Rentrée 2017-2018 : Premier examen de Hassad

Rentrée 2017-2018 : Premier examen de Hassad

 

Depuis qu’il a été nommé à la tête du ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mohamed Hassad a rapidement marqué son territoire, multipliant les décisions en perspective de cette rentrée. Nous y voilà !

 

 

Depuis sa nomination, le 5 avril dernier, Mohamed Hassad a multiplié les actions et les sorties publiques pour annoncer la couleur… de ce que sera cette rentrée scolaire qui concerne pas moins de 6 millions d’élèves sur tout le territoire national.

Il mène d’une main de fer la mise en œuvre de la réforme du système éducatif. Cette nouvelle «vague» de réformes place l’école au centre des préoccupations, notamment en fixant le curseur sur cinq principales composantes que sont : l’élève, l’enseignant, l’administration, la famille et les espaces et équipements.

Concrètement, le plan d’action initial relatif à la rentrée scolaire 2017-2018 s’attaque à l’épineuse question du «surpeuplement» des classes, ainsi que la réhabilitation des espaces scolaires, pour améliorer les conditions d’accueil des élèves. Hassad veut également un retour à l’ordre et à la discipline sur tous les niveaux du système de l’éducation et de la formation.

Afin de limiter l’encombrement au niveau des classes, le ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle et de la Recherche scientifique, a fait savoir dans une note rendue publique que 24.000 professeurs seront recrutés et que le nombre d’élèves ne dépassera pas 40 par classe en général, mais sera réduit à 30 élèves au niveau du primaire.

Par ailleurs, quelque 8.000 cadres administratifs et techniques seront recrutés par contrat par les académies régionales de l’éducation et de la formation, outre l’élargissement de l’offre scolaire à travers la création de 55 établissements.

 

Rien remarqué !

 

Les enseignants, eux, sont d’un tout autre avis concernant cette rentrée. C’est quelque peu normal lorsqu’on sait qu’ils subissent, à chaque changement à la tête du ministère, une vague d’actions qui n’est jamais menée jusqu’au bout… Ils sont en première ligne d’une réforme subie et non concertée.

Pour l’instant, en dehors des écoles repeintes, pas de gros changements pour cette rentrée scolaire ! C’est la remarque qui émane d’enseignants contactés par nos soins. Mais ce qui les inquiète le plus, ce sont les élèves eux-mêmes qui ne sont pas au rendez-vous :

«Au collège où je travaille, beaucoup d’élèves n’ont pas encore regagné les classes faute d’inscription. Les listes des élèves promettent des classes avec des effectifs supérieurs à 45 et les tableaux n’ont pas été changés contrairement à ce qui a été annoncé. Quant aux emplois du temps des profs de certaines matières, ce sont 24 heures de travail par semaine, ce qui promet une rentrée corsée !».

Le changement de programmes déroute également les enseignants qui marqueront d’un temps d’adaptation afin de mieux préparer leurs cours.

«Nous prendrons connaissance des changements en la matière en même temps que les élèves et nous essayerons de nous adapter au mieux à un changement de plus. Or, pour transmettre le savoir, cela nécessite une véritable pédagogie, ce qui aurait dû motiver une véritable initiation du corps enseignant aux changements induits par la révision des manuels», nous affirme-t-on.

Pour un cadre administratif, la discipline que veut instaurer Hassad ne peut se faire par un coup de baguette (bâton ?) magique. «La décision d’opérer des recrutements d’enseignants et de cadres est louable dans la mesure où cela permettra un meilleur encadrement et une meilleure réponse aux demandes et attentes aussi bien des élèves, leurs parents que les enseignants. Dans l’état actuel des choses, et avec les moyens de bord, nous assurons le service minimum. Nous avons des espaces dédiés à la lecture et aux activités parascolaires, mais comme nous sommes en sous-effectifs, il nous est impossible de programmer des activités culturelles pour nos élèves. Les enseignants, tenus par des emplois du temps chargés en plus des cours de soutien scolaire gratuits qu’ils accordent aux élèves, ne peuvent pas donner un coup de main. L’administration est également en sous-effectif : elle ne peut sacrifier son travail de base au profit d’activités qui peuvent sembler secondaires, mais ô combien nécessaires pour le développement et l’émancipation des élèves. Je salue au passage le sacrifice de la famille de l’enseignement public qui continue d’y croire et qui bataille chaque jour pour assurer ce service aux Marocains, malgré toutes les entraves et toute l’ingratitude de ce métier».

Une famille qui n’est pas au bout de ses surprises, puisque le Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, a mis en avant «la détermination du gouvernement à adopter d’autres mesures importantes afin de donner une forte impulsion à l’enseignement», notant que le gouvernement s’attèle désormais à l'élaboration d’une loi cadre pour la mise en œuvre de la vision stratégique de la réforme du système de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique. Une loi qui constituera, selon lui, une feuille de route dans le processus de réforme et de développement de l’enseignement.

Une chose est sûre, cet ascenseur social qu’est l’école publique, souffre de gros problèmes auxquels il faut remédier pour donner aux nouvelles générations des chances égales aux autres élèves nantis, d’accéder au savoir et recevoir un enseignement de qualité leur ouvrant les voies d’un avenir meilleur. ■

 

 

I. Bouhrara

 

 

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