La gauche se démarque par des mesures plus courageuses, appelant à plus de parité à l'inverse d’une droite qui noie les mesures dédiées à la femme dans le volet purement social. Tour d’horizon.
La femme marocaine a (est ?) toujours été le parent pauvre d’une scène politique un brin machiste. Il faut se fier aux programmes électoraux, pour le savoir, bien que les promesses, surtout électorales, n’engagent que ceux qui y croient. L’une des formations politiques qui se démarquent en la matière est le Front de la gauche démocratique (FGD) qui n’exige pas moins que «le respect intégral des conventions internationales sur le sujet, sans avancer de spécificité marocaine. Nous sommes pour une égalité complète des sexes», explique Abdullah Abaakil, candidat FGD dans la circonscription de Casa-Anfa. En termes de nombre de propositions, l’USFP est certainement le parti qui a consacré une large place, par rapport aux autres partis, à la femme en tant que citoyenne et non pas à travers des mesures sociales dédiées plus à la famille. Plus de vingt propositions ont renforcé le programme de ce parti, notamment l’élaboration de mécanismes appropriés pour asseoir l’équité politique, économique et sociale en faveur des femmes à travers la mise en œuvre positive des dispositions constitutionnelles, le bannissement de toutes les formes de discrimination et l’encouragement de la participation des femmes dans tous les domaines sociétaux. Aussi, l’USFP promet-il de renforcer la représentativité des femmes dans les sphères de prise de décision politique et économique, conformément aux dispositions de la «ségrégation positive» qu’il convient d’adopter en tant que mécanisme visant à corriger les situations de ségrégation imposées à la femme pour des motifs socioculturels. Le parti de la rose va jusqu’à proposer la pénalisation de la ségrégation en matière de salaire entre les travailleuses et les travailleurs dans le secteur privé et l’adoption de mécanismes spécifiques à cela en matière d’inspection du travail, en intensifiant, par ailleurs, la lutte contre le travail des filles mineures. La gauche semble plus encline à proposer des mesures en faveur de la parité. C'est le cas aussi du PPS, qui plaide en faveur de la scolarité des petites filles, l’autoemploi féminin, le renforcement de l’intégration économique des femmes, la féminisation progressive de certains corps de métiers majoritairement investis par les hommes et la lutte contre les formes de discrimination basée sur le genre.
La droite et le centre plus réservés
Assurer l’égalité et la parité hommes-femmes pour lutter contre toutes les formes de discrimination semble être les motsclés du parti de l’Istiqlal dans son volet consacré à la femme. Force est de reconnaître que c’est un petit volet d’une dizaine de mesures dans un programme qui compte 90 objectifs, 556 mesures et 64 engagements… comme l’a recensé Khadija Idrissi Janati, membre du Conseil national du RNI, qui a élaboré un comparatif entre les différents programmes de partis en matière de promotion des droits de la femme et de la parité.
Le PI préconise, entre autres, l’institutionnalisation de l’égalité et de la parité hommes-femmes dans les politiques publiques et le déploiement de l’instance pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Le parti promet une dynamisation de l’instance pour la parité afin qu’elle remplisse ses fonctions, et une généralisation de l’intégration de l’approche genre dans les politiques nationales et la mise en place d’un dispositif statistique et de connaissances à travers des indicateurs à portée sociale, axés sur les droits des femmes et comptant la dimension territoriale. La seule mesure chiffrée du parti de la balance est celle relative à la représentation de la femme dans les institutions élues ou soumises aux nominations. Les mesures du PI en la matière semblent également animées par le souci d’apporter du concret en matière de lutte contre les violences faites aux femmes. Autre parti très attendu et très décrié aussi sur la question de la femme, le PJD, aux commandes depuis cinq ans. Le parti attaché à son référentiel a préféré élaborer des mesures à connotation plus sociale que basées sur le genre. Le parti de la lampe s’engage dans son programme à renforcer la scolarisation des jeunes filles en milieu rural, mettre en place des budgets autonomes pour aider à l´approche genre dans les établissements scolaires ruraux… Aussi, le PJD érige-t-il en priorité la santé de la mère et de l´enfant par la mise à niveau des espaces d´accouchement en zones rurales, la création de pôles sanitaires régionaux d´excellence et la mise en place d´un système de suivi national de la santé de la mère. Clin d’œil aussi aux associations féminines qui n’ont en rien ménagé le Chef du gouvernement lorsque ce dernier a qualifié la femme de lustre. Le PJD propose ainsi de conférer un statut spécial aux grandes associations féminines afin qu´elles bénéficient de facilités fiscales. Enfin, sous le volet justice sociale, on retrouve pêle-mêle des mesures allant du congé de maternité à l’autonomisation économique des femmes… mais pas un mot sur la parité ou l’égalité.
Le PAM se démarque
Le parti du tracteur a fait le pari de proposer une liste de jeunes entièrement feminine ou presque. Le seul jeune homme qui y figure, l’est pour des raisons purement administratives. En termes de mesures concrètes proposées par le PAM, figure la réforme du Code de la famille dans un sens plus favorable aux femmes et à l’égalité des genres. Aussi, le parti promet une réforme du Code de la nationalité dans le dessein de garantir le droit de la femme marocaine à transmettre sa nationalité à son époux. Dans le cadre de la reddition des comptes, le parti propose une mesure qui instaure un rapport annuel sur les efforts déployés aux fins de la parité des genres au sein de l’administration, des établissements et entreprises publics. En matière de promotion sociale, le PAM promet d’œuvrer à une reconnaissance des femmes en tant qu’ayants droit aux terres collectives sur un même pied d’égalité que les hommes. Enfin, le parti propose la suppression de toutes les mesures de discrimination directe ou indirecte en matière de régime de la Sécurité sociale.
l. Bouhrara
RNI, le grand absent
Le parti de la colombe s’est démarqué lors de ces législatives par le programme le plus maigre en termes de propositions à même de promouvoir les droits des femmes. La femme est cantonnée dans deux orphelines lignes dans tout le programme du parti. Il s’agit des terres collectives, avec une proposition d’intégrer les femmes dans les listes des ayants droit. De même que le parti dirigé par Salaheddine Mezouar propose une application stricte des lois incriminant le harcèlement et la violence contre les femmes. Autant dire que la femme est le cadet des soucis de ce parti qui, paradoxalement, comporte un nombre important de militantes politiques. Quelle frustration !