◆ L’Alliance des économistes istiqlaliens est amère face aux réalisations économiques et sociales du gouvernement.
◆ Elle l’appelle à inscrire dans la Loi de Finances 2020 les premiers changements en faveur d’une relance économique.
Par : David William
La réduction des inégalités et des disparités sociales et spatiales, une meilleure répartition des richesses, une croissance plus solide et plus inclusive… : ce sont, entre autres, les grands défis du Maroc moderne. Des défis qui devront être relevés à travers le nouveau modèle de développement préconisé par le Roi. D’ailleurs, dans son dernier discours prononcé le 20 août, le Souverain n’a pas dit autre chose. Selon lui «(...) le renouvellement du modèle de développement, ainsi que les projets et les programmes lancés sous notre impulsion, visent à faire avancer le Maroc sur la voie du progrès, à améliorer les conditions de vie de ses citoyens, à réduire les inégalités sociales et spatiales».
Le cadre dans lequel devra s’inscrire la nouvelle trajectoire de l’économie marocaine étant posé, il revient donc à ceux en charge des affaires du Royaume de donner le tempo. Et, sans aucun doute, la Loi de Finances 2020 pourrait constituer un marqueur important dans ce nouveau tournant.
L’opposition affûte déjà ses armes. Trois semaines après que le gouvernement a publié les grandes lignes du projet de Loi Finances 2020 (ww.fnh.ma), le parti de l’Istiqlal est ainsi monté au créneau. Dans une note qu’elle vient de rendre publique, l’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI) est en effet amère, fustigeant tout d’abord les réalisations économiques et sociales qui «s’écartent de la trajectoire d’objectifs déclarés par le gouvernement». Sont notamment pointés du doigt la croissance économique, loin des «5,5% fixés à l’horizon 2021 avec 4,10% en 2017, 3% en 2018, 2,7% estimés pour 2019 et 3,4% prévus pour 2020 selon le HCP» et le taux de chômage autour de 10% contre «8,5% promis par le gouvernement». L’AEI déplore également le niveau du déficit budgétaire qui «dépasse le taux annoncé de 3% pour atteindre 3,5% du PIB en 2017 et 3,7% en 2018. Après privatisation, il est estimé à 3,6% du PIB en 2019 et prévu à 3,5% en 2020».
Sur la base de ces constats, l’Alliance exhorte le gouvernement «à inscrire, d’ores et déjà, dans la Loi de Finances 2020, les premiers changements de ses politiques économique et monétaire, ainsi que ses instruments budgétaires, en faveur d’une relance économique, perceptible par les ménages et les entreprises, et permettant de renforcer la confiance nécessaire au déploiement réussi de notre modèle de développement».
Pour l’AEI, il s’agit notamment de rétablir la confiance des opérateurs économiques, «condition sine qua non pour retrouver une croissance soutenue, durable et génératrice d’emplois», réduire les inégalités spatiales au profit du monde rural, mais également d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages et d’élargir la classe moyenne. C’est pourquoi elle propose des augmentations de salaires couplées à un allégement des dépenses incontournables des ménages, à travers plusieurs mécanismes (voir encadré).
Les Istiqlaliens plaident également pour ériger les réformes de l’éducation et de la santé et la réduction des disparités territoriales en priorité. Sur ce dernier point, «les chantiers de la régionalisation avancée, de déconcentration administrative et de déploiement de la réforme des CRI doivent être accélérés et dotés des moyens humains et financiers nécessaires pour répondre aux attentes des populations et aux exigences des entreprises», note l’Alliance. Pour qui d’ailleurs «il est temps d’opérationnaliser les deux Fonds de soutien étatiques aux régions (Fonds de solidarité interrégionale et Fonds de mise à niveau sociale)».
Parallèlement, le PI invite le gouvernement à revoir sa copie en termes de politique budgétaire. Histoire de «passer d’une logique de moyens utilisés à une logique d’objectifs et de résultats réalisés», mais aussi de «sortir de la logique de saupoudrage et adopter un meilleur ciblage dans l’octroi des dépenses fiscales, des aides foncières et des subventions budgétaires».
Bref, le PI espère que la Loi de Finances 2020 amorce les principaux changements nécessaires à la relance attendue.
Entre les attentes de l’opposition et celles du patronat, il faudra à l’évidence beaucoup de dextérité au gouvernement pour créer un consensus autour du Budget 2020.