'Etat de New York, a rejeté d'ultimes motions mercredi soir et fixé l'ouverture du procès à mardi prochain. L'entreprise est notamment accusée d'avoir assuré aux investisseurs qu'elle avait intégré dans ses décisions l'augmentation prévisible du coût des émissions de gaz à effet de serre, alors que ce n'était pas le cas, selon le bureau du procureur.
Exxon aurait, selon lui, appliqué soit des coûts délibérément sous-estimés, soit pas de coûts du tout, évitant ainsi d'intégrer des "milliards de dollars" de coûts supplémentaires. Le géant énergétique aurait aussi trompé les investisseurs en assurant que ses activités seraient peu affectées au cas où les autorités décideraient de réduire drastiquement la production et la consommation de gaz et de pétrole pour limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°Celsius, comme le prévoit l'accord de Paris sur le climat.
Même s'il n'est pas directement attaqué, la plainte met nommément en cause l'ex-PDG de l'entreprise, Rex Tillerson, secrétaire d'Etat du gouvernement Trump jusqu'en mars 2018, qui "savait depuis des années que les affirmations de la société sur ces coûts étaient trompeuses".
L'Etat de New York ne cite dans sa plainte aucun montant de dommages-intérêts, mais demande à ce qu'ExxonMobil soit obligé de publier des informations rectifiées aux investisseurs et de rembourser les sommes indûment gagnées grâce à cette fraude.
Avec MAP