C’est l’une des plus graves crises touchant les pays du Conseil de Coopération du Golfe depuis sa création en 1981. 3 pays du CCG, à savoir l’Arabie Saoudite, les Emirats-arabes-unis, Bahreïn, auxquels s’ajoute l’Egypte, ont annoncé la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar.
Ryad, Le Caire, Abou Dhabi et Manama ont rompu lundi avec le Qatar, accusé de soutenir le «terrorisme», y compris Al-Qaïda, le groupe Etat islamique (EI) et la confrérie des Frères musulmans.
Cette décision intervient 15 jours après un voyage de Donald Trump à Riyad qui avait exhorté les pays musulmans à se mobiliser contre l'extrémisme, dont l’Iran, le rival numéro 1 de l’Arabie Saoudite serait le sponsor, de la Syrie au Yémen, en passant par la bande de Gaza.
La dépêche qui déclenche tout
Tout se serait enclenché le 24 mai, lorsqu’une dépêche de l’agence de presse officielle du Qatar attribue à l’Emir Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani (photos) des déclarations critiques envers la montée du sentiment anti-iranien. Parmi les autres sujets cités par cette dépêche figurent le Hezbollah, le Hamas et les Frères musulmans.
Des propos que des médias du Golfe se sont empressés de relayer, malgré les démentis de Doha qui ouvre une enquête et qui annonce que son agence de presse a été piratée par une entité inconnue. Quelques jours avant, le Qatar se disait victime d'une campagne mensongère qui l'accuse de soutien au terrorisme.
Le lendemain, le 25, le ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, dénonce «une campagne médiatique hostile à l'Etat du Qatar» à laquelle, dit-il, l'émirat «fera face».
Trop tard, le mal et fait, et les événements vont s’enchainer, isolant le Qatar. Le 28 mai, le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash affirme que les monarchies du Golfe «traversent une nouvelle crise aiguë» et il somme le Qatar, sans le nommer, de «changer d'attitude et de rétablir la confiance et la transparence».
Le 2 juin, une source officielle à Doha indique que des enquêteurs du FBI américain aident le Qatar à déterminer l'origine d'un «piratage» présumé de son agence de presse officielle. Le 5, l'Arabie saoudite, les Emirats, Bahreïn et l'Egypte rompent leurs relations diplomatiques avec le Qatar, ouvertement accusé de soutenir «le terrorisme».
Le Yémen aussi
Ce lundi, le Yémen, ainsi que la Libye, emboitent le pas aux quatre pays précités dans leur condamnation du Qatar. Le gouvernement yéménite a annoncé en effet la rupture des relations diplomatiques avec le Qatar, membre de la coalition militaire arabe intervenant au Yémen, en l'accusant de liens avec les rebelles Houthis (pro-Iranien) et de soutien aux groupes terroristes. Dans un communiqué, le gouvernement du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi dénonce le Qatar pays pour «ses exactions, ses liens avec les milices des comploteurs (rebelles Houthis) et son soutien aux groupes extrémistes», en l'occurrence Al-Qaïda et le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» (EI/Daech), fortement implantés au Yémen.
Ce qui signifie concrètement la rupture
Les conséquences de cette rupture diplomatique sont immédiates et tendent à isoler le Qatar de ses voisins.
Les mesures suivantes entreront en vigueur dans les tous prochains jours :
La réaction du Qatar
Le Qatar a dit regretter la décision lundi de trois de ses voisins du Golfe ainsi que de l'Egypte de rompre leurs relations diplomatiques avec l'émirat qu'ils accusent de soutien au terrorisme, rapporte la chaîne de télévision qatarie Al Jazira.
Cette mesure est injustifiée et fondée sur des affirmations et des allégations qui ne reposent sur aucune base factuelle», précise la chaîne citant le ministère qatari des Affaires étrangères.
La Bourse de Doha a clôturé en baisse de 7,58% tandis que des habitants de la capitale se sont rués sur les produits alimentaires dans les supermarchés selon le site en ligne Doha News.