Les Marocains sont appelés à renforcer leur immunité collective face à la nouvelle vague de Covid-19 marquée par la hausse du nombre des cas d'infection, a affirmé le chercheur en politiques et systèmes de santé, Dr Tayeb Himdi.
"Le taux de positivité, qui était il y a six semaines de -1% est actuellement de 25%. Le taux de reproduction est lui aussi en hausse ainsi que le nombre de décès qui est passé d'un décès tous les 3 à 4 jours à 2 à 3 décès par jour", a expliqué Himdi.
Le chercheur a également précisé que "le service de réanimation était auparavant occupé de 0,2/0,3%, alors que nous dépassons actuellement les 2%", faisant savoir, toutefois, que l'impact de cette hausse sur les cas graves et les décès reste quand même "peu importante".
Cette hausse est due à un relâchement en ce qui concerne le respect des mesures barrières, aussi bien au Maroc qu’à travers le monde, a-t-il poursuivi, relevant que cette situation a engendré une baisse de l'immunité.
"La population marocaine bénéficie d'une immunité hybride, 2/3 des Marocains ayant reçu au moins 2 doses, et un Marocain sur 5 sa troisième dose", a noté Himdi, soulignant que l'immunité hybride "nous protège contre les formes graves" mais au fil du temps elle enregistre une baisse.
Dans ce sens, il a indiqué que depuis des semaines déjà, le Maroc fait face au variant BA.5 qui prend la place du BA.2, un variant beaucoup plus transmissible, puisqu’il a déclenché de grandes vagues d’infections sur son passage et ravivé les contaminations.
"Ce sous-variant présente les mêmes symptômes que ceux du variant delta, en plus de la diarrhée, des nausées, des vertiges et des vomissements", a-t-il ajouté, notant qu'il est également plus contagieux et bénéficie d’un échappement immunitaire : l’immunité acquise soit par le vaccin soit par la contamination est directement contourné par le BA.5.
Cependant, d'après Himdi la virulence reste jusqu'à présent inchangée. "Actuellement au Maroc, on atteindra le premier pic dans les jours à venir. Cette vague aurait deux pics : le premier pic serait atteint dans les 5-6 jours à venir, et serait porté essentiellement par le BA.2 et soutenu par le BA.5", a-t-il estimé.
"La situation se stabilisera mais quelques jours après Aïd Al-Adha, on aura une reprise qui sera portée par les activités de la fête, les déplacements et réunions familiaux, les voyages..., avec le variant BA.5 qui sera majoritaire dans les semaines à venir, et donc le deuxième pic sera plus important", a-t-il expliqué.
Sur ce registre, Himdi a indiqué qu'avec le variant BA.5, comme il est constaté dans d’autres pays, il n’est pas très inquiétant pour le système de santé malgré une hausse des cas graves et de décès, sauf pour les personnes vulnérables (plus de 60 ans) ou les personnes souffrant d’une maladie chronique ou qui ne sont pas bien protégées.
"Il suffit donc de respecter les mesures déjà en place telles que la vaccination, le port du masque, les gestes barrières, tout en évitant les grands rassemblements", a-t-il insisté. Himdi a soutenu que la 3ème dose (dose booster) est très importante, car pour les personnes "très" vulnérables (80 ans et plus ou personnes ayant reçu une greffe ou qui font de la dialyse) deux doses ne sont pas suffisantes pour éviter la réanimation ou même le décès.
Et de conclure que les premiers jours du mois d'août seront marqués par une baisse des cas dus à cette vague, soulignant l'importance du port du masque pour toutes les personnes afin de se protéger de manière solidaire.