Parlons sahara :Il y a 39 ans, ce 14 novembre 1975

Parlons sahara :Il y a 39 ans, ce 14 novembre 1975

Les événements qui commémorent le retour du Sahara au Maroc s’enchaînent en ce mois de novembre. Ce jeudi 14 novembre, le Maroc célèbre le 39ème anniversaire de l’Accord tripartite de Madrid.

Pourquoi l’accord tripartite ? Que représente-t-il aux yeux des jeunes générations, nées au lendemain du 14 novembre 1975? La Marche verte venait d’atteindre ses objectifs fixés par le Roi Hassan II le 9 novembre de cette année que Maroc, Espagne et Mauritanie s’apprêtaient à mettre un terme à la présence de l’Espagne au Sahara, par l’accord de Madrid qui constituait en fait une décolonisation du territoire en bonne et due forme.

L’Espagne cédait ainsi le territoire à la fois au Maroc et à la Mauritanie, seuls pays qui le revendiquaient et uniques ayants droit. L’accord de Madrid sanctionnait pour ainsi dire quatre semaines de mouvement et une course diplomatique entre Marrakech, Agadir et Madrid – sur fond d’une irrésistible agonie du général demeuré jusqu’au dernier souffle opposé à la libération du Sahara. L’accord de Madrid restituait les provinces de Tiris al-Gharbia, la Saguiet al-hamra au Maroc et l’extrême Sud, Oued Eddahab à la Mauritanie qui, malmenée pendant quatre ans par le polisario, le cédera au Maroc le 14 août 1979.

L’accord de Madrid constituait également le résultat d’une âpre négociation entre le Maroc, la Mauritanie et l’Espagne, menée dans la discrétion, certes, mais dans la plus grande effervescence pour déjouer les complots que le gouvernement algérien, en pleine collusion avec les franquistes, ourdissait contre ce processus de libération. Les signataires et les négociateurs menaient les pourparlers à Madrid et prenaient de court à la fois le président algérien, Houari Boumediene, et le secrétaire général des Nations Unies, Kurt Waldheim, qui, par une duplicité avérée, s’opposait à la Marche verte une semaine avant et à la négociation directe entre les parties concernées : Maroc, Mauritanie et Espagne.

Jusque-là, le gouvernement algérien se proclamait «partie intéressée» ! Bel euphémisme ! En vérité, au lendemain de la proclamation de l’Accord de Madrid, l’Algérie a déclaré ses hostilités, et reniant ses engagements, était devenue tout simplement l’ennemie déclarée du retour du Sahara à ses ayants droit. Et d’intéressée, elle était devenue impliquée, le soutien explicite du polisario, son encadreur et son bras armé…Il convient de rappeler que l’Algérie n’avait cessé de revendiquer et défendre le principe de «l’autodétermination du peuple sahraoui» qu’elle a colporté des décennies durant dans les enceintes internationales, à l’ONU comme à l’OUA et l’UA. Ses dirigeants ne se sont jamais sentis en contradiction avec eux-mêmes en invoquant ce beau principe, alors qu’ils avaient en 1961-1962 négocié directement le retour du Sahara algérien avec la puissance occupante de l’époque, la France…

Le Sahara algérien avait été rétrocédé en juillet par la France à l’Algérie indépendante suite à une longue négociation, menée laborieusement à Meudon, ensuite à Aix-les-Bains par les représentants français et ceux du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Cette libération constituait un exemple de décolonisation de «jure» et de «facto» aux yeux des Nations Unies…Pourquoi en revanche, ce qui était considéré comme un accord normatif de décolonisation en 1962, ne pouvait l’être en novembre 1975, dès lors qu’il s’agissait du Maroc, de la Mauritanie et de l’Espagne ? 

 

La charte des Nations Unies ne prescrit-elle pas une clause qui souligne une préférence proclamée pour le règlement des conflits directement entre les parties concernées dans un esprit de bonne volonté qui agrée à la communauté internationale ? A Madrid, ce 14 novembre 1975 ne s’agissait-il pas d’une décolonisation dûment menée entre une puissance occupante et des pays anciennement colonisés ? 

 

Par Hassan Alaoui

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