L'émissaire personnel du Secrétaire général des Nations unies, le diplomate italo-suédois, Staffan de Mistura, a séjourné dans le Royaume depuis samedi 2 juillet. Il a rencontré mardi 5 juillet le ministre des Affaire étrangères, Nasser Bourita. Les entretiens en présence de l'Ambassadeur du Royaume auprès de l'ONU, Omar Hilale, ont fait l'objet d'un communiqué de ce département. Ce texte réitère la position marocaine sur les constantes marocaines réaffirmées par SM le Roi pour «une solution politique, basée exclusivement sur l’initiative marocaine d'autonomie, dans le cadre de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Royaume»; l'attachement aussi «au processus politique des tables rondes, conformément à la résolution 2602», qui appelle à parvenir à une solution politique «réaliste, pragmatique, durable, basée sur le compromis au différend régional sur le Sahara marocain».
C'est le Maroc qui a la main...
C'est là, la première réaction officielle à cette visite. Certains se sont étonnés que la diplomatie marocaine ne fasse pas état auparavant de ce séjour alors que le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, avait annoncé vendredi dernier que ce représentant onusien allait se rendre samedi au Maroc et qu'il visitera aussi pour la première fois les provinces sahariennes, à Laâyoune, sans préciser la poursuite de la visite à Tindouf, Alger et Nouakchott. Pour le Maroc, il s'agit d'une communication maîtrisée, faisant sens : «Le dossier national n'est pas rythmé par ce qui est onusien et partant par le calendrier de cet émissaire. Son séjour n'est pas un évènement en soi. Ce qui prime c'est la mobilisation et la nouvelle dynamique de la diplomatie lancée et soutenue activement par SM le Roi». L'on souligne que le Maroc a la main entière sur la conduite et les avancées de la cause nationale». Celles-ci impriment la marche avec des initiatives et des décisions nouvelles». Rabat n'évacue pas pour autant le traitement de la question nationale par l’ONU, mais sans la surdimensionner; c’est au Maroc que les termes de ce dossier sont priorisés et pas tellement à New York au siège des Nations unies. Respectueux des résolutions du Conseil de sécurité, le Royaume reste attaché à l'application des résolutions du Conseil de sécurité, mais en même temps il consolide ses positions diplomatiques. Celles-ci sont par les nouvelles positions de puissances influentes ainsi que par l'ouverture de pas moins de 27 consulats généraux à Dakhla et à Laâyoune.
Nouvelles données
Sur ces bases-là, la position du Maroc est davantage confortée aussi au Conseil de sécurité. La France de Macron reste -encore ? - dans l'ambiguité; et le refroidissement persistant entre Rabat et Paris depuis la fin 2020 au moins ne paraît pas pousser à un réchauffement. La diplomatie française est décalée par rapport à celle d'autres pays membres de l'UE ou non (Allemagne, Espagne, Pays-Bas, Hongrie, Croatie…). Le Royaume-Uni, membre du Conseil de sécurité qui a quitté l'UE avec le Brexit, a depuis sensiblement amélioré ses relations avec le Royaume et ne peut pas à terme ignorer la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara marocain ainsi que les nouvelles données qui entourent l’appréhension de cette question nationale. De plus, la nouvelle composition du Conseil de sécurité depuis le 1er janvier voit le Maroc bénéficier davantage de soutien avec l'élection de nouveaux membres. Le Gabon et les Emirats Arabes Unis sont favorables depuis toujours à la cause marocaine. Le Ghana appuie lui aussi le processus onusien comme seul cadre pertinent, comme l’avait décidé la résolution 693 du Sommet de Nouakchott en juillet 2018. L’Albanie et le Brésil sont également dans cette même ligne. Quant à l’Inde, elle a retiré sa reconnaissance à la prétendue «RASD» en 2.000 - sa neutralité, sous une forme ou une autre, est à prendre en compte et ne sera pas en dernière instance négative pour le Maroc.
Sur le changement apporté à la visite de l'émissaire onusien qui a décidé l’annulation de sa visite à Laâyoune, c'est à son initiative, une fois sur place dans la capitale du Royaume. Contrairement à la propagande du mouvement séparatiste relayée par l'agence officielle algérienne (APS), elle ne peut être imputée au Maroc. Elle n'est ni l'expression d'obstruction ni de tergiversations; pas davantage n'ont été posées des conditions préalables à ce déplacement. Elle lui appartient seul, en toute connaissance de cause. Sans doute qu'elle ne serait utile que si le processus de négociation était d'abord mis sur les rails. D'ailleurs, le communiqué de l'ONU se borne à faire état du report de celle - ci sans remettre en cause de quelque manière que soit les autorités marocaines.
L'Algérie au ban des Nations unies
La détérioration des relations entre Alger et Madrid depuis près de quatre mois a établi de manière éclatante l'implication de ce pays. Il a voulu ainsi sanctionner la nouvelle position de l’Espagne sur la question nationale, une décision prise en toute souveraineté.
Ce qui est à l'ordre du jour, c'est la relance du processus de négociation. Staffan de Mistura a été chargé de s'y atteler dès sa nomination le 1er novembre dernier. Sur la table, qu'y a-t-il ? Deux tables-rondes, l’une en décembre 2018 et l’autre en mars 2019 en Suisse. C'était la procédure finalement retenue par l'ex-envoyé personnel de l'ONU, Horst Köhler. Il était prévu d'ailleurs une troisième table-ronde au début de l'été 2019, mais Köhler a démissionné bien avant le 22 mai pour des «raisons de santé».
Bien avant le débat sur la question nationale, programmée pour le mois d'octobre 2021, l'Algérie avait alors exprimé à maintes reprises son désaccord à propos de ce format des tables-rondes. Elle invoque que cette formule est contre-productive (on se demande pourquoi ?)- frappée même d’«obsolescence»; et qu'il faut des négociations directes entre Rabat et le mouvement séparatiste. Le président Tebboune est même allé jusqu'à proposer que celles-ci aient lieu à ...Alger ! Il faut rappeler l'inconséquence de la diplomatie officielle de l'Algérie. Qui a dirigé la délégation de ce pays à la première table en Suisse ? Abdelkader Messahel, ministre des Affaires étrangères. Mieux : qui était à la tête de la délégation de son pays à la seconde table-ronde ? Ramtane Lamamra, alors vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères - il est aujourd'hui encore en charge de la diplomatie de son pays. Alors ?
Une impasse totale donc. Le boycott des tables-rondes par l'Algérie mène ce pays à quoi ? Elle est responsable et partie prenante dans le conflit artificiel. Ce faisant, elle bloque un processus consacré et soutenu par le Conseil de sécurité - une obstruction qui ne manquera pas d'établir sa responsabilité devant la communauté internationale et de jeter de nouveau, si besoin était, une lumière crue sur ses actes et ses profonds desseins. Elle prend le risque d'une violation patente des résolutions du Conseil de sécurité; elle qui tient un discours continu sur le respect des décisions de l'organisation mondiale et de ses résolutions pertinentes. Un paradoxe : le secrétaire général de l'ONU peut attester de toutes les missives qu'Alger lui a adressées précisément sur la nécessité de la reprise du processus politique de négociation. Elle a aussi multiplié les démarches de pression sur les membres du Conseil de sécurité pour la nomination dans les meilleurs délais d'un envoyé personnel.
Qu'escompte alors aujourd'hui l'Algérie en bloquant ce processus ? Elle a décidé du non-respect du cessez-le-feu de septembre 1991 par le mouvement séparatiste depuis les mesures de déblocage du transport routier du Maroc à Guergarat, en novembre 2020. Elle n’a pas de «Plan B» de substitution : elle s'enfonce dans un entêtement qui ne peut rien donner, sinon la mettre au ban des pays hors des exigences des principes et des décisions des Nations unies. Il faudra bien que le Conseil de sécurité en tire les conséquences les plus opératoires. Comment ? En se penchant sur les nouvelles conditions et les modalités d'applicabilité de la proposition marocaine d'autonomie. Sans l’Algérie…